Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/EYRIÈS (Jean-Baptiste-Benoit)

Texte établi par Michaud, A. Thoisnier Desplaces (Tome 13p. 240-245).

EYRIÈS (Jean-Baptiste-Benoit), savant géographe français, l’un des fondateurs de la société de géographie et membre de l’Institut, né à Marseille le 25 juin 1767, était fils de Jacques-Joseph Eyriès, officier de la marine royale et directeur de port du Havre[1], et de Jeanne-Françoise Deluy. Élevé au collége de Juilly, le jeune Eyriès y fit d’excellentes études et obtint de brillants succès. En quittant cet établissement, sa famille l’envoya en Angleterre, de là en Allemagne, en Suède et en Danemark pour y compléter son éducation par les voyages et apprendre les langues du Nord. Il fit de grands progrès dans la connaissance de ces divers idiomes, singulièrement négligés en France à cette époque, et que l’on commence cependant aujourd’hui à regarder comme utiles. Au retour de ses voyages dans le nord de l’Europe, Eyriès revint au Havre, où son père était capitaine de port ; il s’y livra pendant quelques années au commerce, et fit plusieurs armements pour la côte d’Afrique, St-Domingue, Cayenne, etc. Ses occupations commerciales ne l’empêchaient cependant pas de cultiver les sciences et de s’appliquer plus particulièrement à la botanique en herborisant aux environs du Havre. Son père ayant été arrêté comme suspect en 1793, et enfermé à Paris dans la prison du Luxembourg, Eyriès se rendit dans cette capitale pour le voir et lui prêter secours. Ayant obtenu sa délivrance après le 9 thermidor (27 juillet 1794), ils retournèrent ensemble au Havre ; Eyriès n’y fit cette fois qu’un très-court séjour. Il revint à Paris, où il avait résolu de se fixer définitivement, parce qu’il trouvait dans cette capitale plus de ressources pour se livrer à l’étude, lorsque M. de Talleyrand, alors ministre des relations extérieures, l’envoya en mission à Clèves pour s’entendre avec Fauche-Borel sur une négociation importante à laquelle le directeur Barras attachait le plus haut prix (voy. Fauche-Borel). Rappelé en France au bout de quelques mois, Eyriès fut remplacé pour la suite de cette négociation, qui n’amena aucun résultat, par le chevalier Guérin de St-Tropez, confident intime du directeur. On assure qu’en 1804 et 1805 une nouvelle mission lui fut confiée dans les principautés au delà du Rhin, à la suite de laquelle le chef du gouvernement lui aurait fait offrir le titre de conseiller d’État, qu’il refusa pour conserver sa complète indépendance. Nous ne connaissons ni l’objet ni la durée de cette mission. A son retour (1805), Eyriès se fixa définitivement à Paris, où il suivit assidûment les cours de nos écoles savantes, et se livra tout entier à son goût pour les sciences, et plus particulièrement pour la géographie et la botanique. Le premier ouvrage par lequel il se fit connaître fut la traduction du Voyage de découvertes dans la partie septentrionale de l’océan Pacifique du capitaine anglais Broughton, imprimée en 1806. Eyriès avait été chargé de ce travail par le ministre de la marine Decrès, auquel il le dédia. L’année suivante, il traduisit de l’allemand le voyage d’un Livonien en Pologne et en Allemagne, dans lequel on trouve de curieux renseignements sur les révolutions qui eurent lieu dans le premier de ces pays pendant les années 1793 et 1794 ; et en 1808, il fit paraître une traduction de l’ouvrage de M. le baron de Humboldt, intitulé : Tableaux de la nature, ou Considérations sur les déserts, sur la physionomie des végétaux, etc. Une nouvelle édition allemande de cet ouvrage ayant paru en 1826, avec plusieurs changements et des additions importantes qu’exigeaient les progrès des sciences naturelles