Biographie nationale de Belgique/Tome 3/BUE, Jacques DE

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BUE (Jacques DE), religieux de la Compagnie de Jésus et Bollandiste, né à Hal (Brabant) le 11 mars 1728 ; mort dans la même ville le 29 septembre 1808. Il fit, très-jeune, ses classes d’humanités, probablement au collége de sa ville natale, puis entra au noviciat des jésuites à Malines, dès le 2 octobre 1743. Il étudia la philosophie pendant deux ans à Anvers, un an à Courtrai, et fut nommé professeur de grammaire inférieure au collége que la compagnie de Jésus dirigeait dans la première de ces villes. Au bout d’un an, il abandonna la carrière de l’enseignement pour étudier exclusivement le grec et les mathématiques. Ses progrès furent si rapides qu’en peu de temps il passa pour exceller dans ces deux branches. Il s’appliqua ensuite, pendant quatre ans, aux études théologiques et après avoir achevé son cours, il professa la philosophie et les mathématiques au collége d’Anvers jusqu’en 1762, enfin, à, la mort des Bollandistes Jean Stilting et Jean Périer, il fut attaché à la publication des Acta Sanctorum. Les sept premiers volumes des Acta du mois d’octobre renferment un grand nombre de vies de saints publiées par le P. De Bue ; les dissertations, les préliminaires, les notes dont il a enrichi ces vies témoignent de son savoir et de son judicieux esprit critique.

Lorsque, après la suppression de la Compagnie de Jésus par le pape Clément XIV, les trésors littéraires amassés par les Bollandistes, pendant un siècle et demi, eurent été transportés à l’abbaye de Tongerloo, De Bue fut le seul des Bollandistes qui suivit la translation de ce précieux dépôt. Il se rendit à l’abbaye pour prendre la direction des Acta Sanctorum, et y former, en même temps, quelques jeunes religieux de l’ordre des Prémontrés qui pourraient plus tard mener à bonne fin la publication commencée. Ce fut pendant son séjour à Tongerloo que De Bue publia, à l’imprimerie même qui s’y trouvait établie, le sixième volume des Vies des Saints d’octobre, qui renferme entre autres les dissertations sur saint Calliste, saint Burchard et saint Colman. Le septième volume consacré aux saints du mois d’octobre était sous presse et quelques feuilles, réimprimées depuis, venaient d’être tirées, lorsque les républicains français s’emparèrent de la Belgique, et forcèrent les religieux de Tongerloo à abandonner leur abbaye. En 1801, le préfet du département des Deux-Nèthes, et, l’année suivante, le ministre de l’intérieur, sur les instances de l’Institut de France, engagèrent De Bue à reprendre la célèbre publication; mais, malgré les offres avantageuses et honorables qui lui furent faites, il ne put se résoudre à se remettre à l’œuvre, ni à leur indiquer où les trésors littéraires des Bollandistes avaient été cachés. Il se retira alors à Hal, sa ville natale, et y mourut le 29 septembre 1808, à l’âge de quatre-vingts ans. De Bue était un homme d’une modestie rare, d’un caractère jovial et d’une grande charité.

E.-H.-J. Reusens.

Acta SS. Octobris, publiés par les Bollandistes, VII, pp. xxx et suivantes.