Paul Ollendorff (p. 2-3).
◄  I
III  ►



II


Janv.


Je suis comme Ruy Blas amoureux de la reine,
            Mais la reine ne m’aime pas.
Elle a les yeux très noirs, un carrosse la traîne,
            Un grand laquais suit tous ses pas.

On la rencontre peu ; c’est une femme honnête.
            On ne croit pas à son bonheur ;
On conte qu’elle lit des livres de poète,
            En attendant son dur seigneur.


Elle lit les aveux des autres, toute seule,
            Son brin de pied sur les chenets ;
Elle a des colibris, une chienne épagneule,
            Mais elle aime mieux les sonnets.

Des rimeurs ont distrait la blonde souveraine ;
            Que n’ai-je la gloire ici-bas !…
Je suis comme Ruy Blas, amoureux de la reine,
            Mais la reine ne m’aime pas.