et de la géographie, Eyriès, sur l’invitation du savant auteur, recommença sa traduction. M. de Humboldt, qui avait revu lui-même ce travail, en fut tellement satisfait, qu’il crut devoir attribuer publiquement[2] au talent d’Eyriès la plus grande partie de l’intérêt dont le public l’avait honoré. Cette traduction et celle du Voyage en Norvège et en Laponie de Léopold de Buch passent pour les meilleures que l’on doive à la plume d’Eyriès. M. le baron Alex. de Humboldt a fait précéder cette dernière d’une in- troduction dans laquelle il rend témoignage à la fidélité scrupuleuse et à la justesse d’expressions avec lesquelles le traducteur a rendu tout ce qui a rapport à la géologie et aux sciences physiques. Devant donner à la suite de cette notice la liste des ouvrages composés ou traduits par Eyriès, nous ne croyons pas nécessaire de passer ici en revue tous ceux que ce laborieux savant a publiés pendant le cours de sa longue vie, et dont la plupart sont consacrés aux voyages et à la géographie. Nous nous bornerons à citer, outre ceux dont nous avons déjà parlé, le Voyage en Perse, en Arménie, en Asie mineure et à Constantinople de Jacques Morier, les voyages de Pottinger dans le Belouchistan et le Sindhy ; celui du prince Maximilien de Wied-Neuwied au Brésil ; celui de Burckhardt en Arabie, et celui d’Alexandre Burnes, de l’embouchure de l’Indus à Lahor, Caboul, Balk et Boukara. Eyriès a joint à une partie de ces ouvrages des préfaces et quelquefois des introductions historico-géographiques, qui dénotent en lui un vaste savoir. Quelques articles insérés par Eyriès dans les Annales des Voyages, journal géographique que Malte-Brun avait créé en 1808, et qui avait cessé de paraître en 1814, mirent en rapport ces deux hommes distingués. Appréciant l’érudition et le style facile d’Eyriès, le savant Danois lui proposa de continuer avec lui ce journal, que des circonstances politiques avaient fait interrompre depuis quelques années, et les Nouvelles Annales des voyages parurent à partir de 1819 sous les noms réunis d’Eyriès et de Malte-Brun. A la mort de ce dernier, son collaborateur a toujours continué d’être un des principaux rédacteurs des Nouvelles Annales, d’abord avec M. de la Renaudière, qui avait déjà coopéré, depuis 1824, à la première série, et ensuite avec MM. Klaproth, Walckenaer, Ternaux-Compans et quelques autres géographes. Eyriès a inséré dans les 104 volumes des quatre premières séries de ces Nouvelles Annales une multitude de mémoires et d’articles critiques fort remarquables, parmi lesquels on doit citer un Mémoire sur la découverte de la Nouvelle-Hollande[3]. Pendant qu’il suivait activement la rédaction des Nouvelles Annales des voyages, Eyriès se livrait à d’autres travaux importants. Devenu, dès 1812, un des principaux rédacteurs de la Biographie universelle, il continua d’y coopérer jusqu’à sa mort. C’est à lui qu’on doit la plupart des notices consacrées aux voyageurs et aux géographes, comme à un grand nombre de souverains du Nord. Nos lecteurs savent qu’elles se font remarquer, en général, par beaucoup d’exactitude et de lucidité. Lorsque, en 1821, l’idée de créer à Paris une société de géographie fut conçue, Eyriès, à cette époque l’un des rédacteurs des Nouvelles Annales des voyages et de la Biographie universelle, et connu par plusieurs ouvrages géographiques estimés des savants, en devint l’un des membres fondateurs. Lors de la première réunion, il fut appelé à faire partie de la commission centrale, à laquelle il n’a pas cessé d’appartenir jusqu’à sa mort, et dont il a été plusieurs fois président. En 1831 et 1832, il a présidé les assemblées générales en qualité de vice-président, et quelques années avant sa mort il