Bouquet spirituel offert aux âmes religieuses

Gerhard Tersteegen Bouquet spirituel, offert aux âmes religieuses

Bouquet spirituel offert aux âmes religieuses



Un petit enfant.

Ah ! si déjà l’on devenait,
Comme un enfant, sur cette terre,
Le paradis on goûterait,
Et la paix, au sein de la guerre.

Humble et soumis est un enfant ;
Son petit cœur est doux et calme.
Sa mère, donne, il est content ;
L’aigreur n’entre point dans son âme.

On le lève, on le met au lit,
On l’emmaillote, on le délie,
Toujours doucement il sourit ;
En sa maman il se confie.

On l’oublie, eh bien ! il attend ;
Tranquille, dans son innocence,
Au mal jamais rien ne comprend :
Le péché n’est point sa science.

Ni des plaisirs, ni d’un trésor,
Il n’a besoin pour se distraire ;
Donnez-lui, prenez-lui votre or,
Il le laisse il n’en a que faire.

Jamais, ni de près, ni de loin,
Il ne craint des forts la puissance.
D’appui pourtant il a besoin ;
Mais il n’a point de défiance.

Dans ses yeux, comme en un miroir,
La candeur se montre et respire.
Dans son abandon, se fait voir,
Le bien qu’il aime, sans le dire.

Au passé, comme à l’avenir,
Jamais son petit cœur ne pense ;
Et lorsque Dieu vient le bénir,
Il savoure en paix l’existence.

Comment aurait-il du chagrin ?
Au sein de sa mère il repose.
Le monde peut aller son train ;
Lui, se troublerait-il sans cause ?

Sur ses faibles pieds, un enfant,
De marcher seul ne se soucie ;
Sa mère le tient constamment ;
Sur elle toujours il s’appuie.

Si parfois il est imprudent,
Lâche son guide et tombe à terre,
On le relève en l’essuyant ;
Puis il ne quitte plus sa mère.

Un petit enfant, sans souci,
Tenir, porter, pose se laisse :
Nul danger ne l’effraye ; aussi
Il ne se met point détresse.

Il ignore ce que l’on fait,
Ce que l’on dit, ce que l’on pense ;
Il jouit d’un calme parfait,
Grâce à cette heureuse innocence.

Il cherche, en tout temps, son bonheur,
Dans les bras de sa bonne mère ;
Il la regarde avec douceur,
D’un œil serein, ne rien n’altère.

C’est là qu’il retrouve, au besoin,
Le sein qui lui donne la vie ;
Il y dort, exempt de tout soin ;
Le monde ne lui donne envie.

O doux, ô paisible abandon !
Je te choisis pour ma sagesse.
Du seigneur, c’est le plus beau don ;
Qu’à te saisir, mon cœur s’empresse.

Jésus ! rends-moi comme l’enfant,
Dont toi-même cites l’exemple.
Que ton Esprit, toujours présent,
De mon cœur fasse son saint temple.

Si, par ta grâce, je deviens
Enfant de Dieu, sur cette terre ;
Je serai mis au rang des tiens ;
En toi, j’aurai trouvé ma mère.


Une école de petits enfants.

Vous a-t-on parlé d’une école,
Où l’homme redevienne enfant ?
Où le plus humble est le plus grand ;
Où de tout perdre on se console ?
Où l’on entende une parole,
Qui seule rend le cœur aimant ?
Où l’on puisse entrer librement,
Lorsqu’on n’a pas même une obole ?

Où l’on doive tout désapprendre,
Tout oublier, pour être heureux ?
Où, d’un ami, l’on puisse entendre
Un enseignement précieux ?
Où le simple puisse comprendre,
Cet ami qui se cache aux yeux ?
Où de sa main, l’on puisse prendre,
Un aliment délicieux ?

D’une école, où l’on nous enseigne,
A tout quitter, pour tout avoir ?
Où sa propre vie on dédaigne,
Pour une autre au ciel recevoir ?
Où la souffrance l’on ne craigne ?
Où l’on apprenne à ne vouloir,
Qu’avancer et chercher le règne,
D’un Roi, que notre œil ne peut voir ?

