Biographie nationale de Belgique/Tome 3/CARDON, Antoine

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CARDON (Antoine), dit le jeune, dessinateur, graveur à l’eau forte, au burin et au pointillé, né à Bruxelles le 15 mai 1772, mort à Londres, le 16 avril 1813. Fils d’Antoine-Alexandre-Joseph Cardon, le vieux, il eut pour premier maître son père, qui lui enseigna la pratique de l’eau-forte, en même temps que le maniement du burin, auquel l’élève s’adonna de préférence. Les événements amenés par la révolution belge de 1789 et la révolution française de 1792, portèrent Antoine Cardon le jeune à s’expatrier. Il s’embarqua pour l’Angleterre et s’établit à Londres. Plusieurs fois proclamé lauréat académique à Bruxelles, il obtint un pareil succès à l’Académie de Londres en 1794. Malgré sa santé débile, il se livra avec ardeur à des travaux de gravure, qui bientôt établirent sa réputation. Mais il sacrifia souvent au goût anglais de l’époque et employa le pointillé et la manière noire pour une partie de ses belles productions. La première, la plus recherchée et la plus rare de ses œuvres, la Présentation de Catherine de France à Henri V d’Angleterre, lors du traité de Troyes, en 1419, d’après le tableau de J. Stothard, est exécutée au pointillé et imprimée en noir ; c’est sa planche capitale et un chef-d’œuvre de gravure. Vinrent ensuite deux estampes consacrées à remémorer les victoires des Anglais dans l’Inde : l’Assaut de Seringapatam et la Reddition des fils de Tippoo-Saïb, d’après H. Singleton, deux pages de format grand in-folio, du burin le plus pur et le plus vigoureux, qui firentb une extrême sensation. Avec non moins de réussite il publia la Bataille d’Alexandrie d’Égypte et le Combat de Maïda en Portugal (20 mars et 4 juillet 1801), livrés entre les Français et les Anglais, deux toiles de Lautherbourg. Dès lors Cardon le jeune fut regardé comme un des plus habiles graveurs contemporains, et ses œuvres justifiaient la préférence qui lui avait été accordée sur plusieurs artistes anglais, pour reproduire les plus remarquables tableaux du Musée britannique. Il commença sa collaboration par la Femme adultère, de P.-P. Rubens, planche magistrale, l’une des plus importantes du recueil ; l’on y rencontre aussi de l’artiste belge huit épisodes des Cris de Londres, par F. Whealley, et entre autres : la Marchande d’allumettes, 1794 ; la Marchande de cerises, 1795 ; la Marchande de chansons, 1796, gravures in-folio, en hauteur, au pointillé et tirées en bistre. Ces sont les quatrième, huitième et onzième de la collection, à laquelle travaillèrent également les graveurs L. Schiavonetti, Vendramini et Thomas Gaugain. — Citons encore Ganimède, d’après Rembrandt (pointillé et noir) ; la Sainte famille, d’après Adrien Vander Werf (pointillé et bistre) ; le portrait équestre d’Alexandre Sinclair Gordon, capitaine des chevau-légers volontaires de Londres, d’après A. W. Devis (1811) ; le portrait de sir William Sidney Smith (avec le siége de Saint-Jean d’Acre, gravé par J. Miton, au bas de la planche), d’après Robert Ker Forter ; le général Victor Moreau (1802), publié à Londres par Barrois ; l’Abbé De Lille, d’après J.-L. Monnier. — Cardon le jeune avait modifié son prénom : il fut généralement connu à Londres sous l’appellation d’Antony.

On cite de lui d’autres estampes traitées avec un talent distingué : Napoléon sur le champ de bataille de Marengo ; The innocent Captivation et The rustic ministrel, d’après Singleton. — De ses portraits, qui sont presque tous dignes de sa réputation, il faut mentionner : David Collins (1804) d’après J.-T. Barbier; le major-général sir John Stuart (1806), d’après W. Wood, in-8o; Élisabeth Witbreat (1808), d’après Opie; le major-général Fergusson (1811) le Marquis de Buckingham, sir John Doyle, sir John Hope, sir Samuel Àuchmuty (tous quatre de 1812); Lord Southampton, par S.-M. Fitz Roy; Miss Duncan, par Singleton; Georges III, roi d’Angleterre et Alexandre Ier de Russie, in-folio.

La renommée qu’il acquit par les belles planches éditées en Angleterre, les distinctions qui lui furent accordées, par l’empereur d’Autriche et le roi de Naples surexcitèrent tellement son activité, que sa santé n’y put résister. Il succomba, dans la force de l'âge et du talent, à une maladie de langueur. Il fut vivement regretté, autant pour son mérite artistique que pour ses qualités sociales. C’est en Angleterre que se rencontrent le plus de gravures de Cardon le jeune : le Musée de Londres est resté en possession de ses meilleures œuvres.

Edm. De Busscher.

De Bast et Cornelissen, Annales du Salon de Gand et de l’École moderne des Pays-Bas, 1820. — Immerseel, Levens en werken der Holl. en Vlaamsche schilders, graveurs, etc. — Charles Le Blanc, Manuel de l’amateur d’estampes, Paris, 1854.