avait été nommé président honoraire, titre qui le flattait singulièrement, parce qu’il plaçait son nom à côté de ceux des Laplace, des Pastoret, des Cuvier, des Humboldt, des Châteaubriand et d’autres personnages illustres, bien qu’il n’eût jamais été comme eux président titulaire de la Société ; il a enrichi son bulletin d’une infinité de bonnes analyses critiques et de rapports. Toujours assidu aux séances de la commission centrale, il prenait part à toutes les discussions et faisait admirer sa mémoire prodigieuse, sa sagacité et son érudition. L’Académie des inscriptions l’admit le 13 décembre 1839 au nombre de ses membres libres, et il justifia le choix qu’avait fait de lui ce corps savant, en ne manquant à aucune de ses séances et en coopérant à ses divers travaux. Malgré tous ses titres à l’attention du gouvernement, le docte et vénérable Eyriès n’était cependant point encore décoré. Vainement furent-ils rappelés au ministre de l’instruction publique le 13 juin 1842 par l’auteur de cette notice, alors vice-président de la commission centrale de la Société de géographie, par une lettre où il traçait en quelques lignes une espèce de biographie, de son savant collègue, et dans laquelle il passait en revue ses principaux ouvrages. Vainement encore se rendit-il de nouveau l’interprète de la société en représentant les droits d’Eyriès dans son Rapport sur les travaux de la Société de géographie et sur les progrès des sciences géographiques lu à la séance générale du 30 décembre 1842, présidée par le ministre du commerce. Ce ne fut qu’au mois d’avril 1844 que le monde savant eut enfin la satisfaction de voir briller l’étoile de la Légion d’honneur sur la poitrine du plus laborieux et de l’un des géographes modernes les plus érudits ; il allait entrer dans sa soixante-dix-huitième année. Peu de mois s’étaient écoulés depuis qu’on lui avait rendu cette justice tardive, lorsque Eyriès, que la maladie à laquelle il succomba a pu seule contraindre de renoncer au travail qui avait rempli sa vie, présentait, comme l’a si bien dit Dacier du célèbre d’Anville, l’affligeant spectacle d’un homme de mérite qui se survit à lui-même. Retiré chez son frère Alexandre Eyriès, à Graville-l’Eure, près le Havre, il y est mort au milieu de sa famille le 13 juin 1846, emportant les regrets de tous ceux qui l’avaient connu, et laissant dans la science et dans les sociétés dont il était membre un vide difficile à combler. Plusieurs discours furent prononcés sur sa tombe, placée dans le cimetière de l’ancienne abbaye de Ste-Honorine. Possédant à fond, outre le grec et le latin, presque tous les idiomes du Nord, et comprenant bien ceux du Midi, Eyriès parlait, dit-on, neuf langues vivantes. Les facilités que lui donnait cette connaissance pour les études auxquelles il se livrait et pour entretenir une correspondance suivie avec les savants des différentes parties du monde qu’il avait vus dans ses voyages, ou dont il avait cultivé les relations pendant leur séjour à Paris, jointes à une immense lecture, à une mémoire extraordinaire et à une grande activité d’esprit, en avaient fait un homme profondément érudit. On doit reconnaître que, comme critique, il rendait toujours hommage au mérite des autres, fussent-ils ses rivaux ; qu’il était un appréciateur judicieux de leurs travaux, et cherchait à les faire valoir autant que cela dépendait de lui. Emule, collaborateur et ami du bibliophile Boulard, il a consacré, comme ce dernier, pendant plus d’un demi-siècle, tous les instants dont ses autres occupations lui permettaient de disposer à la recherche et à l’acquisition des livres rares et anciens, pour lesquels il avait une véritable passion d’enfant. C’était encore un point