Bordel patriotique
institué par la reine des François, pour le plaisir des députés à la nouvelle législature ; Epitre dédicatoire de Sa Majesté à ces nouveaux Licurgues
.

BORDEL
PATRIOTIQUE
INSTITUÉ
Par LA REINE DES FRANÇOIS,
pour les plaiſirs des Députés à
la nouvelle Législature,
précédé
D’une Epitre dédicatoire de Sa
Majeſté à ces nouveaux Licurgues.

Lancea carnalis vulnera nulla facit. Ovid
La flêche de l’Amour ne fait point de
blessures.

AUX TUILERIES

Et chez les Marchands d’Ouvrages
galans.

1791
EPITRE

De Marie-antoinette d’Autriche, Reine des François, aux Députés de la seconde Législature.

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Messieurs,

Vous, arrivez dans la plus belle & la plus vaſte métropole de l’Europe pour ſuccéder aux fonctions des premiers législateurs de votre patrie. J’ai preſſenti que vos travaux ſeroient pénibles, & qu’il étoit de toute nécessité de vous préparer des délaſſemens agréables pour les inſtans intermédiaires de vos occupations politiques. Comme reine des François & la première femme de France par la dignité de mon rang, je me ſuis impoſé l’obligation de travailler pour vos plaisirs en reconnoissance des ſervices que vous allez rendre à vos compatriotes. Un bienfait en vaut un autre, & je ſuis jalouſe de vous procurer les jouiſſances les plus délicieuſes de la vie & les plus néceſſaires pour la propagation du genre humain. Je ſuis encore dans l’âge de ſoulager les tourmens des Priapes nerveux & de préſider dans les boudoirs de Cithérée.

C’eſt dans ces intentions ſecourables que j’ai établi un Bordel national dans le même lieu où j’en avois établi un à l’usage des Confédérés Provinciaux pour être plus à portée d’offrir mes ſervices au public & de préférence aux nouveaux membres de la ſeconde légiſlature. Pour qu’il ne manque rien à cette maiſon de volupté, j’en ai nommé pour directrice la premiere héroine en galanterie, la demoiſelle Théroigne, dont les exploits galans ſont connus de toute la capitale, femme qui réunit à une pratique conſommée, une théorie qui lui mérite une préférence légitime ſur toutes les mamans les plus aguerries des Bordels du royaume. Avec des précautions si raffinées, vous ne pouvez douter, Meſſieurs du nouvel aréopage national, que vous n’aurez rien à désirer, que vous aurez la ſatisfaction de jouir & de choisir dans un nombre infini de femmes & de filles complaiſantes & prévenantes à l’excès & de tout âge. De la brune vous paſſerez dans les bras de la blonde & quand vous ſerez raſſasiés de l’une & de l’autre, vous trouverez pour réveiller vos ſens assoupie des Ganimedes modernes qui rallumeront vos feux amortis. Vous ſerez à même de vous venger auſſi de vos femmes infidelles qui vous ont cocufiés, en faisant à votre tour des cocus de tout rang. Cette vengeance eſt bien douce. Je vous en offre le prix, si vous me jugez digne de la pomme. Mademoiselle Théroigne a ſoin de rajeunir, chaque jour mon ſérail patriotique, en y admettant ſans ceſſe des pupilles de la plus attrayante fraicheur, à qui elle donne des leçons de condeſcendance & de poſture avantageuſe pour la conſommation du ſacrifice amoureux. Tous les ſuppôts de Priape, quelque ſoit leur caractère, ſeront gracieuſement admis dans ce Bordel patriotique. Le prélat, le pere ſéraphique, le novice, comme le militaire de tout grade, le magiſtrat, le financier, le commis & le valet de bureau seront reçus pour leur argent.

Les femmes mariées d’un tempérament brûlé, qui ne ſeroient pas ſatisfaites de leurs maris, ont le droit d’y venir ſe dédommager. Les filles, & même les religieuſes ſeront bien venues pour y faire leur apprentiſſage. Accourez ribauds & fouteurs de tout genre, arrivez maquerelles & putains de toutes les conditions recevoir des inſtructions, & goûter les plaisirs délicieux que je vous prépare.

Et vous Meſſieurs de la ſeconde législature, ſoyez perſuadés que vous ne ſerez pas moins bien traités que vos prédéceſſeurs.

Marie-Antoinette
D’Autriche reine des François.

Bordel patriotique frontispice
Bordel patriotique frontispice

Invocation de la Reine, & de Mademoiselle Théroigne à la ſtatue de Priape, qu’elles ornent de guirlandes le membre vigoureux de ce dieu, le premier des fouteurs des Syrennes du Ciel & de la Terre.

HYMNE A PRIAPE.
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Priape puissant dieu des amours de la terre,
        Perce nous de ton aiguillon ;
        Soit ſenſible a notre prière,
De ton dard vigoureux enfile nous le Con
Fais paſſer dans nos corps & tes feux & ton
   foutre,
Rafraîchis-nous des flots de ton ſperme
   divin,
Bourre sans te laſſer notre brûlant vagin,
Nos beſoins déſormais ne peuvent paſſer
   outre,
        Fous et fous-nous juſqu’à demain.
Jadis Pygmalion a foutu des Statues,
        Comme Ixion foutoit des Nues ;
        Pour te faire un plus grand honneur
     Tempere notre ardeur extrême,
        Et ſans perdre de ta vigueur,
        Tu peux, ſans en paroître blême,
A couillons rabattus nous donner le bonheur.


Explication du Frontiſpice

Il repréſente la ſtatue de Priape, ſur un piedeſtal, la Reine, à gauche, tenant, d’une main, une guirlande de fleurs, dont elle l’entoure, & de l’autre chatouillant le père du genre humain, qui fait tant de plaiſir aux femmes. La Reine ſe pâme de plaiſir, en pressant ce membre charmant contre ſon ſein. Mlle. Théroigne eſt à droite de la ſtatue, tenant de la main droite le bout de la guirlande, & de la gauche les deux couillons, en chantant une hymne à la gloire du Dieu de la Fouterie. Elle paroît moins paſſionnée que la Reine, parce que le patriotiſme & la philoſophie tempèrent un peu ſes ſens, quoiqu’elle ſoit auſſi voluptueuſe dans l’action.

