Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/BAUDOUIN (Jean)
Tome 3 page 288
BAUDOUIN (Jean)
BAUDOUIN, ou plutôt BAUDOIN (Jean), né à Pradelle, dans le Vivarais, après avoir fait ses études et quelques voyages, vint se fixer à Paris. Il fut lecteur de la reine Marguerite, et membre de l’Académie française dès sa formation. Il a laissé plus de soixante ouvrages, parmi lesquels un grand nombre de traductions : on en trouve la liste dans l’Histoire de l’académie française, par Pellisson et d’Olivet, et dans les t. 12 et 20 du P. Niceron. Ses traductions de Xiphilin (et non de Dion Cassius, comme on l’a écrit), de Suétone, de Velléius Paterculus, de Salluste, de Tacite, du Tasse, de Davila, de Bacon, d’Achille-Tatius, de Lucien, etc., ne sont guère estimées. Baudoin savait l’italien, l’espagnol, l’anglais ; mais comme il travaillait propter famem non famam, lorsqu’il était pressé, il ne faisait que retoucher les traductions faites avant lui, et changer les expressions et les tours qui n’étaient plus à la mode, sans recourir à l’original. Au reste, son style, au jugement de Pellisson, est facile, naturel et français. Il publia sa traduction de Xiphilin sous ce titre : l’Histoire de Dion Cassius de Nicée, concernant les vies de vingt-six empereurs, etc., abrégée par Xiphilin ; revue, corrigée et illustrée d’annotations et maximes politiques, par Antoine de Bandole, 1610, in-4o. Les traductions que Cousin et Bois-Guillebert ont données de cet ouvrage ont fait oublier celle de Baudoin, qui publia, sous le même nom de Bandole, les Parallèles de César et de Henri IV (alors vivant), à la tête de la traduction des Commentaires de César, par Blaise de Vigenère, 1609, in-4o. Les seuls ouvrages de Baudoin qui aient quelque prix aujourd’hui sont : 1° Iconologie, ou Explication de plusieurs images, emblèmes et autres figures hiéroglyphiques, tirée de César Bipa, Paris, 1636, in-fol. ; 1643, in-4o ; 1698, 3 vol. in-12 ; 2° Emblème avec des Discours moraux qui peuvent servir d’explication, Paris, 1648-46, 3 vol, in-8o, avec des figures gravées par Briot, réimprimées avec de fort mauvaises gravures sous ce titre : Recueil d’emblèmes, ou Tableaux des sciences et des vertus morales, 3 vol. in-12. Baudoin mourut en 1650, âgé de plus de 60 ans. (Voy. Boissat.)
BAUDOUIN (Marie-Aglaé, madame), née à Carouge, le 22 mai 1764, morte le 22 octobre 1816, a publié : 1° la Petite Cendrillon, ou Histoire d’une jeune Orpheline, Paris, 1820, in-18° ; 2° le Coin du jeu de la bonne Maman, 4e édition, Paris, 1821, 2 vol. in-18, fig.