de ressemblance entre eux ; ils différaient néanmoins en ce que Boulard ne bornait pas ses investigations à un seul genre, tandis qu’Eyriès s’attachait plus spécialement aux ouvrages relatifs à la géographie et aux voyages. Des découvertes précieuses, souvent inattendues, et qui le rendaient fier et heureux pendant plusieurs mois, ont été le fruit de ses recherches chez les bouquinistes de la capitale, qui tous le connaissaient personnellement et avaient pour lui de l’affection et de l’estime. Aussi a-t-il laissé une bibliothèque riche et bien composée, dont le catalogue a été publié, et qui a été vendue en vente publique et dispersée. Membre d’un grand nombre de sociétés savantes de l’Europe et même des autres parties du monde, qui avaient cru s’honorer en lui envoyant leurs brevets, il justifiait ces distinctions flatteuses, qu’il ne sollicita jamais. Vif, pétulant et quelquefois brusque, Eyriès, qui était au fond un excellent homme, a su conserver tous ses amis jusqu’au terme de sa carrière. Voici la liste chronologique des ouvrages publiés ou revus par Eyriès : 1o Voyage de découvertes dans la partie septentrionale de l’océan Pacifique pendant les années 1795, 1796, 1797, 1798, etc., par le capitaine Rob. Broughton, trad. de l’anglais, avec une préface du traducteur (Eyriès), dans laquelle il a la modestie de reconnaître que sa traduction a été revue par M. de Rossel, etc. Paris, 1807, 2 vol. in-8o. 2o Voyage en Pologne et en Allemagne, fait en 1795, par un Livonien, etc., trad. de l’allemand, Paris, 1807, 2 vol. in-8o. 3o Tableaux de la nature, ou Considérations sur les déserts, sur la physionomie des végétaux, etc., par M. A. de Humboldt ; trad. de l’allemand, Paris, 1808, 2 vol. in-12 ; et 1828, 2 vol. in-8o. 4o Affinités électives, par Goethe ; roman trad. de l’allemand, Paris, 1810, 3 vol. in-12. 5o Aline de Riesenstein, par Aug. Lafontaine ; roman trad. de l’allemand, Paris, 4 vol. in-12. 6o Mehaled et Seldi ou Histoire d’une famille druse, par le baron de Dalberg, trad. de l’allemand, Paris, 1812, 2 vol. in-12. 7o Barneck et Saldorf, ou le Triomphe de l’amitié, par Aug. Lafontaine ; trad. de l’allemand, Paris, 1812, 2 vol. in-12. 8o Fantasmagoriana, trad. de l’allemand, Paris, 1812, 2 vol. in-12. 9o Nouveau recueil de contes, par Fischer, Aug. Lafontaine et Kotzebue ; trad. de l’allemand, Paris, 1813, 3 vol. in-12. 10o Voyage en Perse, en Arménie, en Asie mineure et à Constantinople, fait dans les années 1808 et 1809 par Jacques Morier ; trad. de l’anglais, Paris, 1813, 3 vol. in-8o et in-4o. Le 3e volume, qui contient le voyage de Scot-Waring à Chiras, n’a pas été traduit par Eyriès, mais par M. M… 11o Voyage en Norvége et en Laponie, pendant les années 1806, 1807 et 1808, par Léopold de Buch ; trad. de l’allemand, Paris, 1816, 2 vol. in-8o. 12o Voyage dans l’intérieur du Brésil en 1809 et 1810, contenant aussi un Voyage au Rio de la Plata et un Essai historique sur la révolution de Buénos-Ayres, par J. Mawe ; trad. de l’anglais ; Paris, 1816, 2 vol. in-8o. On trouve en tête un discours préliminaire qui paraît être du traducteur, et, à la fin des voyages, la Description des îles Açores, imprimée à Stockholm en 1812, traduite du suédois et abrégée par Eyriès. 13o Annales du règne de George III, par Aikin ; trad. de l’anglais, Paris, 1817, 3 vol. in-8o. 14o Voyage de Golownin, capitaine russe, contenant le récit de sa captivité chez les Japonais en 1811, 1812 et 1813, etc., et ses observations sur l’empire du Japon, suivi de la Relation de Ricord, capitaine russe, aux côtes du Japon en 1812 et 1813 ; trad. sur la version allemande, Paris, 1818, 2 vol. in-8o, avec fig. et cartes. 