Bouquets et prières/Fête d’une ville de Flandre

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FÊTE D’UNE VILLE DE FLANDRE


Pour Philippe-le-Bon.



C’est demain qu’une ville aimée,
Aimante et joyeuse, et charmée,
Tout en fête s’éveillera ;
C’est demain que fifres et danse, ;
Parcourant le sol en cadence,
Riront au peuple, qui rira !


De fleurs et de chants couronnée,
Levez-vous donc, belle journée,
Pour bénir mon premier séjour :
Que dans vos heures sans alarme,
Il ne tombe pas une larme
Sur la Flandre, ma sainte amour !

Que nul serpent n’y souille l’herbe ;
Que l’humble épi s’y lève en gerbe ;
Comme on le voyait au vieux temps ;
Que les chaînes en soient bannies,
Que les mères y soient bénies ;
Que les pauvres y soient contens !

Répondez, cloches bondissantes,
Aux fanfares retentissantes,
Chantant gloire et patrie en chœur
Promenez vos belles volées,
Et de vos hymnes redoublées,
De ma Flandre égayez le cœur !


Ainsi que les ondes accrues ;
Enfans qui remplissez les rues,
N’est-ce pas que c’est doux à voir ?
Ouvrez vos yeux et vos oreilles,
Du jour contemplez les merveilles,
Pour nous les raconter le soir.

Entrez, hameau, bourg et village :
Par ces grands tableaux du vieil âge,
Vous le voyez, ô bonnes gens,
Si notre Philippe est encore
Couronné d’un nom qu’on adore,
C’est qu’il aimait les indigens !

Mais d’où vient que mon âme pleure
Sur le clocher où chante l’heure,
Et sonne aux autres un beau jour ?
Non, dans ses fêtes sans alarme,
Qu’il ne tombe pas une larme
Sur la Flandre, ma sainte amour !


Mon père a chanté dans l’espace ;
Où son ombre a passé, je passe,
Comme lui priant et chantant :
L’orgue ainsi lève sa prière,
Attendrissant la nef entière ;
L’orgue est triste ; il chante pourtant !