Bouquets et prières/Au Livre des Consolations

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AU LIVRE DES CONSOLATIONS

par m. sainte beuve.


Quand je touche rêveuse à ces feuilles sonores
D’où montent les parfums des divines amphores,
Prise par tout mon corps d’un long tressaillement,
Je m’incline, et j’écoute avec saisissement.

Ô fièvre poétique ! ô sainte maladie !
Ô jeunesse éternelle ! ô vaste mélodie !

Voix limpide et profonde ! Invisible instrument !
Nid d’abeille enfermé dans un livre charmant !

Trésor tombé des mains du meilleur de mes frères !
Doux Memnon ! Chaste ami de mes tendres misères,
Chantez, nourrissez-moi d’impérissable miel :

Car je suis indigente à me nourrir moi-même !
Source fraîche, ouvrez-vous à ma douleur suprême,
Et m’aidez, par ce monde, à retrouver mon ciel !