Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BORREKENS, Mathieu
BORREKENS (Mathieu) ou BERCKENS, graveur en taille-douce, à Anvers, où il naquit le 7 juillet 1615 et mourut le 25 décembre 1670. Elève de Pierre De Jode, le vieux, il entra dans la Gilde anversoise de Saint-Luc en 1634, comme apprenti, et fut admis à la maîtrise en 1635. Il remplit les fonctions de drossard de Wilryck et fut capitaine de la garde urbaine à Anvers. Presque tous les auteurs qui ont écrit sur les graveurs citent cet artiste et plus ou moins de ses œuvres. Ils orthographient assez diversement son nom patronymique : Berckens, Berkins, Borekens, Borrekens et Borrexens. — Jh Strutt (A biographical dictionary, etc. London, 1788) n’en parle pas.
Charles Le Blanc (Manuel de l’amateur d’estampes) a résumé les notions artistiques que l’on possède sur Mathieu Berckens ou Borrekens. Ce dernier nom est le plus usité. Il mentionne de lui neuf estampes reproduisant des compositions religieuses de Pierre-Paul Rubens, d’Antoine van Dyck, d’Abraham van Diepenbeek et d’Erasme Quellin. Les plus estimées sont : Le Christ en croix et la Madeleine, d’après A. van Dyck, et dessiné par E. Quellin ; l’Immaculée Conception, par P.-P. Rubens ; puis Saint François-Xavier et Saint Ignace de Loyola, deux planches in-folio, d’après le même maître ; le Bon pasteur et les Mystères de la Messe, deux planches grand in-folio, d’après A. van Diepenbeek ; Saint Jean-Baptiste, par E. Quellin, in-folio. La plupart des gravures de Mathieu Borrekens sont des copies exécutées pour l’éditeur marchand d’estampes Martin Vanden Ende. Les meilleures sont celles qui reproduisent des tableaux de Rubens. Il burina d’après Ab. van Diepenbeek une importante pièce anonyme, réminiscence de la vie de Jésus-Christ : Le Sauveur, agenouillé et garrotté, qui voit devant lui deux anges tenant les instruments de la passion.
M. Borrekens a gravé plusieurs portraits, dont un d’après A. van Diepenbeek : le prélat Christophe Butkens ; six d’après Anselme van Hulle, tous de format in-folio, entourés d’encadrements à attributs ou accessoires allégoriques : Ang. Carpzou, — G.-A. Heber, — Henri Langenbeek, — Guill. Riperda, — Gerhard Schepeler, — Jean de Crane, ministres plénipotentiaires à la conclusion de la paix d’Osnabruck et de Munster, en 1648. Ces portraits firent partie du recueil publié, d’abord partiellement, à Anvers, en 1648 et 1649, ensuite à Rotterdam, en 1697, au nombre de cent trente et un. Tous ces portraits avaient été peints par Van Huile, à Munster, pendant les négociations de paix, pour le prince d’Orange Frédéric-Henri, son protecteur. Ce remarquable recueil est intitulé: Pacificatores orbis christiani, sive icones principum, ducum et legatorum, qui Monasterii atque Osnabrugæ pacem Europæ reconciliarunt, quos singulos ad nativam imaginem expressit A. van Hulle, celsissimi principis Auriaci dùm vireret pictor, optimorum artificium dexteritate, CXXXI tabulis æneis incisæ. L’édition de Rotterdam (1697) a aussi un titre en Hollandais. Parmi les graveurs de renom qui participèrent à la reproduction de ces portraits historiques d’Anselme van Hulle, se rangent Paul Pontius, Pierre De Jode, Corneille Galle le jeune et Théodore Matham. Les portraits signés M. Borrekens peuvent rivaliser avec ceux de ces coopérateurs.
Il existe de lui quelques portraits d’après ses propres dessins et le frontispice gravé d’après A. van Diepenbeek pour l’ouvrage de Butkens : Les trophées sacrés et profanes du duché de Brabant. Il a travaillé dans le genre de Paul Pontius, mais n’a pas égalé son émule et son modèle. Il burinait avec franchise et netteté, et a réussi le mieux dans la gravure du portrait. La pièce la plus rare de son œuvre est la Sainte Barbe, de Rubens, estampe grand in-folio.