Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/SAXE, maison de

Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843
Tome 38 page 155 à 156

SAXE, maison de


SAXE, maison électorale et aujourd’hui royale d’Allemagne, dont l’origine remonte à celle de l’empire germanique, est divisée en plusieurs branches. On trouve sa généalogie dans Imhof, dans le Dictionnaire de Moréri et dans l’Art de vérifier les dates ; mais nous devons nous contenter de donner une courte notice des princes de cette maison qui se sont le plus distingués.

― ERNEST, chef de la branche Ernestine, l’aînée de toutes celles de la maison de Saxe, succéda, en 1464, à Frédéric II son père, et sut à la fois se faire respecter de ses voisins et chérir de ses sujets. Choisi pour médiateur entre les rois de Hongrie, de Pologne et de Bohème, il fit cesser les causes de leurs divisions et contribua beaucoup à rendre la paix à l’Allemagne. En 1475, il réduisit Quedlinbourg, révoltée contre son abbesse ; et deux ans après, il força la ville de Halle à reconnaître la suzeraineté de l’archevêque de Magdebourg. Il réunit à ses États une partie de l’héritage de Guillaume, landgrave de Thuringe son oncle, et mourut le 21 août 1486, à l’âge de 45 ans, vivement regretté de ses sujets. On doit à ce prince de sages règlements sur la police des chemins et sur les monnaies. Il défendit, par une ordonnance de 1682, aux gentilshommes d’exercer le commerce. Cette mesure politique avait le double avantage d’entretenir dans la noblesse le goût des armes, et de laisser aux classes inférieures les moyens de s’affranchir plus promptement de l’état de gêne où elles étaient réduites.

― ALBERT, frère d’Ernest, chef de la branche Albertine, né en 1443, mort le 13 septembre 1500, eut pour successeur George son fils, qui mourut en 1539 le 17 avril, sans postérité masculine.

― FREDERIC III, dit le Sage, fils d’Ernest, né le 17 janvier 1463, lui succéda dans l’électorat de Saxe. Il devint, sous Maximilien 1er, chef du conseil et gouverneur général de l’Empire, La Saxe lui dut, en 1502, l’érection de l’université de Wittemberg. Dans le nombre des professeurs, se trouvait Martin Luther, si fameux depuis par la réforme religieuse dont il fut le chef. Frédéric se déclara le protecteur de Luther contre la cour de Rome (voy. LUTHER). Après la mort de Maximilien, plusieurs voix portaient Frédéric au trône impérial ; mais il se déclara l’un des premiers pour l’archiduc Charles ; et son suffrage entraîna tous les autres. Il avait eu soin de s’assurer que le nouvel empereur signerait la capitulation qui garantissait les droits des autres princes d’Allemagne (voy. CHARLES-QUINT). Frédéric défit en 1525, près de Franckhusen, les anabaptistes commandés par Storck et Munzer (voy. ces noms), et mourut le 5 mai de la même année, sans avoir été marié.

