Biographie nationale de Belgique/Tome 3/CAMPEN, Jean

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CAMPEN (Jean), en latin CAMPANUS, théologien anti-trinitaire, né à Maseyck, dans l’ancien comté de Looz, et mort au pays de Clèves, en 1580, à un âge très-avancé. Il visita, à Cologne, le Collége des Trois Couronnes d’où il se fit renvoyer vers 1520 pour une cause restée inconnue. Cette disgrâce doit cependant avoir exercé une certaine influence sur l’attitude qu’il prit alors et conserva toute sa vie. Il composa un nouveau système de théologie arienne, et tout nous donne à croire qu’il le fit connaître sur les bords de la Meuse avant même que la réforme de Luther y eut des partisans. En 1528, il se rendit à Wittemberg où il vécut dans l’intimité des réformateurs allemands et se fit donner par eux le bonnet de docteur. Aussitôt après il se mit en opposition avec eux sur la question de la sainte Cène. Luther le traita avec sa rigueur ordinaire. Campen se fâcha et poursuivit en vain le réformateur à Marburg et à Torgau pour avoir avec lui, sur le thème le plus controversé à cette époque, une dispute publique. Il se retira alors, de guerre las, à Nimègue, auprès de son ami Wicelius et reprit dans les Pays-Bas, avec un certain succès, son apostolat. Sa secte adopta son nom. Un édit du duc Jean de Clèves, daté du 1er novembre 1532, nous apprend que Jean Campen et l’un de ses disciples, Henri de Tongres, sont bannis à perpétuité et sous peine de la vie de ses États. Ce fut alors qu’un savant gantois, Jean De Bruyn, qui était superintendant luthérien à Soest, en Westphalie, appela auprès de lui Campen, qu’il avait connu à Wittemberg, et le nomma son coadjuteur. C’était tout autant une bravade qu’une généreuse imprudence. Ils furent l’un et l’autre démissionnés en 1534 ou 1535 et remplacés par des luthériens orthodoxes. Les auteurs qui parlent de ces faits se contentent de qualifier ces deux personnages de zwingliens. Luther était plus dans le vrai en les confondant avec les anabaptistes dans une même réprobation. Cela ressort des ouvrages de Campen qui nous ont été conservés. Le plus important, publié en 1532, est intitulé : Goettlicher und Heilger Schrifft von vielen jaren verdunckelt, und durch unheylseme leer und lerer (aus Gottes Zulassung) verfistert, Restitution und Besserung ; durch den hochgelehrten Johannem Campa, s. l. les autres sont : — 1o Sendschreiben an den Koenig von Danemark, dont la date et le lieu d’impression nous sont inconnus ; — 2o Widderlegung der loci theolog. Melanchtonis, qui appartient à l’année 1532.

On a cru longtemps que Campen était originaire du pays du Clèves ; la preuve du contraire, outre les témoignagnes que nous pourrions citer, s’appuie sur ce fait qu’en 1553, à la requête du prince-évêque de Liége, son souverain légitime, dont il n’avait cessé d’encourir la disgrâce par ses tentatives de conversion souvent renouvelées sur le territoire liégeois et ses écrits qui constituaient, au point de vue juridique, le crime de lèse-majesté divine et humaine, il fut jeté en prison à Clèves et détenu pendant plus de vingt-cinq ans. Une autre version veut que Campen ait été condamné à une prison perpétuelle pour avoir, dans ses écrits, attaqué le dogme de la trinité consubstantielle et être revenu dans le pays malgré la sentence de bannissement portée contre lui. Nous la citons pour mémoire.

C.-A. Rahlenbeck.

Gerdes, Historia reformationis, vol. III. — Treschsel, Die protestantischen Antitrinitarier von Faustus Socin., Heidelb., 1839. — Foerstemann, Album academicæ Wittemb. — Gab. Prateoli, De vitis, sectis et dogmatibus omnium hereticorum qui ab orbe, etc., Cologne, 1569. — Berg’s Reformations Geschichte von Julich, Cleve und Berg., Hamm., 1826. — Schellhorn, Amœnitates hist. ecclesiast. et litt., Francof., 1737-38.