Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/Le Père, la Mère, et la Fille

V

le père, la mère, et la fille



Il y avait, une fois, un homme qui dit à sa femme et à sa fille :


— « Allons à notre vigne manger des raisins. »

Quand ils furent à la vigne, l’homme avala les raisins à pleine bouche. Mais sa femme et sa fille ne les mangeaient que grain par grain.

Une fois repu, l’homme cria :

— « Vite, vite. Retournons à la maison.

— Non. Nous voulons encore manger des raisins.

— Vite, vite. Retournons à la maison.

— Non. Nous voulons encore manger des raisins. »

Alors, l’homme partit seul, et s’en alla dire à son chien :

— « Chien, va mordre ma femme et ma fille.

— Homme, je ne veux pas mordre ta femme et ta fille. »

Alors, l’homme prit un bâton, pour frapper le chien.

Mais le bâton dit :

— « Homme, je ne veux pas frapper le chien. »

Alors, l’homme jeta le bâton au feu.

Mais le feu dit :

— « Homme, je ne veux pas brûler le bâton. » Alors, l’homme dit à l’eau :

— « Eau, éteins le feu.

Mais l’eau dit :

— Homme, je ne veux pas éteindre le feu. « 

Alors, l’homme dit à ses bœufs :

— « Bœufs, buvez l’eau.

Mais les bœufs dirent :

— Homme, nous ne voulons pas boire l’eau. »

Alors, l’homme dit au boucher :

— « Boucher, tue mes bœufs.

Mais le boucher dit :

— Homme, je ne veux pas tuer tes bœufs. »

Alors, l’homme prit des liens, pour lier ses bœufs au joug.

Mais les liens dirent :

— « Homme, nous ne voulons pas lier tes bœufs au joug. »

Alors, l’homme dit au rat :

— « Rat, ronge les liens.

Mais le rat dit :

— Homme, je ne veux pas ronger les liens. »

Alors, l’homme dit au chat :

— « Chat, mange le rat. »

Le chat, veut manger le rat.

Le rat, veut ronger les liens.

Les liens, veulent lier les bœufs au joug.

Le boucher, veut tuer les bœufs.

Les bœufs, veulent boire l’eau.

L’eau, veut éteindre le feu.

Le feu, veut brûler le bâton.

Le bâton, veut battre le chien.

Le chien, veut mordre la mère et la fille.

La mère et la fille, veulent retourner vite, vite, à la maison[1].

  1. Dicté par Catherine Sustrac, de Sainte-Eulalie, commune de Cauzac (Lot-et-Garonne).