Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Texeira (Pierre)


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TEXEIRA (Pierre), historien et voyageur portugais, naquit vers l’an 1570 ; mais on ignore le nom de la ville où il prit naissance, l’année et le lieu de sa mort, la profession de ses parents, enfin tous les événements de sa vie jusqu’à l’année 1600. Tout ce qu’on peut savoir de lui par la lecture du seul ouvrage qu’il ait composé, c’est que, tourmenté de la passion des voyages et du désir de savoir l’histoire de la Perse, il partit de bonne heure pour l’Asie, où ses compatriotes étaient alors au faîte de leur puissance. Il résida plusieurs années en Perse, et particulièrement dans l’île d’Hormuz, dont les Portugais étaient absolument les maîtres, quoiqu’ils y eussent conservé un fantôme de roi (Voy. Scifeddyn iv XLL, 489). Il y étudia la langue persane, afin de pouvoir lire et traduire Mi-Khond, auteur de l’histoire de Perse la plus étendue. Il passa ensuite dans l’Inde, dont il visita plusieurs provinces. On doit regretter qu’il n’ait pas publié la relation de ses voyages dans l’Asie Occidentale, jusqu’à son arrivée à Malaca, où il se trouvait au commencement de l’année 1600. Il s’embarqua le ier mai pour retourner en Portugal, par une route qui devait lui faire connaître, dit-il, cette partie de l’Asie qu’il n’avait pas encore vue. Il aperçut Sumatra, traversa l’Archipel de la Sonde, longea deux cents lieues des côtes de Bornéo, relâcha dans un port de cette île, vers le nord, et debarqua, le 12 juin, à Manille. Il en partit, le 18 juillet, pour le Mexique, côtoya les îles Philippines, navigua dans la mer du Japon, dont il reconnut plusieurs îles ; et après avoir couru le long des côtes de la Californie, il aborda, le ier décembre, à Acapulco, arriva par terre à Mexico, le 25 décembre ; en partit le 2 mai 1601, et alla s’embarquer, le 31, au port de Saint-Jean d’Uloa. Il relâcha à la Havane, longea les côtes de la Floride, aborda, le 6 septembre, à San-Lucar, passa par Séville, et fut de retour à Lisbonne, le 20 octobre. Cette relation esi extrêmement succincte. Il n’en est pas ainsi de celle de son dernier voyage par terre. Des fonds qu’on devait lui envoyer de Malaca lui ayant manqué, il mit à la voile de Lisbonne, le 28 mars 1602, et arriva le 4 octobre à Goa. Ses affaires terminées, il en partit le 9 février 1604 ; et, cinglant vers le nord, il entra dans le golfe persique, relâcha à Maskat, puis à Hormuz, d’où il mit à la voile, le 14 avril, pour Bassora ; mais une tempête l’obligea de revenir dans cette île, où il resta jusqu’au 17 juin. 11 quitta enfin Hormuz ; et après un mois et demi de navigation, il aborda, le ier août, à l’embouchure du Schât el-arab, dont les deux rives appartenaient alors à Moubarek, prince arabe, qui possédait une grande partie de la province d’Ahwaz, en Perse, et qui disputait aux Turks la possession de Bassora. Arrivé le 6 dans cette ville, Texeira en partit le 2 septembre, avec une caravane, prit la route du désert ; par Meschehd-Aly et Meschehd-Houcein, et atteignit Baghdad le 4 octobre. Il y séjourna jusqu’au 12 décembre, à cause de la guerre des Turks avec les Persans et de la révolte du pacha d’Halep. Il se remit en chemin, traversa la Mésopotamie, et après avoir passé plusieurs jours à Anah, il en partit le l3 janvier 1605, et arriva le 12 février à Halep, où les Vénitiens, les Anglais et les Français avaient un consul : mais le commerce de ces derniers était alors deux fois plus considérable que celui des deux autres nations réunies. Le 5 avril, Texeira quitta Halep, et alla s’embarquer le 12, à Scanderoun, sur un navire vénitien. Il relâcha dans l’île de Cypre, reconnut celles de Rhodes, de Candie; séjourna dans celle de Zante ; et ayant remis à la voile le 6 juin, il débarqua, le 11 juillet, à Venise. Il visita l’Italie ; et après avoir traversé les Alpes, et la France, il se rendit à Anvers, où il publia : Relaciones de Pedro Texeira del origen descendencia y succesion de los rejes de Persia y de Hormuz, y de un viage hecho par el mismo autor dende la India Oriental, hasta Italia por tierra, 1610, petit in-8o. Ce volume contient trois parties distinctes : 1o. un abrégé de l’Histoire de Perse depuis les temps les plus anciens jusqu’au règne de Chah-Abbas le Grand. On voit que l’auteur a consulté Mir-Khond ; mais l’extrait qu’il en a donné paraît avoir été rédigé de mémoire, tant il renferme d’inexactitudes pour les dates, les faits et les noms propres (V. Mir-Khond) : Texeira a pu recueillir sur les lieux ce qu’il dit de la dynastie des Sofys ; 2o. l’Histoire des rois d’Hormuz, qu’on peut supposer aussi avoir été composée dans le même genre, et n’être qu’un abrégé de celle qu’il dit avoir été écrite par un de ces princes (Voy. Touran-Chah Ier.) : il l’a continuée à sa manière, jusqu’à la conquête des Portugais ; 3o. la Relation de son dernier voyage : c’est la partie la plus estimable de l’ouvrage de Texeira. Il y montre des connaissances réelles en histoire, en politique et en géographie. Gotolendi a donné de tout cela une assez mauvaise traduction, sous ce titre : Voyages de Texeira, ou l’Histoire des rois de Perse, etc., Paris, 1621 , 2 part. in-12o. Cette version contient beaucoup plus de fautes que le texte. A—t.


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