Boissons alcooliques et leurs falsifications/Lettres

Typographie de F. H. Proulx (p. 3-4).

LETTRE DE L’AUTEUR
Au Révd. Messire Al, Mailloux. Ptre., V. G.


Monsieur le Grand Vicaire,

J’ai l’honneur de vous envoyer l’humble travail que j’ai fait sur la composition des différentes boissons alcooliques qui se vendent actuellement à Québec. C’est une œuvre de patience plutôt qu’une production scientifique ; je puis vous assurer néanmoins que les chiffres que je donne sont rigoureusement vrais ; l’exactitude de mes avancés est garantie, et cette garantie, c’est l’approbation entière de mon professeur de chimie. Quant à ce qui n’est pas du domaine des chiffres, je l’ai puisé dans les écrits des plus grands chimistes de nos jours ; enfin, je puis vous assurer qu’il n’y a rien de hasardé dans ce travail ; c’est la science qui m’a guidé dans toutes ces recherches.

Pardonnez-moi maintenant, Monsieur le Grand-Vicaire, si j’ose vous dédier cette première production de ma plume encore novice ; ce n’est pas un honneur pour vous, mais en revanche c’est un honneur bien grand pour moi. Veuillez donc accepter ma faible offrande comme un témoignage sincère de l’estime que je porte à ce véritable citoyen, à ce prêtre vénéré dont la vie entière est consacrée à cette noble cause de la tempérance qui ne peut que triompher, défendue comme elle est par une voix si puissante et si bien connue……

Québec, 4 avril 1867.


RÉPONSE DU
Révd. Messire Al. Mailloux, Ptre., V. G.

St. Charles, 7 avril 1867.
Mon jeune et bien cher ami,

J’ai reçu copie de votre savant et très excellent travail sur la falsification des boissons alcooliques que l’on vend à Québec. Je prise beaucoup ce travail parce qu’il est de nature à ouvrir les yeux de ceux qui veulent se rendre compte des indignes supercheries dont on fait usage envers la société et des vols scandaleux que l’on commet dans cette branche du commerce.

Je suis très flatté de ce que vous avez eu l’idée de me dédier ce travail d’un jeune compatriote qui, par son travail, sa science et son intelligence deviendra une de nos gloires canadiennes et mettra son nom à côté du nom de celui dont il a reçu le jour. C’est bien, mon jeune ami, de marcher sur les traces d’un homme aussi digne que le Dr. Landry. Vous ferez le bonheur de ses vieux ans, et il quittera ce monde avec cette consolation que son nom continuera d’être béni et honoré, en ce monde, dans la personne de son fils.

……

Recevez, mon jeune ami, mes remerciements de cœur, et croyez-moi pour la vie,

Votre tout dévoué
Al. Mailloux. Ptre.
Ph. Landry, Préparateur du cours de chimie, etc., etc.