Boileau - Œuvres poétiques/Chansons/Autre sonnet sur le même sujet

VII

SONNET SUR UNE DE MES PARENTES QUI MOURUT TOUTE JEUNE ENTRE LES MAINS D’UN CHARLATAN.

Nourri dés le berceau près de la jeune Orante,
Et non moins par le cœur que par le sang lié,
A ses jeux innocens enfant associé,
Je goûtois les douceurs d’une amitié charmante ;

Quand un faux Esculape, à cervelle ignorante,
A la fin d’un long mal vainement pallié,
Rompant de ses beaux jours le fil trop délié,
Pour jamais me ravit mon aimable parente.

Ah ! qu’un si rude coup me fit verser de pleurs !
Bientôt, la plume en main signalant mes douleurs
Je demandai raison d’un acte si perfide.

Oui, j’en fis dès quinze ans ma plainte à l’univers ;
Et l’ardeur de venger ce barbare homicide,
Fut le premier démon qui m’inspira des vers.