Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOSSUYT, Jacques-Ignace VAN

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BOSSUYT (Jacques-Ignace VAN), théologien, né le 1er novembre 1669, à Elene, village situé aux environs d’Alost, mort à Enghien le 22 décembre 1727. Son père, qui portait le nom de Gaspar, était bailli d’Elene et grand nourricier des pauvres. Envoyé de bonne heure au collége des Pères Augustins à Enghien pour faire son cours d’humanités, le jeune Van Bossuyt s’y distingua constamment parmi ses condisciples. Après avoir achevé ses études, il entra, en 1690, dans l’ordre de Saint-Augustin, fit son noviciat sous la direction habile du Père Van Roy, et alla ensuite à Louvain étudier la théologie, où il soutint des thèses publiques sous la présidence de François Pauwens. Vers l’année 1696, ses supérieurs lui confièrent la direction du collége d’Enghien, fonctions qu’il remplit pendant environ six ans. En 1702, il retourna à Louvain, et y prit le grade de licencié en théologie. Il enseigna ensuite cette science, d’abord pendant trois ans aux jeunes religieux de son ordre à Louvain, plus tard pendant huit ans, aux Bénédictins de l’abbaye d’Eename, près d’Audenarde. Entretemps il se présenta à Louvain pour être revêtu des insignes du doctorat. Il fut promu, le 26 février 1712, avec Vincent van Severen, religieux de l’ordre de Saint-Dominique. Deux ans plus tard, il fut nommé régent ou professeur de la Faculté de théologie en remplacement du Père Ledrou, appelé à l’évêché de Porphyre, in partibus infidelium.

Grâce à un extérieur noble et imposant, à des manières douces et agréables, le Père Van Bossuyt s’était concilié l’affection et l’estime de tous. Aussi fut-il élu, à l’unanimité, provincial de l’ordre de Saint-Augustin en Belgique, une première fois le 12 mai 1715, et de nouveau le 7 mai 1724. Il fut aussi nommé visiteur et définiteur de sa province, et préfet de la mission hollandaise. Dans ces différentes fonctions, il s’attacha surtout à maintenir partout la discipline monastique, et à combattre les tendances jansénistes. Il fut aussi un des plus zélés et des plus ardents promoteurs de l’Université de Louvain ; et il ne manqua pas d’user, en faveur de cette institution, du crédit dont il jouissait à Rome auprès de quelques cardinaux, et ailleurs auprès de plusieurs personnages influents. Miné par une longue maladie, il mourut subitement à Enghien, dans la cinquante-neuvième année de son âge et fut enterré à l’église du monastère, à proximité du maître-autel.

Van Bossuyt nous a laissé un abrégé de théologie morale. Il en publia la première édition en 1709, lorsqu’il était professeur au couvent de son ordre, sous le titre de : Theologia moralis contracta et dilucide, ad petitiones responsionibus adjunctis, ad instructionem singulorum proposita; 2 vol. in-12 de 334 et 386 pages. Cet ouvrage, réimprimé plusieurs fois avec de légères modifications et des additions peu considérables (entre autres à Gand, en 1734 et 1741, et à Louvain en 1766), servit pendant longtemps de manuel chez les Augustins de Louvain et dans quelques séminaires de la Belgique. La doctrine morale de l’Abrégé est empruntée le plus souvent aux Aphorismes pratiques de Steyaert, et dans les questions dogmatiques, qui, contrairement à ce que le titre annonce, y sont parfois traitées, l’auteur se montre un ardent adversaire des sectateurs de Jansenius et de Quesnel.

E.-H.-J. Reusens

Paquot, Mémoires, éd. in-fol., III, p. 202.