Blancheurs nocturnes

Poèmes lyriquesC. Marpon et E. Flammarion, éditeurs (p. 221-222).


BLANCHEURS NOCTURNES


 
Hier la plage était une plaine aveuglante
Sous l’œil évocateur de la lune en son plein,
Et l’océan rampait, avec sa force lente
Au frisson déferlant de son reflux félin. —

Hier la nuit vivante était l’apothéose,
Dans son intensité, de nos rêves vivants ;
La nature berçait d’un calme grandiose
Le repos fugitif des vagues et des vents.

Et vous vous étaliez, nappes d’argent fluide
Dans des brumes d’opale, et les brouillards lactés
Roulaient, pli sur pli, flot sur flot, ride sur ride,
Le voile diaphane où vibraient vos clartés.


Et nous, passants d’un jour, fantômes du grand songe,
Nous avons vu surgir dans ton clair tremblement,
Gouffre où naît toute étoile, où tout rayon se plonge
Un éden sidéral, mystérieusement…