Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/MYDORGE (Claude)

Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843
Tome 29 page 666

MYDORGE (Claude)


MYDORGE (Claude), savant géomètre, né à Paris en 1585, d’une des plus illustres familles de la robe (sa mère était une Lamoignon), fut d’abord conseiller au Châtelet ; mais au lieu de passer au parlement, il acquit la charge dé trésorier de la généralité d’Amiens, afin de pouvoir se livrer plus tranquillement à l’étude des mathématiques. Il épousa en 1613 la sœur de la Haye, ambassadeur de France à Constantinople. Ce fut peu de temps après qu’il se lia d’une étroite amitié avec Descartes. Il fit tailler en 1627 pour son illustre ami des verres paraboliques, hyperboliques, ovales et elliptiques, dont il avait tracé lui-même les formes avec une exactitude que personne alors n’aurait pu égaler et qui furent très-utiles à Descartes, pour expliquer les différents phénomènes de la vision. Mydorge avait fait tailler ces verres par un certain Ferrier, qui réunissait à l’adresse de la main des connaissances supérieures à celles d’un simple artisan ; celui-ci ne se pliait que difficilement, pour cette raison, à suivre les idées de Mydorge, et, voulant se soustraire à sa surveillance, il chercha par de faux rapports à le mettre mal avec Descartes ; mais il ne put y réussir. Mydorge, ayant étudié de son côté la dioptrique, ne se trouva pas d’accord avec Descartes sur plusieurs points ; le philosophe se contenta, de le prier d’examiner plus attentivement ses raisons ; Mydorge suivit ce conseil et entra si bien dans les idées de son ami, que, loin de le fatiguer de nouvelles objections, il se chargea de résoudre toutes les difficultés qu’on ne voudrait pas lui envoyer en Hollande, où il s’était retiré. Descartes le désigna, avec Hardi, pour défendre ses principes contre Fermat, qui lui avait adressé une espèce de cartel ; et Mydorge fit plus, puisqu’il eut le bonheur, avec Mersenne, de réconcilier deux hommes faits pour s’estimer. Ce ne fut pas le seul service qu’il rendit à son ami : il prit encore sa défense contre les jésuites et parvint à les empêcher de faire condamner quelques propositions tirées des ouvrages du philosophe. Lord Cavendish voulut déterminer Mydorge à passer en Angleterre, mais ce dernier était trop attaché à son pays pour consentir à s’éloigner. Il mourut en juillet 1647, à l’âge de 62 ans, avec la réputation d’un savant distingué et d’un très honnête homme. Il avait dépensé près de cent mille écus de son bien à faire fabriquer des verres de lunettes et des miroirs ardents et à tenter divers essais. Il laissa peu d’écrits, dit Baillet (Vie de Descartes), parce que la plus grande partie de son temps comme de son bien était employée en expériences. On a de lui :

1e Examen du livre des Récréations mathématiques, Paris, 1630, in-8° ; réimprimé en 1643, avec des notes de D. Henri ou Les Récréations mathématiques, publiées d’abord sous le pseudonyme de H. Van-Etten, Pont-à-Mousson, 1624, in-8°, sont du P. Leurechon, jésuite lorrain. Cet ouvrage eut beaucoup de succès dans le 17e siècle, jusqu’à ce que le livre d’Ozanam sur le même sujet l’eut fait oublier (voy. OZANAM).

2e Prodromi catoptricorum et dioptricorum, sive conicorum, libri 4, priores, Paris, in-fol., inséré par le P. Mersenne dans le recueil intitulé : Universœ geometriœ, mixtœque mathematicœ synopsis (voy. MERSENNE).

Ses autres manuscrits furent dispersés pendant les troubles de Paris. Son fils, chanoine du St-Sépulcre, n’en avait recueilli que trois petits traités : De la lumière ; De l’ombre ; De la sciotérique.

W-S.