Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/ARTAUD (Jean-Baptiste)

A. Thoisnier Desplaces (Tome 2p. 299-300).

ARTAUD (Jean-Baptiste), né à Montpellier, en décembre 1732, se fit d’abord connaître par un pamphlet intitulé : la Petite Poste dévalisée, 1767, in-12. Il donna ensuite la Centenaire de Molière, jouée au Théâtre-Français le 18 février 1775, pour la célébration de l’année séculaire de la mort de notre premier comique. Cette pièce a été imprimée in-8o la même année[1]. Le succès de la Centenaire de Molière avait engagé les comédiens français à proposer aux gens de lettres un concours pour célébrer en 1784 la révolution séculaire de la mort du grand Corneille. Plusieurs auteurs traitèrent ce sujet. Grimm regrette que la pièce composée par Artaud ou celle de Cubière n’ait pas eu la préférence. Artaud est encore auteur d’un ouvrage anonyme qui a pour titre : Taconnet, ou Mémoires historiques pour servir à la vie de cet homme célèbre, 1775, in-12. Le rival de Vadé, sans avoir mérité tous les dédains de Favart, ne peut pas non plus être appelé un homme célèbre. Artaud devint secrétaire et bibliothécaire du duc de Duras, et, s’il faut en croire les Mémoires secrets, il perdit cette place en 1771 pour quelques infidélités. Les auteurs de la Gazette de France, en vertu de leur privilège exclusif, avaient obtenu la suppression du Courrier d’Avignon, journal rédigé par Morénas, avant l’occupation du comtat par les troupes françaises, en 1768. Artaud lit revivre cet écrit périodique en 1775, mais il ne put lui rendre l’esprit indépendant qu’il respirait même sous la domination papale. Grimm (Corresp. litt., t. 4 de la 3e part., p. 370) cite des vers passablement ridicules qu’Artaud adressait à l’abbé Delille, pour l’engager à venir occuper un appartement au Palais-Royal ; il lui dit, entre autres choses exemplaires :

Nous sommes dans le voisinage
De cent grâces et des neuf sœurs ;
Vous aurez le rare avantage
De choisir entre leurs faveurs.

On cite encore de J.-B. Artaud l’Échange raisonnable ; l’Heureuse entrevue ; Sophie, comédies dont les deux dernières sont en vers ; mais il ne paraît pas qu’elles aient été imprimées. Censeur royal longtemps avant la révolution de 1789, Artaud figure encore sur la liste des gens de lettres rémunérés par la convention nationale en 1795. Il mourut à Paris, en 1796. L-m-x.

  1. On avait joué la veille, sur le même théâtre, l’Assemblée, comédie de Lebeau de Schosne, sur le même sujet ; et le public eut lieu de s’étonner que les auteurs dramatiques eussent laissé a deux débutants le soin de célébrer Molière. A-t.