Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BREDAEL, Pierre VAN
BREDAEL, (Pierre VAN), le vieux, peintre de paysage, naquit à Anvers, en 1630; il fut probablement élève de son père ou du moins de celui habituellement désigné comme tel, qui portait le prénom de Guillaume et qui fut reçu franc-maître de Saint-Luc en 1638. Ce dernier devait avoir connu Jean Breughel de Velours, dont le succès fut si grand et dont l’école subsista si longtemps; il transmit probablement à son fils les traditions de Breughel qui se perpétuèrent dans la famille. On ne sait donc point d’une façon certaine de qui Pierre reçut des leçons. A vingt ans, en 1650, il fut à son tour inscrit comme maître dans la corporation. Mais le jeune artiste avait le goût des voyages et ce fut vers l’Espagne qu’il dirigea ses pas; il y fut bien accueilli à la cour et ses œuvres y obtinrent beaucoup de succès. Alla-t-il en Italie, et ce voyage précéda-t-il ou suivit-il celui d’Espagne? Ce sont des questions restées jusqu’à présent sans réponse. On peut cependant conjecturer qu’il vit les sites variés et charmants de l’Italie, car il les reproduisit si souvent dans ses toiles avec l’accompagnement obligé des cirques, fontaines et autres architectures connues sous le nom de Fabriques; or cette reproduction porte si bien le cachet de vérité d’une exécution d’après nature, qu’on est disposé à croire au séjour du peintre à Rome. Pierre van Bredael revint dans sa patrie après quelques années d’absence. Il y épousa Anne Veldeners. Il n’est plus rien rapporté sur les événements de sa vie, ni sur les travaux qu’il exécuta après son retour. On sait cependant qu’il enseigna ses quatre fils. Weyerman raconte, dans l’article qu’il consacre à Jean-Pierre, sous la dénomination de N. van Bredael, que le père de celui-ci, (notre Pierre le vieux, par conséquent), fut capitaine de la garde bourgeoise d’Anvers, — ce qui est vrai, — bon peintre, mais qui renia, dit-il, le pinceau pour acheter la dignité dont nous venons de parler. Nous ignorons jusqu’à quel point l’on doit ajouter foi à cette assertion que contredit la carrière si laborieuse de l’artiste. Plusieurs auteurs ont copié l’erreur de Descamps qui le met comme directeur à la tête de l’Académie d’Anvers, en 1689; Pierre n’occupa jamais cette place, mais son fils, Jean-Pierre, ainsi que le porte en toutes lettres le Liggere, fut doyen de la corporation en cette même année.
Le talent de Pierre fut très-goûté; il imita Breughel de Velours avec assez d’esprit, assez d’originalité pour mériter un rang distingué parmi nos artistes. Sa couleur était bonne, il savait toucher avec finesse les petites figures d’hommes et d’animaux qui enrichissent ses paysages; ceux-ci ont beaucoup d’harmonie, leur étoffage est bien dessiné; en somme, les tableaux du maître sont fort agréables. L’Académie de Bruges en possède deux; ce sont des paysages italiens avec beaucoup de figures et dont l’un représente une foire; la perspective en est excellente, les figures spirituelles et groupées avec art; le coloris en est un peu sombre. Ils proviennent de l’ancienne abbaye des Dunes. Le premier (portant le n° 54) est signé : Peeter van Bredael. L’auteur du catalogue de ce Musée, M. James Weale, se trompe doublement en disant qu’aucune galerie publique ne possède de tableau de ce maître et que les quatre compositions qui figurent sous son nom dans la galerie de Vienne, sont d’une autre main. En premier lieu, le Musée de Berlin renferme de Pierre van Bredael un paysage avec ruines et marché de bétail, et une masse de figures; il est signé : Peeter van Breda. Cette signature justifie les auteurs qui l’ont appelé Van Breda au lieu de Van Bredael. En second lieu, les quatre tableaux de la galerie de Vienne ne sont pas attribués à Pierre par le catalogue de ce musée, mais bien à son fils, Jean-Pierre, auquel ils appartiennent réellement. — Outre Jean-Pierre, et Alexandre, dont il sera parlé plus loin, Pierre eut encore deux fils peintres : Jean reçu dans la corporation anversoise, en 1683, et George, bon peintre de paysage et de chasses, qui épousa, le 25 juillet 1681, Jeanne-Marie, fille aînée du second mariage du célèbre peintre Abraham van Diepenbeeck.
Une de ses filles, Marie-Anne, devint la femme du peintre Pierre Ykens.
Ou trouve de Pierre van Bredael, dans l’ouvrage de Corn. De Bie, un bon portrait, gravé par Conrad Lauwers, d’après un dessin d’Abbé, et sous lequel on lit : « Petrus van Bredael. Né dans la ville d’Anvers en l’an 1630. Peintre fort plaisant et rare il at demeuré quelque temps en Espagne et aultres provinces. »
Pierre laissa un fils, Alexandre, peintre de paysages et de kermesses, qui fut élève de son père. Le 11 août 1685, il épousa, à l’église Saint-Jacques, à Anvers, où il était né, Cornélie, fille du peintre d’histoire, Hubert Sporckmans. De 1686 à 1696, il naquit sept enfants à ce ménage; ils furent tous baptisés à Saint-Jacques et l’un d’eux, dont la biographie suit, fut un artiste de talent. Alexandre travailla, dit-on, avec le célèbre Jean van Huysum; c’est assez dire que son talent était très-estimé. En 1684, on le trouve inscrit comme ayant été parrain d’un fils de sa sœur, Marie-Anne, mariée au peintre Pierre Ykens. Par contre, Pierre Ykens remplit la même charge, en 1695, pour un fils de Van Bredael, nommé Alexandre comme son père. Celui-ci fut reçu franc-maître de Saint-Luc, en 1686, et mourut en 1720, un an seulement après son père Pierre. On cite parmi ses élèves le bon peintre Pierre Snyers, qu’il reçut dans son atelier, en 1694.