PROSPECTUS
DU BORDEL PATRIOTIQUE,
ÉTABLI
Par LA REINE.
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Cet établissement patriotique réunira tous les avantages & tous les agrémens. Les différentes conditions de l’ordre ſocial y ſeront admiſes, en proportion pourtant des ſacrifices pécuniaires, du rang & de la fortune de ceux qui ſe préſenteront.

Mademoiſelle Théroigne, dont l’intelligence & le raffinement en lubricité ont éclaté, s’eſt montrée jalouſe de ſurpasser encore dans cette nouvelle inſtitution. Elle a tout prévu pour la ſatisfaction & les plaiſirs des étrangers comme des nationnaux. Elle a eu grand ſoin de remplir ſa vaſte abbaye, des filles les plus fraîches de l’Europe. Les Circaſſiennes ſi renommées ne l’emporteroient pas ſur les houris enchanteresses de ſes ſérails. Les femmes les plus appétissantes, les plus voluptueuſes, les plus agaçantes, par les geſtes laſcifs, et les propos luxurieux, y ſont rassemblées.

Pour prévenir les deſirs de tous les ſacrificateurs, pour procurer du plaiſir à tout le monde, elle n’a pas oublié de recevoir dans ſes réduits amoureux, des Ganimedes, des bardaches, pédéraſtes, des gamahucheurs, des gamahucheuſes, des tribades, des ſodomiſtes, des enculeurs. Toutes les paſſions, tous les goûts des deux ſexes y ſeront pleinement ſatisfaits ; un homme y jouira avec un homme, et une femme avec une femme. Les deſirs, les transports des ſens y ſeront assouvis. Après la jouiſſance naturelle, la conjonction de l’homme avec la femme, on pourra librement passer à la jouiſſance antiphyſique et comparer enſuite la différence des ſenſations. Comme Mademoiſelle Théroigne préſume bien que, dans les deux ſexes, il y aura des perſonnes qui n’auront pas connu les différentes attitudes, les différens genres, les manières diverſes de foutre, et d’être delicieuſement foutue, d’enculer, ou de l’être, elle offre de donner des leçons sûres, des principes certains pour ſavourer, pour pomper le ſperme prolifique.

Cette demoiſelle complaiſante, en ſa qualité de bonne citoyenne, d’excellente patriote, offre dans ce temps de fête, des plaiſirs raffinés, naturels et anti-phyſiques, afin que tout le monde puisse en prendre.

On s’abonne ſoir et matin, en ſon bureau de fouterie et d’enculage, rue Tire-boudin à l’enſeigne des deux couillons.


Tarif des Souſcriptions

Le prix de la ſouſcription pour un prince eſt de ....................  2400 l.
Pour une princesse ....................  2400
Pour un cardinal-archevêque ....................  2000
Pour un évêque ....................  1500
Pour un abbé ....................  1200
Pour une abbesse ....................  1200
Pour un chanoine ....................  600
Pour un curé de Paris ....................  600
Pour un curé de campagne ....................  200
Pour un chapelin ou ſacriſtain ....................  100
Pour un ſuisse, un bédeau ....................  24
Pour un moine ....................  60
Pour un maréchal de France ....................  2400
Pour un duc et pair ....................  2400
Pour un lieutenant-général ....................  1600
Pour un maréchal-de-camp ....................  1200 l.
Pour un brigadier des armées ....................  1000
Pour un colonel ....................  800
Pour un lieutenant colonel ou major ....................  700
Pour un capitaine ....................  600
Pour un lieutenant, ſous-lieutenant ....................  400
Pour un ſergent, maréchal-des-logis, fourrier ....................  24
Pour tout soldat, grenadier, cavalier, dragon, hussard, canonier, tambour, fifre, muſicien ....................  3
Pour toute actrice, comédienne, bâteleuſe, danſeuſe hiſtrionne, chanteuſe, coureuſe ....................  3
Pour toute actrice, comédienne, bâteleuſe, danſeuſe hiſtrionne, chanteuſe, coureuſe ....................  3
Pour tout opérateur, charlatan, joueur de gobelets pierrot, arlequin, baladin, fauteur,

eſcamoteur ....................  
Pour tout homme de qualité ....................  
Pour tout bourgeois ....................  
Pour toute bourgeoiſe ....................  80
Pour tout artiſan, ouvrier ....................  24
Pour un artiſte ....................  48
Pour tout ribotteur, crocheteur, porte-faix, ſonneur, ſavetier, ivrogne ....................  3
Pour toute femme ou fille de joie ....................  3
Pour tout compagnon imprimeur, compoſiteur ....................  6
Pour le prote ....................  12
Pour le maître imprimeur, ou libraire ....................  24
Pour tout domeſtique, laquais, valet-de-pied, cuiſinier, marmiton ....................  3
Pour une intendant de maiſon, un ſecrétaire, tréſorier, caiſſier ....................  24
Pour tout garçon de bureau, chauffe-cire ....................  3
Pour le chancelier ou gardes des ſceaux ....................  200 l.
Pour un premier-préſident ....................  1800
Pour les préſidens-à-mortier ....................  1600
Pour les conſeillers, avocats et procureurs-généraux ....................  1400
Pour leurs ſubſtituts ....................  1200
Pour les avocats ....................  1000
Pour les procureurs ....................  1500
Pour greffiers ....................  1500
Pour les huiſſiers des cours ſouveraines ....................  1200
Pour les huiſſiers des basses juriſdictions ....................  100
Pour les copiſtes du palais, les praticiens, les clers, les colporteurs, les archers ....................  3
Pour les docteurs de Sorbonne, de Navarre ....................  200
Pour tout lecteur en théologie,

