Biographie nationale de Belgique/Tome 3/BRUSLÉ DE MONTPLEINCHAMP, Jean-Chrysostôme

◄  Tome 2 Tome 3 Tome 4  ►




BRUSLÉ DE MONTPLEINCHAMP, Jean-Chrysostôme



BRUSLÉ DE MONTPLEINCHAMP (Jean-Chrysostôme), polygraphe, né à Namur, le 15 février 1641, mort à Bruxelles, le 29 décembre 1724. Il a été établi que le nom de Montpleinchamp appartient à sa famille, et que celui, de Bruslé n’était qu’un nom d’emprunt adopté par son père, fourbisseur de son état. Il reçut une bonne et solide instruction qu’il compléta par de longs voyages; à son retour, il entra dans la Société de Jésus, mais ne sut y rester : sa morgue, sa vanité étaient telles qu’on dut l’inviter à s’en retirer. Ayant par sa conduite provoqué les mêmes répulsions dans une autre maison de l’ordre, il finit par s’établir à Bruxelles comme prêtre séculier. Doué d’une facile élocution et suivant en ses discours une judicieuse méthode d’exposition, il brilla bientôt par l’éloquence de la chaire, et l’empereur Charles VI ne tarda pas à le nommer son prédicateur. Après avoir été chapelain de l’électeur de Bavière et musicien de sa chapelle, il devint aumônier de l’électrice Therèse-Cunégonde de Sobieski. Cette position lui laissait des loisirs qu’il consacra à l’histoire du pays, et lui fit concevoir le projet d’en publier les annales par époques, depuis le règne des ducs de Bourgogne jusqu’au XVIIIe siècle, projet qu’il réalisa en partie. Il a laissé un grand nombre d’autres publications, la plupart oubliées et qui, bien que médiocres par le style et par les idées, offrent cependant encore une mine utile à exploiter. Consciencieux, étudiés, louables même sous le rapport de l’exactitude des faits, les premiers essais de Bruslé suffirent à lui valoir un certain renom. Malheureusement sa vanité excessive finit non-seulement par lui aliéner ses anciens amis, mais par lui susciter beaucoup d’ennemis nouveaux. Leur nombre augmenta surtout quand, non content de mettre au jour ses propres ouvrages, il s’avisa de faire d’incessants emprunts et qu’il eut l’effronterie de s’approprier, en entier, les œuvres d’autrui, en se bornant à y ajouter des préfaces dans lesquelles il se décernait les plus vifs éloges. Grâce à l’espèce de réputation qu’il s’était faite, il trouva moyen de s’approcher insensiblement de la Cour, s’y introduisit et obtint par de hautes influences, le 21 février 1701, un canonicat à l’église de Sainte-Gudule à Bruxelles; bon nombre d’obstacles lui avaient pourtant été opposés par les chanoines, qui ne paraissaient guère se soucier de l’avoir pour collègue. On lui doit : 1° Histoire des ducs du Bourgogne, par M. Fabert. Cologne, 1689, 2 vol. in-12. Première publication de Bruslé de Montpleinchamp; il cacha son nom sous celui de sa mère, qu’il prétendait être de la famille du maréchal Fabert. — 2° Histoire de Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur. Cologne, 1689, in-12; id. 1692, 1697. Histoire mal écrite; les deux premiers livres, parsemés de portraits, offrent quelque intérêt. — 3° Histoire de don Jean d’Autriche. Amsterdam, 1690, in-12. — 4° Les jeux admirables de la divine Providence. Cologne (Bruxelles), 1690, sous le pseudonyme de M. de Gerimont. — 5° Histoire d’Emmanuel Philibert, duc de Savoie. Amsterdam, 1692, in-12. — 6° Histoire d’ Alexandre Farnèse, duc de Parme. Amsterdam, 1692, in-12. Ce livre pèche par les défauts habituels de l’auteur; mais il en a aussi le principal mérite, l’exactitude des faits. — 7° Histoire de l’archiduc Albert, gouverneur et puis prince souverain de la Belgique. Cologne, 1693, in-12. — 8° L’arche d’alliance ou nouvel abrégé des méditations du P. Du Pont. Bruxelles, 1696. Ces méditations n’ont pas beaucoup fatigué l’esprit de Bruslé, car il s’est borné à réimprimer, avec une préface, l’abrégé du P. Du Pont, fait par le P. d’Orléans. — 9° La conversion de saint Augustin, in-12. C’est un extrait de la traduction de Dubois; la préface est du chanoine. — 10° Ésope en belle humeur. Bruxelles, 1695; id. 1700, 2 vol. in-12, avec quelques fables de Furetière et de Lafontaine. Bruslé n’a mis pour ainsi dire qu’un nouveau titre aux Fables d’Ésope, imprimées en 1689, avec les figures de Sadeleer. 11° Le festin nuptial dressé dans l’Arabie heureuse. (Bruxelles), 1700, petit in-8o, avec quelque fables de la composition de l’éditeur; ce ne sont pas les meilleures. Dans cet ouvrage comme dans la première édition d’Ésope en belle humeur, le compilateur s’est laisse aller à des allusions qui ont dû lui attirer beaucoup d’ennemis; de nos jours, la conclusion du livre eût valu à Bruslé plus d’un procès en diffamation. — 12° Lucien en belle humeur, ou nouvelle conversation des morts. Amsterdam, 1694, 2 vol. in-12 : id. 1701. La plupart de ces dialogues ont lieu entre des personnages belges et concernent les événements du temps. — 13° Histoire véritable de Gillion de Traizegnies. — 14° Le diable bossu. Nancy (Bruxelles), 1708, in-12. Roman absurde plein de visions, d’apparitions, de démons armés de grands sabres, coupant les gens en morceaux. — 15° Renversement des prédictions frivoles d’Isaac Brickerstaf, par M. de Balastre, astrologue. Luneville, 1708, in-12. — La manie de s’emparer de toutes espèces d’ouvrages a même porté Bruslé à reproduire la traduction de l’Imitation de Jésus-Christ, par Dumas. Il en donna une édition à Bruxelles, chez Foppens, avec une épitre dédicatoire, signée par le libraire. Lambert Ignace Douxfils a publié contre lui une satire intitulée : L’original multiplié, ou portraits de Jean Bruslé, Namurois. Liége, 1712, in-12, avec son portrait.

Aug. Vander Meersch.

Lelong, Bibliothèque historique de la France, édit. Fontette. — Biographie universelle, publiée par Didot. — Id., publiée par Michaud. — Delvenne, Biographie des Pays-Bas. — Goethals, Lectures relatives à l’histoire des sciences, t. IV.