Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/La Peyre-Longue de Sainte-Colombe
III
la peyre-longue de sainte-colombe
Sainte-Colombe, il y a une autre Pierre
longue (menhir), sur la rive gauche du
Laudon, et à gauche du chemin qui relie
Saint-Sever à Hagetmau. Certains disent qu’une
fée aurait déposé là cette pierre, qui saute sur
elle-même autant de fois que midi frappe de coups.
Voici ce qu’on croit plus généralement.
Une femme s’en allait un jour à Dax, cette Pierre sur la tête, tout en filant sa quenouille. À Sainte-Colombe, elle rencontra une fée.
— « Femme, où allez-vous ?
— Je vais porter cette pierre à Dax.
— Dites donc si à Dieu il plaît[1].
— Que cela lui plaise, ou ne lui plaise pas,
Pierre-Longue à Dax ira.
— Et donc, posez-la par ici.
Tant qu’il ne plaira pas au Bon Dieu,
Peyre-Longue ne sortira pas d’ici. »
La femme fit ce qu’ordonnait la fée, et déposa sur la pierre sa quenouille et son fuseau.
On en dit autant à propos d’un tronçon de colonne de marbre, que je crois être un fragment de colonne milliaire, et qui se trouve à un carrefour où se croisent plusieurs chemins, près de Saubusse. Les paysans s’imaginent que cette Peyre-Longue a le pouvoir d’amener la pluie et le beau temps, selon qu’elle est couchée ou debout. En conséquence, ils la couchent ou la redressent, suivant qu’ils désirent l’eau ou le soleil[2].
- ↑ En patois landais, six vers, transcrits d’après l’orthographe de Dompnier de Sauviac, dont je ne me rends pas responsable.
— Disets dounc si Diou plats.
— Qué plazi ou né plazi pas,
Peyreloungue à Dax qu’anira.
— Paouzatz lé aquiou,
Tant qué né plazi pas à Diou
Peyreloungue ne sourtira pas d’aciou. - ↑ Dompnier de Sauviac, Chroniques de la Cité et du Dlocèse d’Acqs, I, p. 21-22.