Biographie nationale de Belgique/Tome 3/BREUGHEL, Jean (le jeune)

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BREUGHEL (Jean), le jeune, fils de Jean dit de Velours, peintre de paysage avec figures, de fleurs et d’animaux, naquit à Anvers en 1601. Il reçut, sans aucun doute, les leçons de son père, et, jeune encore, se rendit en Italie. Il y rencontra son cousin germain, le peintre Luc De Wael, qui lui fut on ne peut plus utile à Gênes et à Turin. A Milan, le jeune artiste tomba sérieusement malade; mais il avait été adressé au protecteur de son père, le cardinal Borromée, et celui-ci, gardant toujours à Breughel de Velours un affectueux souvenir, logea le fils dans son palais où il le fit soigner. Au mois d’août 1625, Breughel était revenu dans sa ville natale; il ne devait plus retrouver son père, décédé au mois de janvier précédent. La même année il se fit recevoir parmi les membres de la société de rhétorique la Violette, et, en juillet 1626, il épousa Anne-Marie Janssens, fille du peintre Abraham; il en eut plusieurs enfants. La mère d’Anne Marie Janssens était fille de Pierre Goetkint, maître de Breughel de Velours. Les protecteurs et les commandes ne manquèrent pas non plus à notre artiste; en 1626, il vendit une de ses œuvres au duc de Savoie, et, plus tard, il travailla également pour l’archiduc Léopold, gouverneur général des Pays-Bas. En 1630-1631, il fut élu doyen de la corporation de Saint- Luc. L’époque de son décès n’est pas connue, mais M. Van Lerius, rédacteur du livret du Musée d’Anvers, possède la preuve que notre artiste vivait encore en 1677. Plusieurs de ses fils cultivèrent la peinture; Jean Pierre, né en 1628, fut reçu franc-maître en 1645; il mourut en Italie. Philippe, né en 1635, est inscrit comme franc-maître, en 1655. Reste Abraham, né en 1631; mais il n’est point inscrit dans la corporation et l’on n’est pas sûr qu’il ait peint.

Il n’y a pas bien longtemps encore que Jean Breughel, le jeune, était presque inconnu; c’est à M. Van Lerius que revient l’honneur de lui avoir rendu la place qui lui est due. Il est presque certain que cet artiste fut digne de son père par son caractère et son talent. Il suffit de citer le nom de ses collaborateurs pour en être convaincu. En effet, ses paysages furent étoffés tour à tour par Rubens, Van Diepenbeeck, Van Balen, Van Tulden, Fr. Wouters et Jér. van Kessel. Lui-même orna de figures les tableaux de Josse De Momper et de Pierre van Loon. Il est encore certain que ses tableaux sont confondus avec ceux de son père, et c’est ce qui nous explique l’innombrable quantité de Breughel de Velours qui se trouvent dans les musées, entre autres les cinquante-quatre du Musée de Madrid. Cependant, on ne possédait de lui aucune œuvre qu’on pût authentiquement lui attribuer, lorsque parut le nouveau catalogue du Musée de Dresde, par M. Julius Hubner. Nous y trouvons trois tableaux catalogués sous le nom de Breughel de Velours et qui sont évidemment de son fils. Ce sont trois Paysages avec figures, signés, l’un Brueghel 1641, et les deux autres, Brueghel 1642. La date suffit pour nous éclairer. On peut donc s’assurer désormais que les éloges nombreux accordés au talent de Breughel, le jeune, sont mérités. Mais, outre ces trois œuvres, nous croyons pouvoir encore en signaler une autre, indubitablement de Jean, le jeune, si la signature est bien copiée. Il s’agit d’un Paysage avec vue sur la mer et sur le devant duquel est représentée la Continence de Scipion; il y a sur ce tableau une foule de petites figures. Cette composition se trouvait autrefois dans la galerie de Dusseldorf (depuis transférée à Munich), sous le nom de Scipion devant Carthagène; le catalogue en donnait la signature comme suit : Brveghel 1660 fec. Anversa. Non-seulement ce morceau nous rend une œuvre de Jean, le jeune, mais en même temps il nous permet d’accorder au fils autant de talent et de réputation qu’au père, car voici, entre autres, ce qu’en dit M. Ch. Blanc, dans son Histoire des Peintres; remarquons qu’il le croit de Breughel de Velours : « Personne, au contraire, ne savait dessiner une figure plus élégamment, plus juste, ni mieux d’aplomb. Breughel l’a prouvé surabondamment dans ses vues de Flandre... Mieux encore dans son fameux petit tableau de l’ancienne galerie de Dusseldorf, où il fit tenir tout le camp de Scipion l’Africain devant Carthagène, peinture d’un fini merveilleux, grande miniature à l’huile dans laquelle se meuvent une quantité innombrable de figures intéressantes et dont le principal groupe représente la Continence de Scipion. » On cite de lui une toile qui sort tout à fait de son genre, la Bataille de Calloo, livrée en 1638 et représentée en petit; puis une grande composition exécutée avec son beau-père, Abr. Janssens, et représentant la Déesse Flore au milieu de fleurs de toute espèce. Jean Breughel, le jeune, a laissé un journal d’où l’on a extrait presque tous les détails que l’on possède sur ce peintre.

Ad. Siret.