15o Voyages dans le Belouchistan et le Sindhy, suivis de la Description géographique et historique de ces deux pays, par H. Pottinger ; trad. de l’anglais, Paris, 1818, 2 vol. in-8o, avec une carte. 16o Histoire des naufrages, par J.-L.-H.-S. Deperthes. Cet ouvrage avait paru pour la première fois en 3 parties in-8o, Reims, 1781 ; Eyriès en a publié deux nouvelles éditions, Paris, 1815, 3 vol. in-8o, et 1819, 3 vol. in-12. 17o Caramanie ou courte description de la côte méridionale de l’Asie mineure, par Fr. Beaufort ; trad. de l’anglais, Paris, 1820, 1 vol. in-8o. 18o Mémoire sur les découvertes de M. Mollien et des voyageurs qui l’ont précédé dans l’intérieur de l’Afrique, par Eyriès ; inséré à la fin du tome 2 du Voyage de Mollien, publié à Paris, 1820, 2 vol. in-8o. 19o Abrégé de l’Histoire générale des voyages de La Harpe ; nouvelle édition, Paris, 1820, 24 vol. in-8o, avec un atlas. Les derniers volumes ont été en partie refaits par Eyriès. 20o Voyage autour du monde, fait dans les années 1803 à 1806, ete., par M. de Krusenstern ; trad., de l’allemand, Paris, 1821, 2 vol. in-8o avec atlas. La traduction de ce premier voyage autour du monde, exécuté par des Russes, faite de l’aveu et avec les additions de l’auteur, a été revue par Eyriès. 21o Voyage au Brésil dans les années 1815, 1816 et 1817, par S. A. S. Maximilien, prince de Wied-Neuwied ; trad. de l’allemand, Paris, 1821 et 1822, 3 vol. in-8o, avec atlas. 22o Voyage pittoresque autour du monde, etc., par Louis Choris, Paris, 1821-23, in-fol., avec planches ; revu par Eyriès. 23o Voyage en Turcomanie et à Khiva en 1819 et 1820, par N. Mouraview ; trad. du russe par M. G. Lecointe de Laveau, revu par Eyriès et Klaproth, Paris, 1823, IV, in-8o. 24o Abrégé des voyages modernes, depuis 1780 jusqu’à nos jours, etc., etc., Paris, 1822–24, 14 vol. in-8o, avec un atlas. Cet ouvrage fut destiné à compléter la nouvelle édition de l’Abrégé de l’Histoire générale des voyages, par La Harpe, qu’Eyriès avait publiée en 1820 en 24 vol. in-8o. 25o Cinq années de séjour au Canada, par Ed. Allen-Talbot, suivies d’un Extrait du voyage de J.-M. Duncan en Canada en 1818 et 1819 ; trad. de l’anglais, Paris, 1825, 3 vol. in-8o. Eyriès n’a traduit que l’extrait du voyage de Duncan, formant le 3e volume. 26o Costumes, mœurs et usages de tous les peuples, suite de gravures coloriées, avec un texte explicatif, Paris, 1821, 11 vol. grand in-8o, et Paris, 1823, 25 vol. in-18. 27o Voyage au Chili, au Pérou, au Mexique, par Basil Hall ; trad. de l’anglais, Paris, 1825, 2 vol. in-8o. 28o Voyage dans le Timanni, le Kouranko et le Soulimana, etc., fait en 1822 par le major Gordon-Laing ; trad. de l’anglais avec M. de La Renaudière. L’Essai sur les progrès de la géographie de l’intérieur de l’Afrique, etc., qui précède cette traduction, est de M. de La Renaudière. Paris, 1826, 1 vol. in-8o, avec carte et planch. 29o Voyages et découvertes dans le nord et les parties centrales de l’Afrique, etc., par le major Dixhon Denham et le capitaine Ilugh Clapperton ; trad. de l’anglais avec le même, Paris, 1826, 3 vol. in-8o, avec un atlas in-4o. 30o Abrégé de géographie moderne de Pinkerton ; trad. de l’anglais avec M. Walckenaer. Paris, 1827, 2 vol. in-8o. 31o Voyage à Péking à travers la Mongolie en 1820 et 1821, par M. Timkowski ; trad. du russe, par Lecointe de Laveau, revu par Eyriès, publié avec des corrections et des notes par Klaproth. Paris, 1827, 2 vol. in-8o, avec 1 atlas in-4o. 32o Second voyage dans l’intérieur de l’Afrique, depuis le golfe de Benin jusqu’à Sackatou, pendant les années 1825, 1826, 1827, par le capitaine Clapperton, suivi du voyage de Richard Lander de Kano à la côte maritime ; trad. de l’anglais avec M. de La Renaudière. Paris, 1829, 2 vol. in-8o avec cartes et portrait. 