Paul Ollendorff (p. 47-48).
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XXVII


Mars,
concert Lamoureux.


Son regard me disait : ne soyez pas si triste ;
Si vous m’aimez beaucoup, si votre amour persiste,
Si j’ai bien votre cœur patient et soumis,
Je vous tendrai la main comme à tous mes amis.
Mais vous me promettez de cacher votre peine.
Nous causerons très peu, vous me verrez à peine.
Oh ! je n’ai pas besoin de votre dévouement ;
Je suis heureuse et belle, aimez-moi seulement ;

Et je vous donnerai peut-être du génie,
Si vous m’appartenez par l’amour infinie. —
Et moi, comme un enfant, je répondais tout bas :
Regardez-moi longtemps pour que je sois moins las
De l’imperfection des êtres et des choses.
Lorsque vos yeux sont durs, j’écris des vers moroses.
Regardez-moi longtemps, et de cette façon,
Afin qu’en vous quittant je fasse une chanson.
Par les livres d’amour qui vous ont attendrie,
Par les vieux Maîtres morts qui vous auraient chérie
Par tous les noms fameux qu’on aime à murmurer,
Soyez douce à l’obscur qui veut vous célébrer.