Allez cette école sainte,
Où la fraude ne peut entrer ;
Où l’on retrouve un cœur sans feinte ;
Où l’on se tait pour adorer ;
Où l’on ne ressent plus l’atteinte
Du souci, qui vient nous ronger ;
Où l’on n’éprouve d’autre crainte
Que celle de ne pas aimer.

C’est l’école de l’Évangile,
Où se révèle un Dieu-Sauveur.
Viens, dit Jésus, tout est facile,
A qui trouve son Rédempteur ;
Viens à moi, viens et sois tranquille ;
Mon enfant ! donne-moi ton cœur.
A me suivre, sois bien docile,
Et tu trouveras le bonheur


Culte en esprit et en vérité

O Dieu ! Préserve-moi d’un langage trompeur ;
Fais, qu’en sincérité, mon faible cœur t’honore.
Garde-moi d’un culte menteur ;
Et que, jusqu’à ma fin, en esprit je t’adore.


Renoncement à soi-même

A l’amour de la créature,
Chrétien ! ne livre point ton cœur.
Fuis les penchants secrets de ta faible nature,
Et renonce à toi-même en suivant le Sauveur.
Dans le recueillement, recherche Dieu ton père.
Reçois, comme un enfant, ce qu’il veut t’accorder.
C’est au sein du repos, que son Esprit opère.
Lui seul, donne une paix, que rien ne peut troubler.


Droit au Sauveur !

Près du Sauveur est ta patrie ;
Mon âme ! il faut t’en souvenir.
Écoute sa voix, qui te crie :
Viens à moi, pour ne point mourir
Fuis les séductions du monde ;
Éloigne-toi du ténébreux sentier
Viens droit à moi ; en moi la paix abonde :
Pour l’obtenir, donne-toi tout entier.


L’œillet

Les plus belles couleurs, un parfum délicat,
Rehaussent de l’œillet la corolle odorante.
Mais dis-moi, que fait cette plante,
Pour avoir ce parfum et ce brillant éclat ?
Elle reçoit en paix, les bienfaisants rayons
De l’astre qui la vivifie,
Et, doucement épanouie,
De Dieu sans résister, elle accepte les dons.
Sur toi, mon âme ! aussi, luit un astre puissant,
La splendeur du Très-Haut, le Soleil de justice
Accepte de Jésus le divin sacrifice,
Et dans la sainteté l’on te verra croissant :
Le parfum des vertus de toi s’exhalera ;
Tu respireras Dieu, dans la douce prière ;
Tu réfléchiras sa lumière ;
En toi, par son Esprit, il se glorifiera.


Le vrai chemin.

Tout souffrir avec patience ;
Ne se confier qu’au Sauveur ;
Se reposer sur sa puissance ;
Se réjouir en lui, l’aimer de tout son cœur ;
L’adorer, le servir, obéir en silence :
C’est le chemin du vrai bonheur.


Dieu prend soin des siens

Veux-tu jouir de la présence
Du Dieu caché, qui soutient ses enfants ?
Veux-tu goûter, en abondance,
De son secours, les effets tout-puissants ?
Que ton cœur soit son sanctuaire ;
Peine et soucis, remets tout en sa main ;
Repose-toi sur lui ; en tout, laisse-le faire ;
Il prendra soin du lendemain.

Je suis ton médecin, Dit le Seigneur.

Sur le sein de Jésus, viens reposer ta tête
Chrétien souffrant ! il ressent tes douleurs.
Viens son amour, à te guérir, s’apprête :
C’est lui, qui veut sécher tes pleurs.


Échange avantageux

Mon enfant veux-tu posséder
Dieu, qui nourrit ton âme ?
Sache d’abord lui tout céder :
De toi, tout il réclame.
Renonce au monde, au temps ; que plus rien de mortel,
N’empêche ton esprit de chercher l’Éternel.
Que son Christ, de ton cœur, soit la seule richesse.
Le trouver et l’aimer, c’est la seule sagesse.