33o Voyage archéologique dans l’ancienne Etrurie, par le docteur Dorrow ; trad. de l’allemand, Paris, 1829, 1 vol. in-4o avec planches. 34o Voyages en Arabie, contenant la description des parties du Hedjaz regardées comme sacrées par les musulmans, suivis de Notes sur les Bédouins et d’un Essai sur l’histoire des Wahhabites, par Burckhardt (J.-L.) ; trad. de l’anglais. Paris, 1835, 3 vol. in-8o avec une carte et des plans. En tête du 1er volume, Eyriès a mis une Notice des différents voyages en Arabie, car la mort ayant empêché Burckhardt de suivre jusqu’à la fin l’histoire des Wahhabites, son traducteur a cru devoir faire connaître dans un supplément le sort ultérieur de ces sectaires jusqu’au dernier moment de leur puissance. 35o Voyages de l’embouchure de l’Indus à Lahor, Caboul, Balkh et Boukhara, et retour par la Perse, pendant les années 1831, 1832 et 1833, par Alex. Burnes ; trad. de l’anglais. Paris, 1835, 3 vol. in-8o avec un atlas. De concert avec Burnes, Eyriès, ainsi qu’il le dit dans sa préface, a fait divers changements dans l’ordre et la disposition des volumes et de quelques chapitres. Burnes les lui avait lui-même indiqués sur un exemplaire de sa relation. 36o Voyage sur le Danube de Pest à Routchouk, par navire à vapeur, et Notices de la Hongrie, de la Valaquie, de la Servie, de la Turquie et de la Grèce, par Michel Quin ; trad. de l’anglais, Paris, 1836, 2 vol. in-8o ornés de planches et d’une carte. 37o Voyage pittoresque en Asie et en Afrique, résumé général des voyages anciens et modernes, etc., accompagné de cartes et de nombreuses gravures. Paris, 1839, 1 vol. grand in-8o. On doit aussi à Eyriès la Chronologie historique des empereurs de Russie, des rois d’Angleterre, de Danemark et de Suède, de 1770 jusqu’à nos jours, dans la dernière édition de l’Art de vérifier les dates, et la Description historique du Danemark dans l’Univers pittoresque, qu’il n’a pas eu le temps de terminer, et qui a été continuée après sa mort par M. Chopin. Il a revu la partie géographique des temps modernes dans le Livre-Cartes de M. Bailleul, ainsi que la relation du naufrage du brick français la Joséphine, publiée en 1821 par M. Ch. Cochelet. Eyriès a été en outre l’un des principaux rédacteurs du Dictionnaire géographique universel, connu sous les noms des éditeurs Picquet et Kilian, commencé en 1823 et terminé en 1833, ainsi que de l’Encyclopédie moderne dans laquelle il a inséré les Notices consacrées à l’Afrique, à l’Angleterre, à la Chine, et presque toutes publiées ensuite à part ; il a été enfin l’un des rédacteurs du Voyage pittoresque dans les ports et sur les côtes de France, dans lequel il a inséré, entre autres articles, celui qui est consacré à la Seine-Inférieure. Il a fait tirer à part des Recherches sur la population du globe terrestre, Paris, 1823, 1 vol. in-8o, déjà publiées dans un recueil périodique. Parmi les traductions revues par M. Eyriès, nous citerons encore : 1o Recherches sur le système nerveux en général, et celui du cerveau en particulier, par Gall et Spurzheim, Paris, 1809, 1 vol. in-folio ; 2o Des dispositions innées de l’âme et de l’esprit, par Gall et Spurzheim, Paris, 1 vol. in-8o, 1811 ; 3o Observations sur la phrénologie, par Spurzheim. Paris, 1816, 1 vol. in-8o ; 4o Vues et paysages des régions équinoxiales, etc., par L. Choris, Paris, 1826, 1 vol. in-folio. Il a laissé en outre en manuscrit une traduction de l’allemand du Voyage à Alger, Tunis et Tripoli d’Hebenstreit, en 1 vol. in-8o. L’auteur de cet article a rédigé en 1847, d’après le désir de la Société de géographie, une notice nécrologique sur Eyriès, qui a été insérée dans le Bulletin de cette Société et publiée ensuite à part. D—z—s.