professeur de philoſophie, de réthorique ....................  200
Pour tous les professeurs d’humanités ....................  150
Pour les principaux de college, ſupérieurs de ſéminaires, de communautés ....................  300
Pour tout docteur en droit, en médecine ....................  200
Pour tout licencié, bachelier, maître-és-arts ....................  100
Pour tout maître de latin, de grec, d’hiſtoire, de géographie, de deſſin ....................  50
Pour tout maître d’école, de danſe, de muſique, d’écriture ....................  30
Pour leurs femmes ....................  18
Pour tout correcteur, fouetteur ....................  6
Pour tout écolier ....................  12
Pour tous les fermiers,

receveurs généraux, intendans ....................  3000
Pour les miniſtres ....................  6000
Pour les chefs de bureau de finance ....................  2000 l.
Pour leurs femmes ....................  1000
Pour les premiers commis, tels que directeurs des aides, receveurs des tailles, contrôleurs des actes, contrôleurs ambulans ....................  800
Pour les receveurs généraux des gabelles, des aides ....................  800
Pour leurs subſtituts ....................  400
Pour tous les commis, maltotiers, petits commis, dans toutes les parties ....................  50
Pour toute payſanne, ſervante, laveuſe de vaiſſelle ....................  3
Pour tout cuiſinier en chef, maître-d’hôtel ....................  12
Pour tout marchand en gros,

marchand de vin, d’eau-de-vie, limonadier ....................  24
Pour tout les poiſſards, les poiſſardes, harangeres, orangeres ....................  6
Pour MM. les députés de l’aſſemblée nationale ....................  48 l.
Pour les préſidens, ſecrétaires, greffiers, conſeillers, adminiſtrateurs des communes, grippe-ſols & chefs de diſtricts ....................  100
Pour les confédérés provinciaux ....................  6
Meſſieurs les auteurs & gens de lettres ſeront reçus avec diſtinction, avec reconnoiſſance & gratuitement ; ils auront les premieres places, & ſeront les premiers ſervis à la table & au lit.

EXCEPTIONS.

Tout perturbateur du repos public ſera exclus.

Défenſes très-expreſſes ſont faites à ce plat folliculaire, à cet ignare barbouilleur de papier l’avorton Marat, de ſe préſenter dans cette ſociété de plaiſir & de galanterie.

Pareilles défenſes ſont faites à Mitoufflet de Beauvois ce poliſſon de procureur-ſyndic des Communes, à Cahier de Gerville, à Vauvillers à Duport-du-Tertre à oli & à tant d’autres gredins de même aloy & de même compagnie.


AVIS INTERESSANT.

Tous les abonnés qui ſe préſenteront, jouiront, du double agrément, après qu’ils auront bien tiré, enfilé des culs, des cons, qu’ils les auront bourrés & embouriqués, d’entendre une ſuperbe musique vocale, accompagnée de tous les inſtrumens les plus flatteurs à l’oreille pendant ces concerts mélodieux ; le public ſera délicatement ſervi, les mets les plus exquis, ne ſeront pas épargnés. Chacun ſera à côté de ſa chacune, & chacun à côté de ſon chacun, ſelon le goût des gens.

Des fontaines, des baſſins, recevront au ſein de leurs eaux, les endimions & leurs maîtreſſes ; la volupté ſera annoncée par le chant mélodieux des oiſeaux ; des dais de feuillages couvriront les ſacrificateurs, & feront aux yeux un miſtere de leurs epanchemens & de leurs plaiſirs. Le palais qui ſera le réduit des réjouiſſances voluptueuſes, efface en beautés, en ſéductions, en enchantemens le palais d’Armide. Tout y invite à l’amour, à l’accouplement & à la fouterie. La liberté, la licence, ont dans ce temple délicieux, un autel paré de guirlandes & de mille agrémens, faits pour enchanter l’eſprit, l’ame, les yeux, & les oreilles.

Hâtez-vous, chers compatriotes, étrangers généreux & ſenſibles, de venir prendre part à ces fêtes charmantes, qui feront oublier toutes les aſſemblées & les jeux ſi célebres dans l’antiquité, connus ſous le nom de jeux olympiques. Le Palais-Royal renferme le plus beau, le plus magnifique, le plus merveilleux des cirques ; il ſera le théâtre de vos diſſipations, de vos amours de vos orgies. Sans craindre les médiſans & les jaloux, vous jouirez ſans remords & ſans regrets. Accourez braves & galans françois, venez recevoir des mains des belles, le prix de votre courage & de votre patriotiſme.

Gravure issue du Bordel patriotique p. 25
Gravure issue du Bordel patriotique p. 25


Explication de la ſeconde Eſtampe.
Elle représente le ſallon du cirque, dans lequel ſont une partie des députés à l’aſſemblée nationale, foutant, enculant, gamahuchant, & ſe branlant la pine ; la reine eſt foutue à droite par Bazin, ſon valet-de-chambre, que Monſieur encule, tandis que le Chapelier leche le cul de la reine, en ſe branlant la pine ; au milieu, Madame le Jay, libraire, tenant une poignée de verges, branle le vit au maire de Paris, dont le tempérament froid l’empêche de bander & de foutre ; mademoiselle Théroigne le tient dans ſes bras, & lui chatouille les couilles, tandis que d’Anton, le cul par terre, la gamahuche.

PERSONNAGES.
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Mlle. THÉROIGNE, inſtitutrice du Bord. National.
MARIE-ANTOINETTE D’AUTRICHE première Prêtreſſe.
M. DE LA FAYETTE, fouteur en con.
M. BAILLY, fouteur en cul & en con, par ſa double qualité d’Académicien & de Maire de Paris.
BAZIN, premier fouteur de la Reine, fils de Chaircuitier & ſon Valet-de-chambre.
MONSIEUR, fouteur de Madame la Comteſſe de Balby.
Les LAMETH, l’Evêque d’AUTUN, BARNAVE, le CHAPELLIER, tous quatre fouteurs en cul & en con.
MIRABEAU l’aîné, fouteur de Madame le Jay.
Madame LE JAY, épouſe d’un Libraire.
D’ANTON, préſident du Diſtrict des Cordeliers, & fouteur en titre de Mlle. Théroigne.
MARAT, auteur de l’Ami du Peuple, leche con & leche cul.