Précaution nécessaire.

Lorsque le Seigneur, dans sa grâce,
Sur toi fait resplendir sa face ;
Quand, par un don de sa bonté,
Un pur rayon de sa clarté,
Vient porte la paix dans ton âme,
Et rendre la vigueur, ton cœur abattu ;
Chrétien ! Garde-toi d’imprudence :
Dans un humble et pieux silence,
Sache, d’un tel bienfait, savourer la vertu ;
L’Esprit saint, le Dieu qui console,
Est souvent attristé d’une seule parole.
Crois-moi, cher ami ! sois discret ;
Que Dieu seul sache ton secret.


Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.

Je suis un pauvre enfant, sans force et sans appui.
Des milliers d’ennemis environnent mon âme.
Je n’ai que toi, Jésus ! pour calmer mon ennui ;
Je retrouve la paix, quand mon cœur te réclame.
Sur ton sein paternel, tu me reçois, Seigneur !
Et de mes ennemis, je suis plus que vainqueur.


L’ami de mon cœur.

Tout homme a son objet qu’il aime,
Son plus doux passe-temps, son compagnon chéri ;
Il cherche en cet autre lui-même,
Et son bonheur, et son appui.
Son âme le contemple et son cœur le désire ;
C’est là qu’il voit tout son bonheur.
Après toi seul, Jésus ! le vrai chrétien soupire.
Oh viens ! sois l’ami de mon cœur


Rien par vaine gloire.

Crains les pièges du Tentateur,
Lorsqu’on t’adresse des louanges :
Humble, comme un enfant, à l’exemple des anges,
Repousse, loin de toi, tout éloge flatteur.
Le disciple de Christ ne veut point plaire au monde ;
Il recherche, avant tout, de Dieu la paix profonde
Brebis du bon berger, il n’entend que sa voix,
Et porte, de Jésus, et l’opprobre et la croix.


De quelle manière prient la plupart des hommes ?

Ils demandent à Dieu de venir dans leurs cœurs ;
Il vient et les ingrats sont occupés ailleurs.

Le premier lot du chrétien.

Au dehors, l’opprobre et l’ennui ;
Crainte au dedans, saintes tristesses :
Voilà ton premier lot, dans les saintes promesses,
Si du Seigneur Jésus, sur toi, la grâce a lui.


Pleurer et aimer.

Jésus entend tes soupirs ;
Jésus voit toutes tes larmes.
Prie, aime, dans tes alarmes :
Il remplira tes désirs.


La meilleure visite.

Mon âme ! Dieu t’attend, dans le fond de ton être
Et tu cours au dehors, pour dissiper tes sens.
Ah ! ne laisse pas, seul, attendre un si bon maître ;
N’attends pas qu’il soit loin, pour offrir ton encens.


L’amour.

Ton âme est à l’étroit, ton cœur est tout de glace ;
De ton culte, la crainte est l’unique moteur.
Viens à Dieu, par amour, et bientôt, de sa grâce,
Les rayons bienfaisants réchaufferont ton cœur.


Rien que Dieu.

Ne rien avoir que Dieu, quand on sait qu’il nous aime ;
Ne rien vouloir que lui, que plaire à son amour ;
Ne rien pouvoir qu’en lui ; être mort à soi-même ;
N’être rien, c’est là tout : souviens-t’en chaque jour.


Une seule chose est nécessaire.

Cherche, en tout et partout, la chose nécessaire :
Désirer davantage, est tout perdre à la fois
Vis sans cesse en Jésus ; lui seul conduit au Père ;
Le reste est vanité, dans tout ce que tu vois.


Le recueillement.

Avec fidélité, fais toujours toute chose,
Aussi bien que tu peux, que tu dois, que tu sais.
Mais Liens-toi recueilli ; que ton cœur se repose ;
Et, tout en agissant, garde une douce paix.


