Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOSQUET, Jean, Alexandre et Frédéric

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BOSQUET, Jean, Alexandre et Frédéric



BOSQUET (Jean), poëte, né à Mons dans la première moitié du XVIe siècle, et mort dans la même ville avant 1600. Il fut écolâtre, c’est-à-dire maître d’école, dans sa ville natale; il enseignait le français aux garçons pauvres et composa à leur usage une grammaire dont nous parlerons plus loin. L’époque où il vivait était ce XVIe siècle si agité, si terrible pour nous; vivement frappé de tous les maux qui affligaient le pays, et cherchant le remède à tant de calamités, il crut, dans la simplicité et la candeur de son âme, que si le prince était, éclairé sur ses devoirs, il opprimerait moins ses sujets; il composa donc un traité de morale politique, dans lequel les devoirs des princes étaient exposés. Mais le duc d’Albe, qui n’entendait pas la plaisanterie sur ce chapitre, ordonna des poursuites contre le candide Bosquet, qui put heureusement fuir assez tôt et gaguer le pays de Liége, où l’évêque le reçut avec bienveillance. Ce ne fut qu’après cinq ans d’exil qu’il put revenir dans sa ville natale et reprendre ses modestes et utiles travaux.

Bosquet est un littérateur remarquable pour son époque; il s’occupa de traduire en vers français les passages d’auteurs grecs et latins qui lui paraissaient présenter des enseignements moraux pour ses élèves; il eut en outre le grand mérite d’écrire en français à une époque où la langue latine était, surtout dans les Pays-Bas, seule en honneur parmi les hommes de lettres. La manière dont il tournait ses vers excita l’admiration, on peut même dire l’enthousiasme de ses contemporains. Libert Houthem, de Liége, le compare à Ronsard, et Humbert Bruslart, sous-prieur de l’abbaye de Maroilles, le proclame

Chef de la muse françoise,
Son premier prestre en la terre belgeoise.

Son début littéraire fut les Fleurs morales et sentences préceptives. Servantes de rencontre à tous propos. Avec autres poèmes graves et fructueux : pris des plus excellens autheurs grecs et latins. Et reduis en ryme françoise, pour l’utilité de la jeunesse, etc. Mons, chez Rutgher Velpius, 1581, in-8o, 152 ff. Philippe Brasseur cite une édition de ce livre publiée à Bruxelles, in-12, sans indication d’année, mais sans doute en 1576, date de l’approbation. Il en existe encore une autre, Mons, Charles Michel, 1587, aussi recherchée que la première. Cet ouvrage renferme des traductions en vers de sentences et préceptes tirés d’Isocrate, de trois cents maximes choisies dans les œuvres d’écrivains grecs et latins et quelques sonnets, acrostiches et épigrammes.

Bosquet a encore écrit : Élemens ou institutions de la langue françoise propres pour façonner la jeunesse à parfaictement et nayvement entendre, parler et escrire icelle langue, etc., Mons, Charles Michel, 1586, petit in-8o, 172 pages.

Bosquet, qui fut l’ami et le condisciple de Philippe Bosquier, à qui il dédia un sonnet, avait adopté, pour signer ses poésies, les mots Bonté acquise, anagramme de son nom.

Il eut, en 1599, un fils qui s’appela comme son père, Jean Bosquet, et qui fut également littérateur et poëte; il composa un sonnet assez original sur les œuvres paternelles, un poëme épique sur l’expédition de Bone par le duc Charles de Croy. Voici le titre exact de cette production : Reduction de la ville de Bone, par messire Charles, duc de Croy et d’Aerschot, prince de Chimay, en l’an 1588, et autres siens faits mémorables. Anvers, Martin Nutius, 1599, in-4o. Ce magnifique volume, de la plus grande rareté, vendu fort cher à la vente Leclercqz, à Mons, et acheté par la maison de Croy, est orné du portrait de l’auteur et de nombreuses gravures. Ce Jean Bosquet est encore auteur d’une Description particulière de l’entrée de leurs altesses à Mons, par J. Bosquet, prévost des maréchaux. Cette relation de l’entrée des archiducs Albert et Isabelle, le 25 février 1600, a été publiée, d’après le manuscrit autographe, par madame Clément-Hémery dans son Histoire des fêtes civiles et religieuses, usages anciens et modernes de la Belgique méridionale. Il existe de ce Jean Bosquet un portrait gravé par Antoine Wierix.

bosquet (Alexandre et Frédéric), nés à Mons, dans la seconde moitié du XVIe siècle, sont les petits-fils de l’écolâtre-poëte et les fils de Jean Bosquet dont on vient de parler. Tout ce que nous savons de ces deux derniers, c’est que le premier, mort à Mons en 1623, fut mathématicien et poëte distingué, et composa, dit De Boussu, plusieurs comédies françaises et autres ouvrages, imprimés à Valenciennes en 1619 et 1621, mais non retrouvés jusqu’ici, et que Frédéric Bosquet est, auteur de poésies fugitives, composées en grande partie d’épithalames.

J. Delecourt.