Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886/Le Bon Dieu et le Vacher
le bon dieu et le vacher
n jour, le Bon Dieu s’habilla comme un
pauvre, prit une besace et un bâton, et
s’en alla dans la Montagne[1], demander
la charité pour l’amour de Dieu et de la sainte
Vierge Marie. Mais partout on l’insultait sans
lui rien donner, et on lui lâchait les chiens dans
les jambes. Au coucher du soleil, le Bon Dieu
n’avait encore rien mangé. Alors, il s’arrêta devant
la porte de la cabane d’un pauvre vacher.
— « Vacher, je suis las. Je n’ai pas encore mangé d’aujourd’hui. Fais-moi souper, et loge-moi cette nuit, pour l’amour du Bon Dieu et de la sainte Vierge Marie.
— Entre, pauvre. Je tâcherai de te contenter. »
Le Bon Dieu entra dans la cabane et s’assit. Alors, le vacher tua un veau, et le fit cuire. Après souper, le Bon Dieu prit un des os du veau tué, et dit :
— « Vacher, prends tous les autres os de ton veau, et range-les dehors, sur la porte de ta cabane. »
Le vacher obéit. Cela fait, il donna la moitié de son lit au Bon Dieu, et s’endormit à côté de lui.
Au lever du soleil, le vacher était debout. Le veau qu’il avait mangé la veille, avec le pauvre, paissait devant la cabane, une clochette au cou. Cette clochette avait pour battant l’os que le Bon Dieu avait mis à part la veille.
Le hameau voisin de la cabane fut noyé, en punition de la méchanceté de ses habitants. Maintenant, on voit un lac à la place[2].