Biographie nationale de Belgique/Tome 3/CASEMBROODT, Abraham
CASEMBROODT (Abraham), peintre de paysages, marines, histoire et graveur à l’eau-forte. On ignore l’année et l’endroit de sa naissance. D’après M. Ch. Kramm, il est probable qu’il appartenait à l’ancienne famille flamande de ce nom, que les persécutions religieuses du xvie siècle ruinèrent et qui dut chercher dans les arts, les sciences ou le commerce de quoi vivre honorablement. On cite, entre autres, un Jean Casembroot, seigneur de Beckerzeel, secrétaire du comte d’Egmont et décapité comme lui. Sans pouvoir fournir aucune preuve authentique des liens de parenté de l’artiste avec la noble descendance de Jean Casembroot, nous prenons note de l’opinion émise à ce sujet par M. Kramm. Tout ce que l’on sait de notre peintre, c’est qu’il vécut et travailla en Sicile dans la seconde moitié du xviie siècle et qu’il passa une bonne partie de sa vie à Messine où il était considéré comme un des meilleurs artistes de son temps. Il réussissait surtout dans les paysages, les marines, les tempêtes. Son pinceau aborda également les sujets historiques et non sans succès ainsi que le prouvent trois compositions représentant des scènes de la Passion et qui se trouvent dans l’église de San-Giovacchino, à Messine. Casembroodt fut non-seulement bon peintre, on le cite aussi comme graveur à l’eau-forte de mérite. Brulliot, Le Blanc, Heineken, Basan, Nagler, mentionnent des ouvrages en ce genre. Ce sont : Vrbis Messinæ eiusque Maris varius Prospectus. Suite de 13 pièces. — Le vaisseau en radoub. Pièce anonyme. — Le Pêcheur à la ligne. Pièce anonyme. Brulliot, d’après Heineken, donne comme suit le titre de l’œuvre aux treize pièces : Urbis Messinæ ejusdem maris, portuum et navium prospectus : Abr. Casembord del. et inv. Son monogramme est ordinairement un A et un B entrelacés et accompagnés d’un F, ce que Brulliot traduit assez naturellement par Abraham fecit. Le Blanc orthographie son nom Casembrot et Brulliot Casembrodt. Celui-ci ajoute que ses estampes portent parfois les lettres initiales A. b. C. f. ou le nom en toutes lettres : Abrahamo C in. et fecit.
Les archives brugeoises citent à diverses reprises un Pierre Casenbroot, peintre. Ce nom se rencontre la première fois, en 1471, comme étant celui d’un des gouverneurs de la corporation artistique ; en 1478, ce Pierre Casenbroot occupe la dignité de doyen et se trouve constamment parmi les dignitaires de Saint-Luc jusqu’en 1500, date la plus rapprochée à laquelle il soit cité. Cette dernière mention nous apprend qu’il était enlumineur, c’est-à-dire miniaturiste et qu’il fut un de ceux qui, comme gouverneur de la Gilde, ordonnèrent aux artistes du genre d’apporter la marque avec laquelle ils signaient leurs ouvrages afin qu’elle fût enregistrée dans le livre de la corporation.