Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BORLUUT, Nicaise ou Casin

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BORLUUT (Nicaise ou Casin). Cette ancienne famille de la Flandre, dont l’origine remonte, par une filiation non interrompue, au XIe siècle, a fourni, à toutes les époques, des hommes qui se sont signalés à la guerre, dans le sacerdoce, dans la politique et dans les lettres. Nicaise Borluut appartient à la première catégorie. On ne saurait affirmer qu’il naquit à Gand, mais on sait qu’en 1150 il fut doyen des célèbres arbalétriers de Saint-Georges en cette ville. Toutefois, il moirut à Alost et fut inhumé au couvent des Guillelmites dont il avait été le bienfaiteur. Il s’illustra sous le règne de Thierri d’Alsace, alors que Guillaume Cliton, duc de Normandie, disputait à ce prince la succession du comte Charles le Bon, assassiné à Bruges le 2 mars 1127. Guillaume, maître du pays, tenait Thierri assiégé dans Alost lorsque Borluut, le plus adroit archer de son temps, lança, le 22 juillet 1128, du haut des murs de la place, un trait d’arbalète qui alla se loger dans l’épaule du prince normand. La plaie s’envenima et cinq jours après Guillaume rendit le dernier soupir. La Kronyk van Vlaenderen ajoute que le duc Guillaume alla se placer devant la porte de la ville pour sommer les habitants de se rendre et que c’est alors que Borluut le blessa mortellement à l’épaule[1]. Cet épisode est rapporté diversement. Le professeur Warnkœnig dit que le 27 juillet, Guillaume, renversé de cheval d’un coup de pierre ou de flèche lancée par un arbalétrier de la ville, perdit la vie au moment d’une attaque devant les retranchements d’Alost[2]. Le baron Kervyn de Lettenhove, dans son Histoire de Flandre, raconte que dans un combat sur les bords de la Dendre, Guillaume de Normandie, voulant rallier les siens, se précipita témérairement au milieu des ennemis, malgré les conseils d’Élie de Saint-Sidoine. « Il saisit la lance d’un bourgeois nommé Nicaise Borluut, écrit-il, mais celui-ci, en se défendant, la lui enfonça dans le bras depuis la main jusqu’au coude. Bientôt cette plaie s’envenime et s’ulcère, et, après cinq jours de douleurs, durant lesquels il se revêt de l’habit de moine, il expire le 27 juillet 1128. » La mort de Guillaume soumit la Flandre à Thierri d’Alsace et donna le signal d’une nouvelle ère politique pendant laquelle les communes se développèrent et atteignirent leur plus haut degré de prospérité et de grandeur.

Kervyn de Volkaersbeke.

  1. Kronyk van Vlaenderen, publiée par M. Philippe Blommaert, dans la collection des bibliophiles flamands, t. I. p. 69.
  2. Traduction de M. A.-E. Gheldolf, t. I, p 189.