BAUDOUIN (François-Jean), imprimeur-libraire, naquit à Paris, en 1759. Son père, Pierre-Antoine, gendre de François Boucher, premier peintre de Louis XV, et ancien directeur de l’académie de peinture et de sculpture, était membre et professeur de cette académie. François Baudoin, élu député suppléant du tiers état aux états généraux, dut à cette circonstance l’avantage d’être nommé imprimeur de l’assemblée nationale, privilège qu’il continua d’exercer pour les assemblées législatives jusqu’en 1809. Il fut autorisé à qualifier sa maison d’imprimerie nationale. Ce titre, qui rivalisait avec celui de l’imprimerie royale, et paraissait même devenir le premier, déplut à la cour. Mandé par le garde des sceaux, Hue de Miromesnil, pour recevoir la défense d’employer cette qualification, Baudouin refusa d’y obtempérer, résistance qui alors était sans danger. Baudouin, en adoptant les principes de la révolution avec toute la chaleur d’un jeune homme, fut toujours étranger à ses excès, et montra autant de courage pour sauver des victimes que de désintéressement personnel. Nous qui l’avons connu en 1820, âgé de près de soixante-douze ans, nous avons reconnu chez lui cette verdeur, cette jeunesse de caractère qui inspirent les actions les plus généreuses. Dans les derniers jours de juin 1789, il préserva de la fureur d’une multitude égarée l’archevêque de Paris, assailli de pierres sur la place Dauphine, à Versailles. Ce prélat était accusé d’avoir, étant à Marly, supplié le roi de dissoudre l’assemblée nationale. Le 22 juillet suivant, Baudouin fut moins heureux dans une circonstance pareille. Il avait été chargé, avec quelques autres électeurs, de la garde de l’intendant Foulon, qu’on venait d’amener à l’hôtel de ville de Paris. Il s’exposa en vain pour remplir cette mission ; ni ses efforts, ni ceux de ses collègues, que soutenaient la présence de Lafayette et les exhortations du curé de St-Étienne-du-Mont, ne purent sauver le proscrit, qu’une populace furieuse vint chercher jusque dans les bras de ses gardiens ; et ceux-ci faillirent être eux-mêmes les victimes de leur humanité. Dans la nuit des 5 et 6 octobre, Baudouin sauva encore un garde du corps à Versailles, en le cachant dans ses ateliers. L’établissement du Logographe, en 1791, indisposa les factieux contre Baudouin. Bien que l’abonnement à cette feuille, d’un format plus grand que le Moniteur, eût été porté à un prix assez élevé, le Logographe compta en moins de deux mois 5,000 abonnés. Sa publication excitait un si vif intérêt que Louis XVI, à qui le premier exemplaire était envoyé sous enveloppe, ne se couchait jamais avant de l’avoir lu, même lorsque l’envoi avait lieu après minuit. Cette attention, à la fois respectueuse et délicate, est restée longtemps ignorée, et si on l’eût dès lors connue, elle eût été de nature à faire envoyer Baudouin à l’échafaud. Indépendamment des nouvelles les plus exactes, et d’articles polémiques très-piquants, ce journal offrait un procès-verbal des séances, tracé avec une véracité et une exactitude désespérantes pour ceux qui auraient voulu rétracter ce que dans la chaleur d’une improvisation passionnée ils avaient pu dire d’imprudent ou de coupable. À moins d’avoir assisté à la séance, il eût été difficile de faire mieux connaître ce qui pouvait s’appeler le drame de l’assemblée : le Logographe représentait, avec une vérité effrayante, des objets étrangement hideux ; aussi fut-il souvent l’objet de murmures, de plaintes, de menaces de la part des hommes que la fidélité de ce miroir ne flattait pas. Ils finirent par le briser. Le 15 août 1792, le Logographe fut supprimé par un décret spécial, dicté par la faction qui, quatre jours auparavant, venait de renverser le trône. Baudouin, également propriétaire du Journal des Débats, fut contraint, par une menace de suppression en cas de refus, d’en confier la rédaction à Louvet, depuis conventionnel, avec un traitement de 10,000 francs. Le 10 août, Baudouin recueillit dans sa maison plusieurs députés, d’autres personnages marquants et quelques soldats suisses, qui avaient tout à craindre de l’effervescence populaire. Inculpé, en octobre 1792, à l’occasion des papiers trouvés dans l’armoire de fer, après la journée du 10 août, il se présenta à la convention, et déclara n’avoir jamais rien reçu des scélérats qui disposaient de la liste civile. Ce mot serait sans doute le comble de l’inconvenance, s’il n’avait été prouvé alors que pour cacher une dépense de 15,000 francs faite pour l’impression du journal l’Impartial, on avait supposé une quittance de pareille somme au nom de Baudouin, donnée par un nommé Gillet, agent du ministre Bertrand de Molleville. Cette intrigue était montée par quelques jacobins qui voulaient faire donner à Momoro le titre d’imprimeur du corps législatif. Lorsqu’en 1795 on établit à Paris des comités révolutionnaires,