PLUSIEURS PERSONNAGES MUETS.


La Scene eſt au Cirque du Palais Royal.

BORDEL PATRIOTIQUE.
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SCENE PREMIERE.
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BAILLY, seul.

J’ai long-temps vécu dans l’obſcurité. Tout triple académicien que je ſois parvenu, je ne faiſois pas grand bruit. J’avois brigué les honneurs du fauteuil ; je les ai obtenus à la faveur d’intrigues ſecretes. Ces dignités m’ont fait paſſer pour un grand homme, & mes concitoyens m’ont député aux états-généraux, dits aujourd’hui l’Aſſemblée nationale.

Telle eſt l’origine de ma grandeur, de mon élévation & de ma fortune.

Après la mort de Fleſſelles qui ne foutoit que des cons, qui les foutoit mal, & qui ſe trouva foutu lui-même comme un Jean-foutre qu’il étoit, je me fis déférer ſa place qui en rempliſſoit quatre.

Je devins en un inſtant Maire de ville, Prévôt des marchands, lieutenant de police, &c, &c. Avec ces places, je n’eus point de peine à mettre force foin dans mes bottes. Car indépendamment des gros honoraires attachés à mes dignités, j’ai tant tirer, tant volé, que je ne reconnois plus aujourd’hui les plus opulens de ma famille, qui me regardoient comme un gueux, & en effet ils n’avoient pas tort, je l’étois de toutes façons. Rien n’eſt tel que l’eau qui dort ; j’ai paſſé ma jeuneſſe dans les taudions, les bouzins, non pas dans les réduits des élégantes vérolées ; je n’avois pas aſſez de faculté pour gagner la vérole à ſi hauts frais. J’amaſſai des chancres, des poulains, d’abord dans la rue Jean-ſaint-Denis, la rue de la Corroirie & le quai de l’ancienne place aux Veaux ; mais où je manquai de me faire étrangler, ce fut dans la célèbre rue de la Tannerie. Une certaine Sophie, après m’avoir ſaupoudré de la maniere la plus virulente, m’avoir dépouillé, (car je n’ai jamais été qu’un plat, aussi je reconnais bien la vérité de cet axiôme : fallax vulgi judicium, par ma promotion aux charges & aux dignités) me fit adminiſtrer quelques vingtaines de coups de bâtons, de coups de pieds. Je ſortis nud, battu, confondu, eſtropié, muni d’une vérole tenace ; mais les temps ſont passés, je ne fous plus ſi ſouvent les femmes, je fous les hommes, & ma paſſion favorite eſt dans être foutu. Tel qu’un Narcisse nouveau, ſans en avoir la jeunesse ni la fraîcheur, je me plais à me mirer, & à me branler le vit.

Dans l’heureuſe révolution de l’empire François, révolution ſi douce, ſi avantageuſe pour ma fortune & mon elevation, je conçois le dessein d’opérer une autre révolution dans la fouterie. Le peuple étoit l’eſclave des grands, il étoit assujetti aux caprices des femmes, il avoit beau s’évertuer à les foutre en con jour & nuit, les bougresses n’étoient pas contentes, & les pauvres maris, toujours trompés, ne manquoient pas d’être cocufiés. Les hommes, en ſuivant mon exemple, pourront ſe passer de putain ; au lieu de bourrer des cons, ils n’ont qu’à s’enculer, Le derrière vaut bien le devant, le tout dépend des goûts & de l’habitude. Les hommes retireront plus d’un avantage de ma méthode, ils ſe foutront des femmes en ne les foutant point. Ils étoient trahis, trompés par leurs Messalines, ils étoient à leurs genoux, les femmes ſeront à leurs pieds, & n’exiſteront que pour les ſervir. La population (me dira-t-on) s’éteindra. Qu’importe au bonheur des vivans ! La vie de l’homme eſt ſon éternité.

Oui, je veux continuer à foutre mes plus chers amis, mes confreres les Députés, mes collegues aux académies ; je n’aurai plus de poſtérité, tant mieux, je ſerai ſevré de toute inquiétude ſur le ſort des enfans, que ma femme ſe feroit faire par ſes fouteurs, & dont elle voudroit m’assurer la paternité.

Vous pouvez, madame Bailly, vous fâcher tant qu’il vous plaira vous ne ſerez plus foutue par moi. Je vais débuter par enculer la Fayette, qui aura l’honneur & le plaiſir de m’enculer à ſon tour.

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SCENE II.

BAILLY, LA REINE DES FRANÇOIS, LA FAYETTE.

La Reine des françois.

Eh bien ! M. Bailly vous devez être bien content de la révolution.

Bailly.

Je n’ai point, Madame à m’en plaindre. Je jouis à ma manière.

La Reine.

Et moi auſſi ; il m’a fallu prendre le parri de me conſoler de l’abſence de Madame de Polignac, avec qui je faiſoit des parties de plaiſir. Nous nous faiſions foutre toutes les deux par les plus vigoureux fouteurs de la cour, de la ville, & du village ; le prince de Poix, après s’être aſſommé à force de me foutre en con, me procura un champion qui l’auroit emporté ſur Hercule, dont j’ai fait mon valet-de-chambre. Vous avez entendu parler de Bazin, fils d’un chaircuitier de Marly, ah ! quel étonnant fouteur ! Il me foutoit juſqu’à dix fois ſans déconner & ſans devenir blême. Sa place auprès de moi nous fournissoit l’occaſion de recommencer ſouvent. Aujourd’hui que je l’ai énervé, j’ai rabattu ſur M. de la Fayette.

La Fayette.

Madame, vous me faites honneur, & s’il vous plaiſoit de tenter un assaut de volupté.

La Reine.

