Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/La Truie pendue

I

la truie pendue



Les gens de Marsolan[1] ont toujours été glorieux comme des poux sur une chemise blanche. Autrefois, les consuls[2] du village avaient droit de justice haute et basse, et pouvaient juger à mort ; mais l’occasion ne se présentait jamais.

Un jour, une truie nourricière blessa un enfant, d’un coup de museau. Que firent alors les consuls de Marsolan ? Ils s’assemblèrent, sous le porche de l’église, firent amener la truie, et la condamnèrent à mort.

Le bourreau de Condom, fut mandé, avec sa potence, pour pendre la truie le lendemain ; et les consuls firent publier que ceux qui auraient des bêtes porcines, les amenassent au pied de la potence, quand la truie serait pendue.

Il fut fait comme les consuls avaient dit. Quand le bourreau passa la corde au cou de la truie, tous les gens de Marsolan tombèrent sur leurs porcs, à grands coups de bâton, en criant :

— « Exemple, exemple, cochonnaille[3] ! »

  1. Commune du canton de Lectoure (Gers).
  2. Avant la Révolution, on nommait ainsi, officiellement, les magistrats municipaux dans une partie de la Gascogne. L’usage maintient encore cette appellation.
  3. Dicté par M. Boubée-Lacouture, mort juge au tribunal de Lectoure.