Bouquets et prières/À une belle Marie

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À UNE BELLE MARIE.


L’Ange nu du berceau qui l’appela Marie,
Dit : « Tu vivras d’amère et divine douleur ;
Puis tu nous reviendras toute pure et guérie,
Si la grâce à genoux désarme le malheur.

Tu n’entendras long-temps que mes ailes craintives
S’ébruiter sur ton sort où j’écris : Aime et crois !
La terre aura pour toi des musiques plaintives,
Et pour ton front rêveur l’oreiller de la croix.


Tu traverseras seule un brûlant purgatoire ;
Tes blonds cheveux souvent ruisselleront de pleurs :
Mais sous les longs rideaux du fervent oratoire,
Pour te garder à Dieu j’aviverai des fleurs.

Va : rien n’étonnera ta jeune âme royale,
Tant tu te souviendras de ta maison des cieux ;
Et, comme Alice, au seuil de l’ogive infernale,
Le bandeau des enfans s’étendra sur tes yeux.

Je ne m’éloigne pas : je me tiens à distance,
Épiant, ô ma sœur ! tes pieds blancs et mortels,
Quand tu m’appelleras de ta plus vive instance,
Je t’aiderai, Marie, au retour des autels. »