Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/VAYRAC (l’abbé Jean de)

Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843
Tome 43 page 54

VAYRAC (l’abbé Jean de)


VAYRAC (l’abbé Jean de), né dans le village de ce nom, en Quercy, lit un séjour de vingt ans en Espagne, et se rendit à Paris vers 1710. Il avait l’esprit caustique, si l’on en juge par une anecdote qui se trouve dans quelques recueils. Un jour qu’il s’était mis à couvert de la pluie sous une porte cochère, la voiture d’un petit maître s’arrêta devant lui pour quelque réparation ; le petit-maître envoya son laquais lui demander à quelle bataille son chapeau avait été percé ? « A celle de Cannes, » lui dit l’abbé en lui appliquant de bons coups de sa canne sur les épaules. Le petit-maître, voyant maltraiter son laquais, se fâche et dit à l’abbé : « Savez-vous à qui vous avez affaire ? — Oh ! très-bien, dit l’abbé. — Qui suis-je ? — Un sot. » Nous avons de l’abbé de Vayrac un grand nombre d’ouvrages historiques, qui ne sont pas sans mérite, quoiqu’ils aient été écrits avec trop de précipitation. Voici les principaux : 1º L’état présent de l’empire, Paris, 1711, 1 vol. in-12. L’auteur prend d’engagement, dans son discours préliminaire, de ne rien avancer qu’il ne prouve par de solides raisons ou par des autorités authentiques, sans qu’aucun motif de politique ni d’intérêt soit capable de lui faire trahir la vérité ; mais il était trop léger et trop peu appliqué, suivant le jugement d’un contemporain, pour tenir son engagement. 2º Lettres et mémoires du cardinal Bentivoglio, Paris, 1713, 2 vol. in-18 ; 3º Maximes de droit et d’état, Paris, 1716. Elles sont dirigées contre les princes légitimés. 4º Histoire des révolutions d’Espagne, Paris, 1719, 4 vol. in-12, et depuis 5 vol. in-8o ; 5º État présent de l’Espagne, Paris, 1718, 4 vol. in-12. L’abbé de Vayrac était très-capable d’écrire sur l’Espagne, parce qu’il connaissait bien ce pays, et qu’il avait beaucoup d’esprit et d’érudition ; cependant il n’a pas fait tout ce qu’il pouvait faire. Au sujet de ce dernier ouvrage, on lui a adressé cinq reproches, dont il croyait s’être bien lavé dans sa préface, mais qui subsistent en entier. 6º Lettre au sujet de Guillaume, fils d’Etienne, comte de Blois, 1722, dans le Mercure ; 7º Journal du voyage du roi (Louis XV) à Reims… avec la description des fêtes données à Sa Majesté à Villers-Cotterets, etc., Paris, 1788, dans le Mercure du mois de novembre et séparément ; 8º Dissertation historique, topographique et critique sur la véritable situation d’Uxellodunum, dont il est parlé dans les Commentaires de César, avec un plan dressé sur les lieux, Paris, 1725. Après avoir détruit les systèmes de ses adversaires, l’abbé de Vayrac soutient qu’Uxellodunum n’est autre que le Pech d’Ussolun, près de Vayrac, en Quercy. L—b—e.