― JEAN-FREDERIC, surnommé le Magnanime, neveu du précédent, était fils de Jean dit le Constant, auquel il succéda dans l’électorat de Saxe en 1532. Les progrès de la réforme avaient rallumé la guerre en Allemagne. Le nouvel électeur en profita pour rentrer dans le burgraviat de Magdebourg ; il chassa le duc de Brunswick de la haute Saxe, et en 1512 lui prit Wolfenbuttel. Déclaré par les princes protestants chef de la ligue de Smalkalde, il fut mis au ban de l’Empire. Cet acte de sévérité n’ébranla point son courage. De concert avec le landgrave de Hesse, il fait la guerre à Charles-Quint, soutenu d’une partie des forces de l’Empire, et qui recrutait ses armées en Italie et en Espagne. Il est battu devant Muhlberg, le 24 avril 1547, et reste au pouvoir du vainqueur, ainsi que son allié le landgrave de Hesse Charles-Quint fait condamner son prisonnier par un conseil de guerre que présidait le duc d’Albe (voy. ce nom). Le secrétaire chargé de lui donner connaissance de son arrêt de mort le trouva faisant une partie d’échecs avec le prince Ernest de Brunswick ; il ne l’interrompit que pour en entendre la lecture et reprit ensuite tranquillement son jeu. Maurice son cousin, à qui Charles-Quint avait promis l’électorat de Saxe, demanda la grâce de Jean-Frédéric. Pendant sept ans qu’il fut détenu dans différentes forteresses, il ne fit aucune démarche pour apaiser l’Empereur. Il refusa même de signer l’interim proposé par Charles-Quint comme un moyen de rapprochement entre les communions chrétiennes. Il ne recouvra sa liberté qu’en abdiquant le titre d’électeur ; mais après la mort de Maurice, il revendiqua les droits dont il avait été privé par la violence ; et avec l’appui du roi de Danemarck, il obtint la promesse que ses descendants seraient appelés à recueillir l’héritage de la branche Albertine. Il venait d’apposer son seing à cette transaction, consentie par ses 615, quand il mourut au château de Weimar, le 3 mars 1554. À la fermeté d’âme, le prince joignait beaucoup de prudence, des vues étendues en politique, et une douceur de caractère qui lui mérita les regrets de son peuple.

― MAURICE, cousin de Jean-Frédéric, était le petit-fils d’Albert le Courageux, chef de la branche Albertine. Né en 1521, il signala de bonne heure son ardeur guerrière, suivit Charles-Quint en France ; et quoique protestant zélé, l’aida puissamment à détruire la ligue de Smalkalde. L’Empereur lui donna l’investiture de l’électorat de Saxe, dont son cousin avait été déclaré déchu ; mais Maurice ne put obtenir la liberté du landgrave de Hesse, son beau-père, fait prisonnier à la bataille de Muhlberg. L’ambition, dit Voltaire, l’avait porté à seconder les vues de Charles-Quint ; l’ambition le détacha de ce prince. Il s’unit, en 1551, contre lui, avec l’électeur de Brandebourg, le comte palatin, le duc de Wurtenberg, et plusieurs autres princes. Cette ligue, dont le prétexte était la délivrance du landgrave de Hesse, était appuyée par le roi de France Henri II et pouvait devenir plus dangereuse que celle de Smalkalde. Chargé de faire le siège de la ville de Magdebourg mise au ban de l’Empire, Maurice, loin de le pousser avec vigueur, favorise les habitants, qui se rendent enfin par capitulation. De concert avec ses alliés, il marche ensuite sur Iuspruck, dans l’intention d’y surprendre l’Empereur ; mais ce prince échappe à ses ennemis et se retire dans Passau, où il signe, le 12 août 1552, le traité célèbre qui rend aux protestants, avec le libre exercice de leur religion, les droits dont ils avaient été privés après la victoire de Muhlberg. Maurice reçoit de la chambre impériale l’ordre d’exécuter la sentence rendue contre le margrave de Brandebourg, comme perturbateur de la paix publique : le 9 juillet 1553, il taille en pièces l’armée du margrave près de Siverhausen ; mais il meurt deux jours après des blessures qu’il avait reçues dans le combat, à l’âge de 32 ans, avec la réputation d’un grand capitaine et d’un habile politique.

― HENRI, dit le Pieux, père de Maurice, ne se fit d’abord connaître que par une dévotion excessive. Suivant l’usage du temps, il se rendit en pèlerinage à St-Jacques de Compostelle et jusqu’à la terre sainte. À son retour de l’Orient, il embrassa la réforme de Luther qu’il introduisit dans ses États, et dont il se montra constamment le zélé défenseur, Il mourut le 19 août 1541, à l’âge de 68 ans.

― Son fils Auguste, mort en 1586, fut aussi surnommé le Pieux (voy. AUGUSTE). Son arrière-petit-fils Jean-Georges 1er , mort en 1656, fut le bisaïeul de l’électeur Frédéric-Auguste II, roi de Pologne (voy. AUGUSTE).

W-s.