Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Cyrus


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CYRUS, célèbre conquérant, était fils de Cambyse et de Mandane , fille d’Astyages. Ce prince, averti par un songe que le fils de sa fille serait roi, le fit enlever aussitôt après sa naissance , et le remit, pour le faire périr , à Harpalus , l’un de ses confidents. Celui-ci , ne voulant pas tremper les nains dans le sang de ses souverains , ordonna à un des des bergers du roi d’exposer cet enfant dans un lieu désert , pour qu’il y fût dévoré par les bêtes féroces ; ce berger , au lieu de lui obéir , éleva cet enfant comme le sien propre , et lui donna le nom de Cyrus. Parvenu à l’âge de dix ans, Cyrus fut reconnu par son grand-père , qui , croyant n’avoir plus rien à en craindre , parce qu’il avait exercé une espèce de royaulé parmi les enfants de son âge , le laissa vivre, et l’envoya à ses parents. Les Perses étaient alors soumis à l’empire des Mèdes , et leur nom était presque inconnu ; Cyrus entreprit de les faire sortir de l’obscurité, et, les ayant excités à la révolte, il alla attaquer Astyage , le vainquit et le fit prisonnier , ce qui transféra l’empire des Mèdes aux Perses. Telle est la tradition qu’Hérodote a adoptée ; mais , sans entrer dans une discussion qui serait déplalée ici , il est évident qu’Astyage n’ayant pas d’autre enfant que Mandane, devait prendre des précautions pour assurer le royaume à son petit-fils , plutôt que pour l’empêcher d’y parvenir. Hérodote convient qu’on racontait l’histoire de Cyrus de trois manières différentes , et il a sans doute choisi la moins honorable , pour faire sa cour aux Athéniens, qui se plaisaient à entendre déprimer les souverains. Ctésias , de son côté , prétendait que Cyrus ne tenait point à Astyage par les liens du sang ; mais nous croyons qu’il est plus sûr d’adopter le récit de Xénophon , qui , tout en faisant de la vie de Cyrus un roman politique , a dû respecter la vérité dans les évènements principaux , et nous a sans doute conservé une des trois traditions dont parle Hérodote. Astyage, suivant Xenophon , avait deux enfants : Cyaxare , qui lui succéda , Mandane, qu’il donna en mariage à Cambyse roi de Perse. Cyaxare ayant appelé son neveu auprès de lui, lui donna le commandement de son armée , et comme il n’avait point de fils , il lui laissa son trône en mourant. Il n’y avait guère plus de cent ans que le royaume des Mèdes avait été démembré de celui d’Assyrie, et il était peu piussant : les rois d’Assyrie , dont le siège était à Babylone depuis la destruction de Ninive , avaient la plus grande partie de la haute Asie , et l’Asie mineure était presque entièrement soumise à Crésus roi de Lydie. Les états de Cyrus se bornaient donc à la Médie et à la Perse proprement dite ; mais comme il s’était exercé au métier des armes , sous le règne de Cyaxare, il ne fut pas plutôt sur le trône , qu’il entreprit de s’agrandir par des conquêtes ; Crésus , qui redoutait son ambition , lui avant déclaré la guerre , Cynis le défit dans la Cappadoce, et , sans perdre de temps , alla l’assiéqer dans Sardes , sa capitale , qu’il prit , après un siège très court, l’an 548 av. J.-C. , et il le fit lui-même prisonnier. Laissant alors à ses généraux le soin de subjuguer le reste de l’Asie mineure , qui fit peu de résistane , il marcha contre Labynétus , roi d’Assyrie. Le sort de cet empire fut également décidé par le gain d’une bataille , et par la prise de Babylone , sa capitale ; mais ; il fallut beaucoup de temps à Cyrus pour ranger à son obeissance toutes les parties de ce vaste empire. Mous n’avons que de l’incertitude sur le reste de son histoire. Hérodote dit qu’il entreprit de somnellre les Massagètes , peuple scythe qui habitait les pays situés au-delà de l’Araxe, fleuve que l’on croit le même que l’Iaxarte ( ou le Sirr ) qui se jette dans la mer d’Aral , à l’est de la mer Caspienne. Il remporta plusieurs avantages sur eux , puis il tomba dans une embuscade où il périt avec toute son airmée. Tomyris, reine des Massagètes , qui avait perdu son fils dans une des batailles précédentes , fit chercher le corps de Cyrus ; l’avant trouvé , elle lui coupa la tête , et la mit dans une outre remplie de sang , en disant : « Rassasie - toi de ce sang que tu as tant aimé. » Xenophon dit au contraire qu’il mourut à Pasargade , fort regretté de ses sujets , et cette opinion paraît la mieux fondée ; car on voyait encore son tombeau dans cette ville, lorsqu’Alexandre fit la conquête de la Perse. Ce tombeau ayant été ouvert par des pillards qui en avaient enlevé toutes les richesses , et en avaient tiré le corps de Cyrus , Alexandre chargea du soin de le réparer Aristobule , dont Arrien nous a conservé le récit. Cyrus mourut à la fin de l’an 530 avant J.-C, après un règne de trente ans. Il laissa deux fils, Cambyse qui lui succéda , et Smerdis. Sa mémoire fut toujours en vénération chez les Perses , qui le regardaient comme le plus grand de leurs souverains. Son règne est la première époque fixe que nous ayons pour l’histoire des anciens empires de l’Asie, et l’incertitude qui régnait sur les principaux événements de sa vie, dès le temps d’Hérodote qui florissait environ cent ans après , prouve que l’art d’écrire l’histoire était inconnu chez les Perses et les autres peuples de l’Asie , ce qui doit nous mettre en garde contre la plupart des traditions qu’on trouve dans les historiens profanes pour les temps antérieurs. Cyrus est le héros de la Cyropédie où Xénophon s’est plu à exposer toutes ses idées sur l’éducation , la discipline militaire et la politique, ce qui en fait un roman historique très instructif, mais qu’on ne doit pas regarder comme une histoire. C—r.


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