  1. Jacques-Joseph Eyriès, né à Marseille le 12 novembre 1733, entra de bonne heure dans la marine militaire. Il était en 1756 pilotin sur le vaisseau de guerre le Guerrier de l’escadre commandée par M. de la Galissonière. Après avoir servi de 1757 à 1759 sous divers aventuriers, il se fit distinguer et reçut plusieurs blessures en commandant, de 1760 à 1763, les navires armés en guerre et en marchandises le Romain, l’Espérance et le St-Jean. Sa brillante conduite le fit nommer, le 26 février de cette dernière année, lieutenant de frégate des vaisseaux du roi. En lui annonçant sa promotion, le duc de Choiseul, à cette époque ministre de la marine, lui écrivait : « Le roi, auquel j’ai représenté le nombre des campagnes que vous avez faites, les actions dans lesquelles vous vous êtes trouvé et les blessures que vous y avez reçues, a bien voulu vous accorder le grade de lieutenant de frégate, dont je joins ici le brevet… » Le 2 février de l’année suivante, le duc de Praslin, chargé du département des affaires étrangères, annonçait au même ministre qu’en retournant de la Martinique à Marseille avec la frégate du roi la Fortune, le capitaine Eyriès, après avoir sauvé et mis en sûreté deux bâtiments français chassés par un corsaire, Saltin, s’était montré devant Tanger pour imposer à trois autres corsaires, qui y étaient. « Sa bonne conduite a produit un tel effet sur la place de Marseille, ajoutait M. de Praslin, que la chambre de commerce de cette ville le lui a recommandé en ne tarissant pas d’éloges. » Toujours prêt à se rendre utile, Eyriès était en 1769 à Cayenne, dont le gouverneur, M. de Siedmond, témoignait le désir de voir chargé de quelque expédition importante un officier qui réunissait à un grand zèle des talents remarquables, accompagnés d’une extrême vigilance, et ne cessait de rendre des services à la colonie et aux bâtiments du roi, comme aux navires de commerce. De nouveaux services rendus par Eyriès, et plusieurs actes de dévouement et de bravoure cités par M. Mistral, commissaire général de la marine au Havre, le firent nommer en 1778 (25 novembre), administrateur-commandant du Sénégal, à ce moment au pouvoir des Anglais, et qui ne tarda pas à être reconquis en 1779. Eyriès, qui avait pris une part active à cette glorieuse expédition, resta peu de temps dans le poste qui lui avait été confié, l’état de sa santé, altérée par ce climat brûlant, l’ayant forcé de rentrer en France pour la rétablir. « Le roi est satisfait de vos services, » lui écrivait le 5 mai 1780 M. de Sartine en l’autorisant à venir respirer l’air de la patrie, « et je vous procurerai avec plaisir à votre arrivée les grâces de Sa Majesté. » Quoiqu’on eût perdu de vue ces promesses, Eyriès, apprenant qu’une armée combinée de Français et d’Espagnols se préparait à envahir les îles Baléares, occupées à cette époque par les ennemis des deux couronnes, se hâta d’accourir à Minorque. Ses services comme volontaire furent acceptés par le général duc de Crillon, qui reconnaît dans sa lettre au duc de Castries du 8 septembre 1781 qu’Eyriès a beaucoup coopéré par son intelligence et sa valeur à la prise de six frégates anglaises qui étaient à l’ancre sous le canon de la place de Mahon. « Ayant demandé à M. Eyriès ce qu’il désirait, il m’a répondu qu’il