Etes-vous prêt, êtes-vous en état ? n’allez pas compromettre la gloire de votre virilité. Penſez que je ſuis Reine, & que je veux être foutue comme une Reine.

(La Fayette tire ſon vit de ſa culotte. Il trousse la Reine, la jette ſur un ſopha, & Bailly enfile la Fayette, par derrière au même inſtant.)

La Fayette.

Ah ! Madame, quelles délices !

La Reine.

Courage, mon ami, ne vous retirez pas ; enfoncez,… ah ! quel plaiſir !

La Fayette.

Etes-vous contente, Madame ?

Bailly.

Et vous, mon cher la Fayette, ſentez-vous la pointe de mon vit ?

La Fayette.

Quel double raviſſement ! Quelle volupté divine ! quel bonheur de foutre & d’être foutu au même inſtant ! La Reine (ſe relevant, dit à la Fayette.)

Ah mon cher ami, reprenez vos ſens & forces, pour recommencer encore.

La Fayette (ſe retournant.)

Je vous avoue, M. Bailly, que j’aime mieux encore foutre le con d’une belle femme, telle que Sa Majeſté, que d’enculer le derriere du plus bel Adonis de la terre.

La Reine.

C’eſt la fouterie naturelle. On a cru que je me faiſois branler par mes favorites, mes femmes ; on s’eſt trompé. Mes amies, mes confidentes ne m’ont ſervi qu’à me procurer de beaux, de robuſtes cavaliers, & ſi tous les vits qui ſont entrés dans mon con, étoient au bout les uns des autres, la longueur pourroit figurer La diſtance de Paris à Versailles.

La Fayette.

Je vois bien, Madame, que vous connoiſſez l’art ſuprême de la fouterie. Vous ſavez avancer & reculer à propos pour mieux jouir.

Bailly.

Lorſque mon pere eut ſoin de m’envoyer chez un maître d’école où je n’appris rien ; mais où je fus bien fouetté, je ne me doutois point qu’il exiſtât des colleges, des univerſités, des académies, & que je paſſerois par les différentes portes de ces maiſons, plus faſtueuſes qu’utiles au progrès de la raiſon humaine, & à la propagation des lumières.

La Fayette.

Je n’ai point tant piqué l’eſcabelle, griffonné tant de papier que vous, reçu tant de férules. J’ai retenu ſeulement, à coups de dictionnaire, trois mauvais mots de latin. Mais j’ai infiniment plus profité à l’école des filles & des femmes. Je me fis chaſſer (je m’en souviens, comme ſi c’étoit aujourd’hui,) du college, pour avoir fait entrer nocturnement des putains dans ma chambre, & avoir paſſé avec elles la nuit entre deux dras.

Bailly.

Je n’ai pas été plus rage que vous ; mais les femmes n’ont pas excité mes plus vives paſſions. J’aime les hommes de préférences. Qu’oique je me ſois marié tous comme un autre, par des conſidérations ſecrettes, j’aime mieux le derrière de ma femme que ſon devant, & pour vous parler vrai, je paie mon domeſtique le double que vous payez les vôtres, parce que j’ai le plaiſir de l’enculer, & qu’il ſe prête commodément à ma fureur..

La Fayette.

J’ai auſſi donné dans le péché antiphyſique, mais ce goût m’eſt paſſé. Je fous aujourd’hui en con & non en cul. La pedéraſtie, la ſodomie ne me tentent plus, j’aime mieux m’expoſer à puiſer, à pomper la vérole dans le vagin des putains, que d’enculer un bougre.

Bailly.

Ne diſputons point des paſſions, des inclinations, des penchans, chacun jouit à ſa fantaiſie ; autrefois, je foutois des femmes, des putains, aujourd’hui ce n’eſt plus mon deſir, je ſuis le partiſan des paſſions des plus grands hommes de l’antiquité. Socrate, le ſage Socrate, l’honneur de la raiſon humaine, étoit un fouteur en cul. Il n’a médit des cons que parce qu’il foutoit en cul le jeune Alcibiade.

Epicure, Pythagore, Platon & Diogènes étoient des ſodomiſtes, preſque tous les rois de l’antiquité étoient des enculeurs. Dans les ſiecles modernes, les plus grands potentats étoient des péderaſtes. Frédéric II, roi de Pruſſe, ſi célebre par ſa valeur, & ſon génie, n’aimoit pas les femmes, il enculoit les hommes, & s’en faiſoit enculer ; témoin Baculard d’Arnaud qu’il appelloit ſon berger, & avec qui il gagna la criſtalline, qu’il lui rendit bien. Témoin le roi de Suede régnant, qui fit venir dans ſes états le comédien Monvel, enculeur ſi famé, mais qu’il renvoya après l’avoir uſé & empoiſonné par des assauts poſtérieurs. J’ai enculé moi-même la plus grande partie de mes ſubalternes dans les communes de la municipalité. J’ai foutu & refoutu en cul cent fois ce gredin de Mitouflet, mon procureur ſyndic, Vauvilliers, Blondel, Desfaucherets, Duport du Tertre. Je ne me ſuis brouillé avec Manuel, que parce qu’il n’a pas voulu me prêter ſon cul, & qu’il m’a refuſé de m’enculer.



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SCENE III.

LA REINE, Mlle THEROIGNE, BARNAVE, BAILLY, LA FAYETTE.

Mlle Théroigne.

J’arrive ici fort à propos, grande Reine, pour partager vos plaiſirs. C’eſt ſous vos auſpices que j’ai conçu & exécuté l’établissement d’un Bordel patriotique. Il eſt juſte que je donne une premiere leçon de ce genre de plaiſir nouveau. Je me ſuis fait enculer ce matin par dix députés de l’Assemblée nationale, entr’autres par quatre prélats, & l’infatigable abbé Syeyes. Mon Dieu que celui-ci eſt un excellent enfonceur ! j’ai cru qu’il m’auroit percé le fondement d’outre en outre. Je vais preſentement, Madame, me laisser grimper par mon favori Barnave. Rien n’eſt tel que de varier ſes jouissances.

