Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/RHODES (Alexandre de)

Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843
Tome 35 page 529

RHODES (Alexandre de)


RHODES (Alexandre de), jésuite avignonnais, missionnaire, naquit le 15 mars l591. Étant entré dans la compagnie, il alla étudier la théologie à Rome, et après quatre ans de sollicitations, obtint en 1618 la permission de partir pour les Indes. Il fit par terre le voyage de Lisbonne, où il s’embarqua le 4 avril 1619. Arrivé à Goa au mois d’octobre, il pensait à la mission du Japon ; ses supérieurs le retinrent quelque temps ; il apprit le canarin, et ce ne fut qu’après trois ans qu’ils lui permirent de voguer vers les Iles où tendaient ses vœux. Après avoir abordé à différents endroits des Indes, il atterrit à Macao en 1623. Il employa un an à se rendre la langue du Japon familière ; mais les nouvelles que l’on reçut de cette contrée ne laissant plus l’espoir d’y pénétrer, on l’envoya en Cochinchine avec plusieurs de ses confrères. Après un séjour de six mois dans cette contrée, il fut en état de prêcher. La plus grande partie du travail de la mission tomba sur lui, et fut d’autant plus pénible que des persécutions vinrent l’entourer. Au bout de dix-huit mois de séjour à la Cochinchine, il fut chargé en 1627 de prêcher la foi au Tonkin ; il y gagna la confiance de plusieurs grands personnages et même celle du roi. Plus tard, les cabales des eunuques la lui feront perdre, et le monarque rendit un édit foudroyant contre la religion chrétienne. Il défendit au P. de Rhodes de répandre sa doctrine et lui enjoignit de quitter ses États. De Rhodes passa dix ans à Macao, où il professa la théologie, parcourant de temps en temps la province de Canton. En 1640 il fut renvoyé à la Cochinchine. Une persécution y interrompit ses travaux ; il fut obligé de s’absenter deux fois, et enfin arrêté, trainé devant les tribunaux, il fut condamné a mort ; mais on se contenta de le bannir (1646). Ses confrères, jugeant que ce serait une témérité de le faire partir de nouveau pour la Cochinchine, l’invitèrent à retourner en Europe. Étant à Java, il y fut arrêté pendant qu’il disait la messe chez un particulier : on le mit en prison, et il n’en sortit que pour s’embarquer sur un navire partant pour Macassar. Il revint par Bentam et descendit à terre à Surate ; en 1618 il débarqua sur la côte de Perse, et, en traversant ce royaume, rencontra Laboullaye le Goux ; puis il alla, par l’Anatolie et l’Arménie, à Smyrne, où il prit par mer la route de Gènes. Après trois ans de séjour à Rome, il vint à Paris faire les préparatifs d’un voyage qu’il avait proposé d’entreprendre en Perse. Il l’effectua, passa plusieurs années dans ce pays et y mourut le 5 novembre 1660. On a du P. de Rhodes : 1° Dictionnarium annamiticum, lusitanum et latinum. Rome, 1651, in-4 ; 2° Catechismus latinotunchinensis, ibid., 1652, in-4o. — En italien : 3° Histoire du royaume de Tunquin et des grands progrès que la prédication de l’Evangile y a faits, ibid., 1650, in-4o ; traduit en français par Albi, Lyon, 1651, in-4o, et en latin, ibid., 1652 ; 4° Relation de la mort glorieuse de St-André de Cochinchine, décapité pour la foi, Rome, 1652, in-8o ; traduit en français, Paris, 1653, in-8o ; 5° Relation de la bienheureuse mort du P. Antoine de Rabini et de ses compagnons martyrises au Japon, Rome, 1652, in-8o ; traduit en français, Paris, 1653, in-8o. — En français : 6° Relation des progrès de la foi au royaume de Cochinchine, Paris, 1652, in-12 ; 7° Sommaire de divers voyages et missions apostoliques de 1618 à 1653, ibid., 1653, in-12 ; 8° Divers voyages et missions en la Chine et autres royaumes de l’océan, avec le retour en Europe par la Perse et l’Arménie, ibid., 1653, in-4o ; 9° Relation de ce que les Pères de la compagnie de Jésus ont fait au Japon en 1649, ibid., 1655, ln-12 ; 10° Relation de la nouvelle mission en Perse, 1659, in-12. E-s.