ne voulait que l’honneur d’avoir servi l’auguste maison de Bourbon et son pays. Je ne puis vous exprimer le plaisir que j’ai ressenti à cette réponse faite en présence de deux cents officiers espagnols qui en furent enchantés et l’embrassèrent. » M. de Crillon demanda et obtint pour ce brave officier la croix de Charles III. Certes, il méritait bien cette distinction l’homme qui « joignait, suivant le général français, au mérite militaire et à une bravoure aussi froide que brillante, un désintéressement tel qu’il n’a jamais voulu recevoir aucune gratification ni appointements de S. M. C. pendant tout le temps qu’il a été employé aux différentes opérations dont je l’avais chargé et dont il s’est acquitté à mon entière satisfaction, ainsi qu’à celle de don Antonio Barcelo, le meilleur officier de la marine espagnole, à mon gré, sous lequel je l’avais employé en dernier lieu. » Bientôt après il fut fait chevalier de St-Louis. Nommé en 1783 capitaine de port au Havre, Eyriès obtint en 1791 le grade de capitaine de vaisseau et fut placé à Cherbourg en qualité de commandant de la marine. Il en remplissait les fonctions, lorsqu’en 1793 il fut arrêté comme suspect, emmené à Paris et enfermé dans la prison de la Force. Son fils, J.-B.-B., qui était accouru dans la capitale lors de son arrestation, parvint, après la journée du 9 thermidor, à le faire rendre à la liberté. Réintégré plus tard dans la position qu’il avait occupée à Cherbourg, Eyriès fut appelé, en 1796, au Havre pour y remplir les mêmes fonctions dans des circonstances fort graves. Il s’y fit particulièrement distinguer ; mais comme il apprit en même temps, au commencement de 1798, qu’il allait être mis à la retraite et que le gouvernement préparait une grande expédition dont le but était encore inconnu, Eyriès, après s’être concerté avec le général Kléber qu’il connaissait et qui devait en faire partie, se disposait à aller le rejoindre à Toulon, lorsque sa mort, arrivée presque subitement le 10 juillet 1798, l’empêcha de mettre son projet à exécution.
  2. Introduction en tête de la traduction du Voyage en Norvège, de Léopold de Buch.
  3. Les Annales des voyages, créées par Malte-Brun et dirigées par lui seul, commencées en 1808 et terminées en 1814, forment 25 volumes in-8o, dont une table. Les Nouvelles Annales des voyages, qui en furent la suite, se composent de six séries : la première, commencée en 1819 et terminée en juin 1826 inclus, forme 30 volumes in-8o ; la seconde, commencée en juillet 1826 et terminée en 1833, forme également 30 volumes in-8o ; la troisième, commencée en 1834 et terminée en 1839, est composée de 24 volumes in-8o ; les tables générales des trois premières séries forment 1 volume in-8o ; la quatrième, comprenant les années 1840 à 1844, forme 20 volumes in-8o ; la cinquième, commencée en 1845, a été dirigée par M. Vivien de Saint-Martin jusqu’en 1854 (inclus), et se compose de 40 volumes ; et la sixième et dernière série, commencée au 1er janvier de la présente année (1855), et dont l’auteur de cette notice est un des collaborateurs, a pour rédacteur en chef Victor A. Malte-Brun, fils du fondateur des Annales des voyages. Les différents volumes des Annales des voyages et des Nouvelles Annales sont enrichis de cartes, de plans et de vues.