Barnave (fout la Théroigne en con & Bailly encule Barnave ; la Fayette remonte ſur la Reine qu’il refout avec vigueur.)

La Théroigne (à Barnave.)

Allons, mon ami, fout moi à couillons rabattu, fous-moi en levrette pour gagner quelques pouces, & lâche-moi des flots de foutre.

Barnave.

Préſentez-vous bien, Mademoiſelle, je vais faire péter les charnières de votre con ; & moi, (dit Bailly, à Barnave.) je vais perforer ton cul de la bonne manière en même-temps. Foutons tous ici.

La Fayette. (à la Reine)

Sentez-vous mon ardillon. Ah ciel ! quel bon mouvement. Je décharge, je décharge, encore un coup de cul, encore un coup de cul. Quels doux tranſport ! je me pâme d’aiſe & de plaiſir.

La Reine (à Mademoiſelle Théroigne)

Mademoiſelle Théroigne, votre cavalier vous pique-t-il auſſi vigoureuſement que le mien m’enfonce ſon dard amoureux.

Mlle. Théroigne.

Ah, Madame, quel charme ! M. Barnave eſt incomparable ! J’ai été foutue par des milliers de fouteurs, j’ai tâté de la calotte, du froc, du militaire, il n’eſt rien de tel que M. Barnave, quoique M. Bailly le foute par derrière, il me fout ſupérieurement en con.

Bailly.

Je foutrois juſqu’aux cul de Lucifer.

Mlle. Théroigne.

Après que M. Barnave aura déconné, je me retournerai, & vous me mettrez votre vit dans les fesses.

Barnave.

Et moi je foutrai en cul M. Bailly.

La Reine.

Foutez, enculez-vous, Mesſieurs, tant qu’il vous plaira, quant moi, je ne veux être foutue qu’en con. Il me faudroit un régiment entier, & tous les Carmes, les Cordelier de France, pour assouvir mes ardeurs. Le con me brûle, il lui faut des torrens de foutre pour le rafraîchir. Quand vous aurez foutu, M. Barnave, votre ami, M. Bailly, pour vous égayer vous foutrez en con à votre aiſe.



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SCENE IV.

LES ACTEURS PRECEDENS, MONSIEUR, LA COMTESSE DE BALBY.


Monſieur.

Vivent les plaiſirs & la joie. La vie eſt courte, il en faut jouir. Je ne viens pas ici pour enfiler des perles : allons Madame de Balby ; préſentez-vous comme il convient pour recevoir mon priape ; je veux cocufier votre mari de la bonne forte.

La Comteſſe de Balby.

Ce ne ſera pas, Monſeigneur, la première fois. Mais votre ſanté m’eſt chere, j’aime à la ménager.

Monſieur.

Il n’eſt pas queſtion de me ménager, il faut nous ſoulager. Quand on vient au bordel, ce n’eſt pas pour enfiler des prunes, mais bien pour enfiler des cons, pour foutre & être foutue.

La comteſſe de Balby.

Je ne me refuſe point, Monſeigneur, à vos plaiſirs. (la comtesse déboutonne la culotte de Monſieur, lui branle le vit.)

Monſieur.

Ah !… quel plaiſir ! madame, arrêtez, arrêtez : vous m’allez faire décharger : allons jettez-vous ſur ce ſopha, que je vous foute.

La Comteſſe (montrant ſon vagin.)

Enfilez-moi, Monſeigneur, tout à votre aiſe. Il y va de votre honneur.

Monſieur.

Ah parbleu ! madame, vous ne ſerez pas ratée. Vous ſerez auſſi bien foutue que la reine, ma ſœur, & la Théroigne notre Abeſſe.

La Reine.

Allons, la Fayette, êtes-vous encore en état de quelque choſe ?

La Fayette.

Oui, Madame : préſentez-vous votre con, je vais l’enfiler avec mon vigoureux vit. (Il fout encore Sa Majeſté, Barnave refout la Théroigne, Bailly encule encore Barnave, qui, après avoir foutu Antoinette, & piqué d’un ſentiment de vanité, encule le ſavant maire de Paris ; la Théroigne ſe fâche, & le regarde avec un eſpece de dépit : il lui rappelle le pacte fédératif, elle ſourit ; & regarde la Reine.)

La Théroigne.

Courage, Meſſieurs, (à la Reine) Madame vous plait-il que je vous chatouille ?

La Reine.

Volontiers, mais à condition que nous nous branlerons toutes deux.

La Théroigne.

Rien de ſi facile madame, (les deux coquines ſe branlent, ſe gamahuchent : & dans leur enthouſiaſme) : Meſſieurs, vous voyez comme nous ſavons diverſifier nos plaiſirs, faites de même : il ſe fait un grand ſilence, pendant lequel tous les acteurs s’enculent.



SCENE V.

D’ANTON, MARAT, (entrés par différentes portes.)

d’Anton.

Que venez-vous faire ici, Marat ? Avec une figure ſi ingrate, un phyſique ſi debile, vous fréquentez le bordel ? Vous n’ignorez pas que vous en êtes exclus.

Marat.

Ce n’eſt pas, Monſieur pour y foutre ; je viens me préſenter pour gamahucher les cons des femmes, & le cul des hommes, afin de gagner quelqu’argent, ma feuille ne me rapportant plus rien ; car, M. d’Anton il faut que je vive.

d’Anton.

Je n’en vois pas la néceſſité, vous-êtes un trop mauvais ſujet.

Marat.

Je me corrigerai.

d’Anton.

A la bonne heure. Mais vous n’êtes pas aſſez bien conſtitué pour enculer. Aimez-vous être enculé ?

Marat.

C’eſt pour moi le plaiſir le plus délicieux.

D’Anton.

Oh bien, mon cher Marat, on vous admet ; vous ſavez que je vous ai toujours aimé, toujours protégé contre le châtelet & la Commune, je vais vous donner une preuve plus évidente encore de mon attachement. Je vais vous enculer, mais vous enculer de la bonne maniere.

