Biographie nationale de Belgique/Tome 3/CABILLIAU, Jacques

◄  Tome 2 Tome 3 Tome 4  ►



CABILLIAU (Jacques), seigneur de Mulhem, homme de guerre, mort en 1584, Il était fils de Jacques Cabilliau, de Gand, et de Marguerite de Rulyn ou Reuling. Il rendit de grands services à la cause des Provinces-Unies, lors des troubles religieux et politiques du XVIe siècle, en se rangeant, dès le commencement, sous les drapeaux de la liberté. Partisan zélé de la Réforme, il se joignit bientôt aux Gueux de mer avec lesquels il se trouva à La Brielle. La ville d’Enkhuizen s’étant prononcée pour le prince d’Orange, Cabilliau y fut envoyé avec d’autres chefs; c’est de là qu’il vint à Medenblick avec ses troupes afin de se rendre maître du château où s’étaient réfugiés les partisans de l’Espagne. La prise de cette place présentait de grandes difficultés; après diverses tentatives infructueuses, Cabilliau parvint cependant à s’en emparer au moyen d’un stratagème alors fort en usage : il fit placer devant les canons ennemis les femmes et les enfants des fugitifs, afin d’empêcher la garnison de faire feu. En récompense de ce fait d’armes, le prince d’Orange le nomma gouverneur de la ville. C’est à lui qu’on doit pareillement l’occupation de Hoorn. Il y courut les plus grands dangers, le 16 novembre 1572. Un jeune habitant de cette ville ayant escaladé les remparts, Cabilliau le fit incarcérer sous prétexte qu’il s’était rendu coupable d’un crime capital, Medenblick étant ville frontière et de mer. Les bourgeois prirent fait et cause pour le prisonnier; une révolte éclata; elle devint telle que le peuple désarma une partie de la troupe et mit en fuite un grand nombre de soldats. Cabilliau, pour sa sûreté personnelle et celle des hommes qui lui restaient, dut s’enfermer dans le fort; mais les habitants en exigèrent l’évacuation et prétendirent l’occuper eux-mêmes. A peine y furent-ils entrés qu’ils enfoncèrent la porte de la chambre du commandant et s’emparèrent de tout ce qu’elle contenait. Le tumulte était à son comble, quand arrivèrent heureusement deux commissaires du prince, qui réussirent à calmer les révoltés. On promit, de part et d’autre, d’éviter dorénavant tout conflit et de maintenir la concorde entre la garnison et les habitants.

En 1573, après la prise de Harlem, Cabilliau devint commandant d’Alkmar; il réunit un corps de troupes et il mit garnison à Egmond et à Heilo, pour la sûreté de la place. Quand l’ennemi se présenta pour attaquer Alkmar, Cabilliau crut nécessaire d’y entrer, mais la régence et une partie de la population s’y opposèrent. On prétendit follement qu’il devait réclamer des renforts afin de chasser les Espagnols. Cependant, il s’approcha de la place, voulant s’assurer si, en cas de besoin, il pourrait y trouver un refuge avec ses gens d’armes. L’administration communale se trouvant précisément en séance, il lui demanda l’autorisation d’entrer avec ses troupes dans les murs; on se montra d’abord peu disposé à le recevoir; mais on finit par jurer qu’on voulait vivre et mourir avec le prince et il chassa aussitôt les avant-postes espagnols.

Il eut aussi occasion de se distinguer lors du siége d’Alkmar. La place se trouvait étroitement investie par des forces supérieures; quelques-uns de ses officiers croyant la résistance impossible, proposèrent de s’emparer de toutes les richesses, et, munis de ce butin, d’abandonner la ville. Cabilliau s’opposa énergiquement à ce projet, déclara qu’il aimerait mieux s’ensevelir sous les cendres que de renoncer à la défense dont il était chargé, et, quoique malade, il se fit porter sur les remparts. Par son intrépidité, sa persévérance et surtout par l’aménité de son caractère, il sut gagner le cœur de ses soldats et la haute estime de tous les habitants, qui lui durent, en grande partie, leur délivrance.

Il paraît être retourné dans son pays natal, car on le trouve bourgmestre d’Audenarde, en 1582, quand cette ville tomba au pouvoir du duc de Parme. Le 7 août 1583, il vint à Gand avec sa cavalerie et y mourut. Quelques auteurs prétendent pourtant qu’il finit sa carrière à Alkmar.

Aug. Vander Meersch.

De Kempenaere, Vlaemsche Kronyk, p. 300, 340, et 341. — Ror, Nederlandsche oorlogen, t. VI, p. 365, 374, 377 et 397. — Van Meteren, Nederlandsche historie, t. II, p. 65, 18. — Van Groningen, Geschiedenis der Walergeuzen, p. 185. — Vander Aa, Biographisch woordenboek.