Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/La Leçon de Jeannet
V
la leçon de jeannet
l y avait, une fois, au Génébra[1], un
métayer fort simple d’esprit, qui s’appelait
Jeannet. Ce métayer avait vendu une
paire de bœufs, à la foire de Fleurance ; et il
allait partir, pour partager l’argent avec son
maître, un dimanche, après la messe de paroisse.
Mais la femme de Jeannet, qui était fort avisée,
lui fit la leçon de la manière que voici.
— « Tu te présenteras honnêtement à la maison du maître, tu ôteras ton chapeau, et tu salueras jusqu’à terre.
— Bonjour, Monsieur, diras-tu.
— Adieu, Jeannet, dira-t-il.
— Êtes-vous bien portant, Monsieur ? diras-tu.
— Beaucoup, Jeannet, dira-t-il.
— J’ai vendu les bœufs, Monsieur, diras-tu.
— Combien, Jeannet ? dira-t-il.
— Cent écus, Monsieur, diras-tu.
— Fort bien, Jeannet, dira-t-il.
— En voilà cinquante, Monsieur, diras-tu.
— C’est mon compte, Jeannet, dira-t-il.
— Il faut boire un coup, Jeannet, dira-t-il.
— Merci, Monsieur, diras-tu.
— Si, Jeannet, dira-t-il.
— À votre santé, Monsieur, diras-tu[2]. »