Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOUVERIE, Jean DE LA

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BOUVERIE (Jean DE LA) ou BOVERIE, sire de Bierbeke et de Wierre (ou Saint-Jooris-Weert), chancelier de Brabant, vivait à la fin du XVe siècle. Il fut, dès l’année 1467, conseiller et procureur général au conseil d’État et privé que Charles le Hardi institua après la mort de son père Philippe le Bon. En 1473, il devint second président au grand conseil de Malines par la volonté du même souverain et fut chargé ensuite, par la duchesse Marie, des fonctions de chef du grand conseil, en remplacement de Jean de Carondelet, seigneur de Champvans. Enfin, le 23 novembre 1481, Jean de la Bouverie succéda comme chancelier de Brabant à Geldolphe Vander Noot, dignité qu’il occupa jusqu’au 29 novembre 1483, et en vertu de laquelle il intervint, au nom de Maximilien d’Autriche, en plusieurs traités conclus avec le roi de France Louis XI. Le nom de Jean de la Bouverie, rite par Philippe de Commines, revient assez souvent dans nos annales. Ainsi, dans le précis des archives de la Flandre occidentale, on lit dans une lettre des députés de Bruges aux états généraux : « Mademoiselle de Bourgogne a reçu de divers lieux et par plusieurs députés de Béthune les nouvelles les plus graves sur les entreprises que le roi de France fait chaque jour en Artois. Elle a supplié les mains jointes et les yeux remplis de larmes, le sire de Rumbeke et maître Jean de la Bouverie de se rendre près des membres des états pour réclamer des secours, offrant d’y employer sa personne et ses biens. » C’est donc à Jean de la Bouverie que l’héritière de Charles le Hardi recourut au milieu des dangers où elle se trouvait exposée par suite de l’ambition de Louis XI.

En 1478, Maximilien avait résolu de profiter du court séjour que les préparatifs de la guerre contre Louis XI le contraignaient de faire à Bruges, pour relever le célèbre ordre de la Toison d’or. La cérémonie eut lieu dans l’église de Saint-Sauveur. L’évêque de Tournai y prononça une docte harangue où après avoir raconté l’origine et le but de l’ordre, il engageait le duc d’Autriche à ne pas le laisser éteindre. Jean de la Bouverie, comme président du conseil du prince, répondit en son nom : « Qu’il était prêt à poursuivre l’œuvre de ses prédécesseurs pour l’honneur de Dieu, la protection de la foi catholique et la gloire de la noblesse. »

En 1481, Jean de la Bouverie fut envoyé avec Jean de Berghes comme commissaires de Maximilien à la conférence qui devait se tenir à Saint-Quentin avec les commissaires du roi Louis XI.

Il intervint encore, le 23 décembre 1482, dans le traité conclu à Arras, entre Louis XI et Maximilien d’Autriche, « tant au nom de ce dernier, » est-il dit dans le texte du traité, « que au nom de Monseigneur le duc Philippe et Mademoiselle Marguerite d’Autriche, ses enfants et des estas de leurs pays, tant pour eux, que aussi pour et au nom d’iceux duc Philippe et Damoiselle. »

Depuis 1482, les habitants de Saint-Omer étaient restés neutres au milieu des luttes que soutenait Maximilien; les habiles négociations de Jean de la Bouverie firent sortir la ville de cette position expectante : le 5 février 1487, elle résolut de faire reconnaître l’autorité du duc d’Autriche.

Maximilien, qui avait pris le titre de roi des Romains, en 1488, était retenu prisonnier en Flandre. Les députés de Flandre, Brabant, Hainaut, Zélande, Limbourg, Luxembourg, Frise, Namur, Valenciennes, Anvers et Malines ayant conclu à Gand la confédération des États, qui joua un si grand rôle dans les troubles de cette époque, la Flandre fut menacée par les armes de l’empereur d’Allemagne, Frédéric III, par une flotte armée dans les ports de la Biscaye et par l’intervention du pape Innocent VIII, qui voulait mettre toutes les communes de Flandre en interdit. C’est au milieu de ces graves circonstances que Jean de la Bouverie vint offrir, au nom de Maximilien, si la liberté lui était rendue, de remettre comme otages. Philippes de Clèves, le duc de Bavière, le marquis de Bade et de renvoyer en Allemagne toutes les troupes qu’on y avait levées.

Les Mémoires de Philippe de Commines rapportent que Jean de la Bouverie intervint dans plusieurs traités conclus avec Louis XI. Des lettres de cette époque nous le montrent également chargé de plusieurs missions importantes que lui avait confiées Maximilien, notamment lors de la réunion des chevaliers de la Toison d’or qui eut lieu à Alost, en 1488, pour les consulter à propos de la conclusion de la paix; ensuite comme l’un des ambassadeurs chargés de conduire en France la fille du roi des Romains, et enfin comme ambassadeur de Maximilien auprès de Philippe de Clèves.

Messire Jean de la Bouverie appartenait à une famille liégeoise; Butkens déclare qu’il ne connaît aucun détail généalogique digne de remarque, ni sur Jean de la Bouverie lui-même, ni sur sa famille (tome II). Cependant ce nom figure dans le recueil héraldique des bourgmestres de Liége. Chevalier, seigneur de Bierbecke et de Wierre, haut voué héréditaire de la ville de Liége, il épousa dame Jeanne de Pannetière et mourut vers l’année 1493. Il fut enterré, ainsi que son épouse, aux Frères Mineurs, à Liége.

Baron Albéric de Crombrugghe.