Marat (baiſſe ſa culotte preſente ſon cul.)
D’Anton (met ſon engin dans le cul de Marat.)


Marat.

Ah ! M. d’Anton, vous m’avez toujours voulu du bien. Quelles délices ! Pouſſez, pouſſez, M. d’Anton.

D’Anton.

Ne remuez le cul que quand je vous l’aurait enfilé.

Marat, (immobile.)

Je vous attends.

D’Anton (enfile le cul de Marat.)
Marat.

Ah ! ah ! ah ! ah ? Quelle volupté ! je vous reconnois pour mon bienfaiteur. Vous m’avez fait gagner beaucoup d’argent quand vous avez fait l’Ami du Peuple ſous mon nom, & que vous avez protégé ma liberté contre Boucher d’Argis, la Fayette & Bailly, aujourd’hui vous me foutez en cul, vous mettez le comble à ma ſatisfaction, vous ſurpaſſez tous mes deſirs.

D’Anton.

Il faut ſe rendre ſervice dans la vie ; vous ne ſavez pas écrire. Vous ſeriez mort de faim ſi je n’avois pas fait votre Ami du Peuple, votre Moniteur, votre Offrande à la Patrie, & votre Dénonciation de Necker; d’ailleurs j’étois bien aiſe de calomnier les gens que je n’aimois point. Vous en aviez bien le deſir ; mais il vous en manquait le talent.

Marat.

Je n’ai jamais écrit que ſous les charniers pour les porte-faix & les poiſſardes. Votre plume m’a donné de la réputation comme votre foutre me donne du plaiſir. Ah ! vous êtes en vérité un homme divin.

D’Anton.

Je veux vous rendre encore d’autres ſervices, il eſt fâcheux pour vous que vous ayez une ſi triſte figure, une taille ſi ingrate, un tempérament ſi foible.


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SCENE VI.

Mlle. THÉROIGNE, D’ANTON, MARAT.

Mlle. Théroigne.

Que foutez-vous donc ici ?

D’Anton.

Je viens de foutre ce ſinge. (en montrant Marat.)

Mlle. Théroigne (ſautant à la culotte de d’Anton.)

Nous ferons ſans doute quelque choſe enſemble.

D’Anton.

Je ne ſuis pas ici pour ne rien faire, j’ai foutu en cul, ce n’a été qu’en attendant partie. Allons, mademoiſelle, trouſſez vos jupes, & montrez-moi la perruque de votre con.

Marat.

Je ne m’y oppoſe pas certainement, mais je veux m’aſſurer auſſi.

D’Anton.

Comment ?

Marat.

Je veux gratter le con de mademoiſelle, & le gamahucher, enſuite je vous gamahucherai auſſi le cul, M. d’Anton.

Mlle. Théroigne. (trouſſée.)

Est-ce là un beau con bien bordé, bien fleuri ?

D’Anton (tirant ſon vit, ſe diſpose à foutre la Théroigne.)

Vous allez être bien ſervie.


(Marat ſe met deſſous d’Anton & la Théroigne, & avec ſa langue pompe le foutre des fouteurs, & gamahuche le vit & le con.)


La Théroigne.

Que faites-vous, Marat ?

Marat.

Je prends mon plaiſir comme vous prenez le vôtre. N’eſt-ce pas ici le Bordel patriotique, tout citoyen n’y eſt-il pas libre ? ah ! ſi je pouvois foutre, je ſerois plus ſatisfait.

La Théroigne.

Par plaiſir je vais eſſayer de te faire bander, en te foutant le fouet.

Marat.

Vous feriez un miracle, il y a plus de vingt ans que je ne ſais de quel ſexe je ſuis, j’ai beau me ſecouer le vit, le bougre ne veut pas ſe redreſſer.

La Théroigne.

Pourquoi venir au bordel, avec une impuiſſance ſi avérée ?

Marat.

Je n’y viens point pour foutre, mais pour être foutu & lêcher les vits, les cons, ou gamahucher des culs, ne vous l’ai-je pas déjà dit, foutue putain ?

D’Anton.

C’eſt encore quelque choſe.

La Théroigne (prenant des verges fout le fouet à Marat)
Marat.

Fouettez plus doucement.

D’Anton.

Appuyez, appuyez, la bête eſt dure.

Marat.

Doucement & Long-temps.

La Théroigne.

Croyez-vous qu’il n’y a que vous qui deviez ici prendre du plaiſir ?

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SCENE VII.

LES ACTEURS PRÉCÉDENS ; MIRABEAU l’AINÉ, Mme. LE JAY.

Mirabeau.

Le plus grand plaiſir de la vie eſt de ſe divertir librement & publiquement. Vous me procurez, madame, les plus doux délaſſemens chez vous. Pendant les longues abſences de votre mari, j’ai l’honneur de vous le mettre fort à mon aiſe, & de le cocufier à mon loiſir ; mais il n’eſt rien de tel que de jouir avec ſes compatriotes, & de diverſifier ſes jouissances.

Mme. le Jay.

Vous avez raiſon, mon ami.

Mirabeau.

En vous conduiſant ici, mon deſſein n’eſt pas de vous être infidele ; mais de vous apprendre que preſque toutes les femmes ſont, comme vous des putains, que les hommes ſont des maquereaux, des enculeurs, des bougres, des fouteurs, des gamahucheurs. Avant de vous foutre en con, je, veux vous enculer.

Mme. le Jay.

Ah ! monſieur Mirabeau j’aimerois mieux l’un que l’autre. Tous mes déſirs ſont dans mon con. C’eſt en cet endroit que ma rage réſide. Continuez à m’enfiler le vagin, laiſſez-là mon poſtérieur.

Mirabeau.

Ah ! Madame il faut goûter de tout. Qui ne mange que d’un pain ne connoît pas le prix d’un autre. Ne vous fachez pas : vous ſerez foutue & enculée.

Mme. le Jay.

Commencez par le devant.

(Mirabeau enfile madame le Jay, & d’Anton encule Mirabeau.)
Mirabeau.