Toujours prêt.

Si, dans l’éternité, le Dieu fort rappelant
De cette heure, ici-bas, faisait ta dernière heure,
Trouverais-tu sa paix, en quittant ta demeure ?
Hâte-toi ! En Jésus, cherche-la, maintenant.


La poussière.

En bas, tend la poussière, et toi-même es poussière
Dans les airs, cependant, le vent la fait monter.
Puisse ainsi, par Jésus, l’Esprit qui vient du Père,
En soufflant sur ton cœur, vers les cieux l’emporter !


La reconnaissance.

Pense toujours, mon âme ! aux biens que Dieu t’a faits :
Il a donné, pour toi, le Fils de sa tendresse.
De te donner à lui, son grand amour te presse :
Voudrais-tu, cœur ingrat ! mépriser ses bienfaits ?


Le tuteur.

N’offense plus ton Dieu, par de vaines alarmes ;
Des frayeurs, des soucis, dégage enfin ton cœur.
Christ est, des orphelins, le céleste tuteur.
Il veille aussi sur toi : que crains-tu sous ses armes ?


Le bon lot.

Veux-tu, de tous les dons, recevoir le meilleur ?
A posséder Jésus, applique-toi, mon âme !
Renonce à tout, pour lui et bientôt, de sa flamme,
Un feu pure et divin pénétrera ton cœur.


Ou :

De tous les lots, le plus parfait,
Est, de Jésus l’amour suprême.
Si tu vides ton cœur, du monde et de toi-même,
Bientôt, de cet amour, tu sentiras l’effet.


La tristesse selon Dieu et la tristesse du monde.

Soupirer vers Jésus, c’est la bonne tristesse ;
Elle adoucit le cœur, le rend humble et soumis.
Ne regarder qu’à soi, se créer des soucis :
C’est, d’un cœur orgueilleux, la mortelle faiblesse.


Toujours en guerre et pourtant en paix.

Étouffe, sans pitié, le péché, dans ton cœur ;
Tiens la chair et les sens, dans une étroite gène ;
Mais, qu’au dedans, l’esprit, libre de tout chaîne,
Sans craindre et sans douter, s’abandonne au Seigneur.


Le ciel ici-bas.

Que Dieu, de ton esprit, soit l’unique soleil ;
Nourris-toi des rayons, qu’en ton âme, il envoie.
Ton cœur alors, serein, au firmament pareil,
Dans un calme divin, resplendira de joie.


Une douce vie.

Regarder constamment vers la sainte patrie ;
Tenir sans cesse à Dieu, par un lien d’amour ;
S’affranchir du péché ; le quitter sans détour :
C’est là, tout le secret de la plus douce vie.


L’heureuse pauvreté.

Heureux, cent fois heureux, le cœur vraiment fidèle,
Qui renonce, gaiment, à tout, pour le Seigneur !
Il quitte tout pour Dieu ; il se tient sous son aile ;
Quoique pauvre, il est riche, et c’est là son bonheur.


L’humilité

Fais le bien ; jamais ne désire,
Que l’on parle de ta vertu :
D’humilité sois revêtu,
Et qu’à vivre ignoré, toujours ton cœur aspire.


La vie en Dieu

Qu’en Dieu, soit ton plaisir ; qu’en Dieu seul, soit ta vie ;
A demeurer en lui, consacre tous tes soins.
Si, d’aucun autre objet, tu n’as plus nulle envie,
Tu sauras être en paix dans les plus grands besoins.


L’union avec Christ.

Jésus, l’Oint du Seigneur, veut s’unir à ton âme :
De ton âme, Chrétien ! il veut être l’époux.
Accordes-tu le oui, que son amour réclame ?
Il est près de ton cœur : viens, tombe à ses genoux.


Ecole de silence.

Les vains discours sont une preuve,
D’un esprit et d’un cœur distrait :
Quand, de la vie en Dieu, une âme fait l’épreuve,
En s’approchant de lui, elle adore et se tait.