Biographies de l’honorable Barthélemi Joliette et de M le Grand vicaire A Manseau/Chapitre XIII

XIII.

Construction du moulin.


Malgré les neiges et les frimas, malgré les tempêtes de l’hiver, la hache ne cessait son travail d’impitoyable destruction. La forêt cernée de toutes parts, attaquée par tant d’ennemis, tombait entre-mêlée, interceptant tout paysage à travers ses immenses ruines. Les plus gros arbres jugés propres à la construction étaient coupés en billots ; puis, traînés sur l’emplacement des édifices projetés.

C’est là, que des ouvriers actifs fabriquaient les madriers, les planches et les bardeaux, etc., etc.

Non loin de l’emplacement du moulin qu’il s’agissait de bâtir, et en descendant le cours de la rivière, s’étendent sur ses bords, de vastes carrières de pierre calcaire d’une qualité supérieure. Elles furent exploitées immédiatement et fournirent les matériaux nécessaires à la construction du moulin.

Les cent ouvriers que M. Joliette avait sous ses ordres firent tant de diligence que la bâtisse fut achevée, l’année suivante.

Mais cette œuvre avait coûté bien des travaux, occasionné beaucoup de sacrifices. Il avait fallu asseoir, élever une digue puissante pour intercepter le cours de la rivière, afin que son niveau fût en harmonie avec le mécanisme des moulins dont elle allait régler la force motrice.

Cette entreprise conduite par M. Joliette, dont l’œil attentif veillait scrupuleusement à l’exécution des plans médités et mûris à l’avance, s’exécuta en quelques semaines.

L’on peut juger de sa solidité, lorsqu’on se rappelle que, depuis cinquante ans, cette chaussée est restée inébranlable : — résistant chaque année, à l’inondation des eaux refoulées par la pression de milliers de billots qu’entasse sur ses jetées, la rapidité du courant.

Dans l’automne de 1824, un moulin à farine et un moulin à scie fonctionnaient parfaitement dans cette bâtisse dont nous avons parlé, et que devait enrichir plus tard, plus d’une manufacture.

La plus grande activité régnait dans tout le chantier de M. Joiiette.

Tandis qu’un parti de travailleurs abattaient les pins superbes, les longues épinettes et les cèdres odorants pour fournir un aliment quotidien aux scies rapides du moulin, d’autres pionniers traçaient hardiment les routes : artères indispensables qui devaient amener jusqu’au cœur de l’Industrie, la richesse et la vie des populations d’alentour.