Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOUILLE, Théodose

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BOUILLE (Théodose), historien, religieux Carme chaussé de la province de France, en religion frère Théodose de la Mère de Dieu, bachelier de Sorbonne, lecteur en théologie, fils de G.-Fr. Bouille, greffier des échevins, et petit-fils de G. del Bouille, bourgmestre de Liége en 1649, né à Liége, mort en cette ville en 1743, à un âge avancé. Il fit en France son noviciat, séjourna assez longtemps à Pont-à-Mousson, fut reçu bachelier de la Sorbonne et revint se fixer à Liége dans le couvent de son ordre. Il a publié : 1° Oraison funèbre de très-haute et très-puissante princesse Marie-Éléonore d’Autriche, reine de Pologne et duchesse de Lorraine. Prononcée à Pont-à-Mousson, le 17 juillet 1698. Pont-à-Mousson, Maret (1698), in-4o de 13 feuillets; — 2° L’Écriture sainte éclaircie par des faits qui sont recueillis hors d’elle-même avec des réflexions morales. Liége, de Milst, 1710, in-8o de 338 pages. — Continuation de l’Écriture éclaircie, etc. Liége, Gramme, 1713, in-8o de 309 pag. — 3° Confiance du pécheur fondée sur la grandeur de la miséricorde de Dieu. Liége, Gramme, 1715, in-8o de 401 pag. — 4° Histoire de la ville et pays de Liége. Liége, Barnabé, 1725, 1731 et 1732, 3 vol. in-folio de 492, 516 et 575 pages sans les lim. et les tables. En tête du deuxième volume, on trouve une dissertation historique de G. de Louvrex sur l’époque où le pays de Liége est devenu membre de l’empire germanique.

Des trois grands historiens liégeois, Foullon, Fisen et Bouille, ce dernier est le seul qui ait employé la langue française. En dépit de son titre de bachelier de Sorbonne, il la connaissait mal, ou du moins il n’avait pas la souplesse nécessaire pour la manier avec aisance. Son style est diffus, trivial, peu correct; un certain embarras règne dans les phrases, ainsi qu’une absence presque complète de transitions et un défaut de proportion entre les différentes parties du récit. Ces négligences ou ces défauts sont cependant rachetés par une candeur et une bonhomie qui frappent tout d’abord le lecteur, et le disposent favorablement. On sent que Bouille aime la vérité et qu’il voudrait pouvoir toujours la dire sans réserve; mais sa robe de moine et la censure lui commandent une extrême prudence; aussi s’abstient-il parfois de blâmer tout haut des actes qu’évidemment il désapprouve dans son for intérieur. On s’en aperçoit à l’une ou l’autre réflexion qui se glisse au milieu de la narration et rend celle-ci d’autant plus piquante, que l’auteur paraît s’exprimer naïvement, sans préméditation et sans art. L’ouvrage n’en laisse pas moins à désirer sous le rapport de la critique. On y retrouve les allures des anciens chroniqueurs, et De Feller l’a caractérisé assez exactement en disant que « ce sont plutôt des mémoires pour servir à l’histoire de Liége. » On a reproché à Bouille de n’avoir été que le traducteur infidèle de Foullon, dont le manuscrit aurait été en sa possession : quoi qu’il en soit, de 1612 à 1727, il a été livré à lui-même et n’a pris pour modèle, de son aveu, que le jésuite Daniel. Cette partie de son œuvre est la plus importante. En somme, l’Histoire de Liége de Bouille, malgré ses lacunes, malgré son absence d’élévation et de critique, est un livre en général digne de confiance. La sincérité visible de l’auteur a autant contribué à le rendre populaire, que la circonstance qu’il a renoncé à se servir du latin.

Ul. Capitaine.

Loyens, Recueil héraldique, p. 402. — Henoul, Annales du Pays de Liége, p. vii. — De Feller, Dictionnaire historique.