Fort bien allons, poussons chacun de notre côté, M. d’Anton, je vais jouir doublement.

(Marat prend des verges, &
fouette Mirabeau, madame le Jay, la Théroigne fouette Marat.)

Le Cirque retentit de cris voluptueux de trémoussement convulſifs.

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SCENE VIII.

LES ACTEURS PRÉCÉDENS, LES DEUX FRERES LAMETH, L’ÉVESQUE D’AUTUN.


L’Évêque d’Autun.

Nous voilà bien arrivés, prenons part à la fête.

Les frères Lameth, l’Évêque d’Autun.

Enculons-nous. (Ils s’enculent, Charles Lameth branle le vit à l’évêque qui fait des grimaces de bougre, en criant :) Vive la liberté, vive le pacte fédératif. On eſt doublement uni, quand on l’eſt par derrière & pardevant.

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SCENE IX.

LES MÊMES ACTEURS, DES MILLIERS DE SPECTATEURS, BAZIN.


Le Chapelier à l’Évêque

Vous parlez bien : pendant que M. Lameth tient & manipule votre goupillon, je vais vous enculer.

L’Evêque.

Vous me ferez plaiſir.

Le Chapelier.

Ce n’eſt qu’à charge de revanche. Je veux être enculé à mon tour.

L’Evêque.

Rien de plus juſte. Je ferai votre affaire.

Bazin.

Vous ne pouvez, Monſieur, avoir deux plaiſirs conſécutifs pendant que je ne ferai rien. C’eſt moi qui vais enculer M. le Chapelier.

Le Chapelier.

Cela m’est égal, je ne fais acception de perſonne, pourvu que je le ſois de la bonne maniere. Un vit en vaut un autre, quand il eſt ferme & vigoureux.

(Bazin encule le Chapelier.)

Tous les Fouteurs, les Enculeurs, les Gamahucheurs & les Putains ſe tiennent par le cul. Les Spectateurs foutent & s’enculent auſſi.


On chante.




VAUDEVILLE.

Air : Chantez, danſez, amuſez-vous.


Mlle. Theroigne.

     Si je n’ai pas le bras de Mars,
Pour défendre notre patrie,
Je m’expoſe à tous les hazards,
Je fuis maîtresse en fouterie ;
Je donne aux deux ſexes leçon ;
Je fous en cul tout comme en con.


La Reine.

     Je me fous de ma majeſté,

Pourvu qu’on me fasse bien aiſe :
Plus d’une Reine a tout quitté,
Pour foutre ardemment à ſon aiſe ;
J’ai fait le Roi cent fois cocu,
Eſt-il moins gras & moins dodu ?


La Fayette.

     Quand on eſt libre on fout par-tout,
Un beau vit éclaircit la vue
L’argent n’eſt rien, mais foutre eſt tout,
Alors on n’a point la berlue.
Foutons tous juſques à demain,
C’eſt du bonheur le vrai chemin.


Bailly.

     Moi, triple Académicien.
Je ris de la magiſtrature :
J’aime bien mieux d’un beau conin.
Tâter la douce chevelure.
Les grandeurs & l’or ne ſont rien,
Un cul, un con ſont le vrai bien.


Bazin.

     Si j’ai rencontré la grandeur,
Ce n’eſt, ma foi, qu’avec ma pine ;
Les putains ont fait mon bonheur,
Je foutois toute Messaline.
Je deſirois les plus grands rois.
La Reine connoît mes exploits.


Monsieur.

     La jouissance eſt un beau don,
C’eſt pour l’homme un charme céleſte,
Elle eſt fille de la raiſon,
Elle n’offre rien de malhonneſte
C’eſt un plaiſir toujours nouveau,
Qui nous ſoulage le boyau.


Madame de Balby.

     J’en fais porter à mon mari,
Et c’eſt pour éveiller ſa flamme ;
Mais j’ai beau faire il eſt tranſi,

Il eſt ſans vigueur & ſans ame :
Mangeant le pain d’un corbillon,
On ne ſait pas ſi l’autre eſt bon.


Les Lameth.

     Issus tous deux du même ſang.
Amis, & ſi l’on veut, bon freres,
Nous rejettons les biens, le rang,
En amours nous ſommes contraires.


Charles Lameth.

     Pour moi je ne fous qu’en teton,
Et mon frere ne fout qu’en con.


Mirabeau l’aîné.

     Je fus toujours un libertin,
Un charlatan plein de paroles ;
Mais c’eſt ſur-tous ſous l’Arétin
Qu’on me diſtingua dans l’école,
Je n’ai point de vertu de foi,
Et rien ne ſe meſure à moi.


Madame le JAY.

     Le plus grand cornard des maris,
C’eſt mon époux, je vous l’assure.
Il ſe croit un bel Adonis,
Quoiqu’un vrai péché de nature.
Si mon mari n’eſt qu’un butor,
Mirabeau me conſole encor.


Le chapelier.

     Sans bien, ſans amis, ſans eſpoir,
Je végétois dans la Bretagne ;
C’eſt à preſent qu’il faut me voir.
Je fous & fable le Champagne ;
Je ſuis ennemi du Clergé,
Et j’encule ici mainte Hébé.


L’Evêque D’Autun.

     Je ſuis partiſan des plaiſirs,
Aux citoyens je ſuis propice ;
J’ai couronné tous leurs deſirs,

J’ai dévoilé mainte injuſtice,
Et malgré tant de vains débats,
J’ai confondu tous les Prélats.


d’Anton.

     J’ai plaidé comme un inſenſé,
Pour un plat auteur famélique ;
Il méritoit d’être chassé,
Ecraſé de cent coups de trique.
Marat n’eſt qu’un eſcroc brutal,
Qui de tout ne dit que du mal.


Marat.

     Je ſuis le plus vil avorton,
Un gredin, né pour l’impoſture,
Je gamahuche un cul, un con,
Je péche contre la nature.
Recevez de moi des leçons,
Vous périrez ſous les bâton.


FIN.