Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BRENART, Félix-Guillaume-Antoine

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BRENART, Félix-Guillaume-Antoine



BRENART (Félix-Guillaume-Antoine), évêque de Bruges, né à Louvain, le 23 novembre 1720, et mort à Anholt (Westphalie), le 26 octobre 1794. Son père, Jean-Antoine Brenart, baron de Corbeek-over-Loo, issu d’une ancienne famille brabançonne, était docteur en droit civil et canonique, et professeur de droit civil à l’Université de Louvain. La profession du père ne contribua pas peu à donner le goût des études au fils, qui fut promu, le 26 août 1744, au grade de licencié in utroque. Nommé chanoine de l’église Saint-Pierre, à Louvain, on lui confia la place de secrétaire-trésorier du chapitre. L’impératrice Marie-Thérèse le promut, le 16 janvier 1751, à la dignité de doyen du chapitre de Saint-Gommaire, à Lierre, ce qui lui donna accès à la place de conseiller ecclésiastique au grand conseil de Malines, le 26 janvier 1758. L’ Impératrice-mère le désigna pour occuper le siége épiscopal de Bruges, le 21 février 1777; il fut sacré à Malines, par le cardinal de Franckenberg, assisté des évêques de Gand et d’Ypres, le 29 juin suivant, et fit son entrée dans sa ville épiscopale le 3 août. Son caractère distingué, son affabilité, sa douceur lui attirèrent bientôt tous les cœurs; il était considéré comme le père de son clergé et de ses ouailles.

Cependant de grandes épreuves lui étaient réservées. Les innovations de Joseph II en matière de religion furent étendues à la Belgique, par édit impérial du 16 octobre 1786; les séminaires épiscopaux furent fermés pour faire place au séminaire-général de Louvain et les réformes introduites par le gouvernement dans les administrations civiles et ecclésiastiques mécontentèrent et aigrirent les Belges, jaloux de leurs priviléges. L’évêque de Bruges se montra énergique durant ce temps de persécutions; ses lettres, insérées dans le Recueil des représentations, protestations et réclamations, faites à S. M. I. etc., prouvent combien il était tout à la fois prudent et ferme pendant ces années d’épreuves. Les élèves du séminaire général, au nombre de plus de trois cents, s’ étant révoltés contre leurs professeurs hétérodoxes, le séminaire fut fermé, puis rouvert de nouveau par ordre de l’Empereur, le 15 janvier 1788. L’ évêque de Bruges ne resta pas inactif durant ces vexations; il écrivit au ministre plénipotentiaire, le comte de Trauttmansdorff, plusieurs lettres qui furent publiées et qui respirent une vive indignation. Cette guerre de troubles religieux fut suivie d’agitations suscitées par le parti des mécontents. Le cardinal de Franckenberg et l’évêque d’Anvers furent arrêtés et l’insurrection devint générale. Les patriotes s’armèrent contre les impériaux et leur firent évacuer le pays. La révolution brabançonne affranchit la Belgique de la domination autrichienne, Mgr Brenart adressa à cette occasion, le 4 janvier 1790, un mandement remarquable à ses diocésains. Un autre orage grondait déjà au loin et allait bientôt éclater sur la Belgique : la révolution française venait de triompher; le général Dumouriez, vainqueur à Jemmapes, incorpora la Belgique à la France; mais, vaincu à son tour à Nerwinde, il fut obligé d’abandonner sa conquête. Le général Pichegru revint avec une armée plus considérable, en 1794; après s’être emparé de Courtrai, de Menin et d’Ypres, il entra à Bruges sans coup férir, le 30 juin. L’évêque Brenart, n’ignorant pas comment la Convention traitait les prêtres français, avait quitté sa ville épiscopale avant l’occupation par Pichegru. Réfugié dans le Brabant, chez des membres de sa famille, il se retira bientôt à Venloo, où il séjourna durant quatre mois. Les Français s’approchant de la Gueldre, il passa le Rhin, se rendit à Anholt, au château des princes de Salm-Salm, où il succomba. Ses restes mortels furent déposés, le 29 octobre 1794, dans un caveau de l’église paroissiale de Anholt.

Mgr Brenart a publié, le 28 octobre 1777, une lettre pastorale très-remarquable pour l’extirpation de la mendicité; nous avons encore de lui des Mandements, publiés à différentes époques, et un petit in-12, Statuta pro alumnis Seminarii Brugensis. Bruges, 1791. Il légua, par testament, le mobilier de son palais épiscopal et de sa maison de campagne à Sainte-Croix, lez-Bruges, à la jointe des pauvres de sa ville épiscopale.

F. Vande Putte.