Biographie nationale de Belgique/Tome 9/HOUTHEM, Jean DE

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HOUTHEM (Jean DE), seigneur de Houthem-Sainte-Marguerite, etc., magistrat. Il était licencié en droit et pratiquait probablement comme avocat, lorsque le conseil souverain de Brabant ayant été réorganisé ensuite de lettres patentes de la duchesse Marie de Bourgogne du 6 juin 1477, il y fut admis en qualité de conseiller. Gracé à ses aptitudes et à sa connaissance du droit, quoique licencié seulement, il ne tarda pas à devenir premier conseiller et chef titulaire de cette cour (lettres patentes du 27 décembre 1483). Finalement, Maximilien d'Autriche lui conféra la charge de chancelier par ses lettres datées de Francfort le 15 février 1485, en remplacement de Charles de Groote, chevalier, décédé. D'après la Chronologie historique des chanceliers et conseillers du conseil de Brabant, ouvrage manuscrit attribué à Foppens, mais qui a eu un continuateur, les états de Brabant s'opposèrent à cette nomination [1] parce que de Houthem n'était pas Brabançon de naissance, qualité requise par la joyeuse entrée. Foppens ajoute même que, pour lever cette difficulté, l'empereur Frédéric III érigea en baronnie la terre de Houthem-Sainte-Marguerite, apanage du chancelier, par lettres patentes données à Anvers le 21 septembre 1488, conséquemment à plus de trois années d'intervalle. Quant à l'érection, le fait est exact; mais il ne l'est pas, croyons-nous, quant au motif énoncé par Foppens. En effect, Jean de Houthem descendait en ligne directe d'une ancienne famille du Brabant qui comptait parmi ses nombreuses possessions la terre précitée, où elle paraît avoir résidé de père en fils. « On rapporte de ce chancelier, » lit-on encore dans la Chronologie historique, « une particularité singulière. Lorsque, au mois d'octobre 1496, tous les Pays-Bas étaient en fêtes et réjouissances pour la grande alliance contractée par l'archiduc Philippe le Beau, souverain de ces pays, lorsqu'il épousa Isabelle (lisez Jeanne), héritière de Castille et d'Arragon, le chancelier Jean de Houthem en témoigna ouvertement sa douleur et ne voulut pas sortir de sa chambre. Il allégua pour raison que c'était là l'époque de tous les malheurs qui surviendraient aux Pays-Bas par l'éloignement de leurs souverains [2]. La suite du temps a fait voir qu'il avait deviné juste. » M.A. Wauters dit qu'on attribue quelquefois cette pensée prévoyante au successeur de Jean de Houthem, le chancelier Stradio. Il rappelle que Maximilien eut plus d'une fois recours aux talents oratoires du chancelier de Houthem dans ses démêlés avec ses sujets. À maintes reprises, ce dernier prit la parole pour apaiser les Gantois ou les Brugeois soulevés ou pour obtenir des États le vote d'un subside. Ce fut lui qui harangua les Gantois lorsque, le jour de la Madeleine 1485, Maximilien « estant » dit Molinet, « à la grande salle de son hostel en Gand, séant en un siège eslevé et orné le plus richement que jamais », leur fit gràce. Toute la cour, les ambassadeurs de France, d'Angleterre et de Bretagne, des évéques, etc., furent témoins de l'humiliation des fiers bourgeois de la cité d'Artevelde. Selon la remarque de M.A. Wauters, Jean de Houthem, au milieu de ses préoccupations politiques, ne négligea pas le soin de ses intérêts. Maximilien et Philippe le Beau lui accordèrent mainte faveur. Le premier lui fit don et l'investit en personne de la justice haute, moyenne et basse de la seigneurie de Houthem-Sainte-Marguerite. Cette importante formalité eut lieu le 31 décembre 1486, en présence d'un grand nombre de feudataires. L'acte de donation, daté d'Aix-en-Chapelle, est du mois d'avril précédent. Après avoir dignement administré sa charge pendant quatorze ans, ainsi que s'exprime Foppens, de Houthem décéda, non en 1499, date énoncée par cet auteur, mais au commencement de l'année 1504, sans toutefois être resté dans l'exercice de ses fonctions, en ayant été déchargé (ontlast) par Philippe le Beau, qui le remplaça par Guillaume Stradio, chevalier, seigneur de Malèves, Orbais, etc. (lettres patentes de nomination du 5 novembre 1499). On ne voit pas le motif de cette démission. Ajoutons que le chancelier de Houthem fut inhumé dans l'église de Houthem, devant le grand autel. Il avait épousé Marie Vanderspout, d'une ancienne famille brabançonne. Il laissa des enfants.

L. Galesloot.

Foppens, Chronologie hist. des chanc. et cons. de Brabant, registres des chambres des comptes, aux archives du royaume. — A. Wauters, notice histor. sur la seign. de Houthem-Sainte-Marguerite, dans la Belgique ancienne et moderne.

  1. Foppens lui donne la date fautive du 15 mai 1485 et M.A. Wauters, celle du 15 février 1486-1487. Le 15 février 1485, d'après le style suivi à Francfort, est la date indiquée dans la registre n° 2427 de la chambre des comptes. Elle est donc officielle.
  2. M.Ch. Piot a insisté sur ce point dans son travail La conference de Francfort-sur-Mein, inséré au tome XI de la 4e série des Bulletins de la Commission royale d'histoire.