Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BORLUUT, Baudouin

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BORLUUT (Baudouin), seigneur de Schoonberghe, homme de guerre, naquit à Gand, il était le quatrième fils de Gerlin et de Marguerite d’Ailly de Formelles. Il débuta dans la carrière des armes au tournoi à outrance qui eut lieu à Gand en 1508, à l’occasion de la joyeuse entrée de l’empereur Maximilien Ier, qui venait prêter solennellement le serment de maintenir les priviléges et les franchises de la Flandre en qualité de tuteur du jeune archiduc Charles, que Gand avait vu naître huit ans auparavant. On célébra ce grand acte politique par des fêtes somptueuses et surtout par un tournoi à outrance, le dernier peut-être qui fut frappé, nonobstant l’anathème tant de fois fulminé par les papes contre ces jeux barbares, qui ne rappelaient que trop les sanglantes réjouissances des cirques de la Rome païenne.

Au tournoi de Gand vingt-deux chevaliers allemands luttèrent à outrance contre un nombre égal de chevaliers flamands. Le sang rougit le sable de la lice et plusieurs jouteurs y perdirent la vie. La victoire, d’abord incertaine, resta enfin aux Flamands, grâce aux prodiges de valeur, de force et d’adresse de Baudouin Borluut, seigneur de Schoonberghe. Proclamé vainqueur, il tint la lice ouverte pendant trois jours contre tout venant, comme c’était l’usage[1]. Ses exploits excitèrent l’admiration de l’empereur et des seigneurs de la cour, mais ils impressionnèrent particulièrement le jeune archiduc qui récompensa l’heureux champion en l’attachant à sa personne en qualité d’écuyer.

Lorsque l’archiduc Charles ceignit la couronne impériale, Baudouin Borluut le suivit dans toutes ses expéditions. En 1524, il était capitaine-lieutenant-général, commandant les troupes allemandes, lorsque blessé mortellement au siége de Fontarabie, il fut transporté à Saint-Sébastien, où il mourut peu de jours après. Son corps fut inhumé dans l’une des principales églises de la ville.

Le seigneur de Schoonberghe eut quatre fils: François, Philippe, Jean et Josse. Philippe fut tué en Hongrie étant au service de l’empereur Ferdinand Ier. Jean était capitaine de vaisseau dans la marine du roi d’Espagne et succomba devant Flessingue en 1560. Le dernier fils, nommé Josse, qui acheta la seigneurie de Schoonberghe, de son frère aîné, était premier conseiller et pensionnaire de Gand.

C’était un magistrat instruit, conciliant et intègre. Les états de Flandre appréciant les éminentes qualités qui le distinguaient, lui confièrent les missions les plus délicates et parfois dangereuses. C’est ainsi qu’ils l’envoyèrent, en 1559, auprès du roi Philippe II, dans le double but de traiter de la pension annuelle que les états de Flandre auraient à payer à la duchesse Marguerite de Parme, nommée récemment gouvernante générale des Pays-Bas, et d’exposer au monarque combien les Flamands voyaient avec douleur que les principales places fortes du pays étaient confiées à la garde de troupes étrangères. Le roi n’écouta pas les plaintes du pensionnaire gantois et l’histoire a conservé le souvenir des désastres qui furent la conséquence de ce déni de justice.

Josse Borluut, seigneur de Schoonberghe, mourut à Gand en 1578 et laissa de son mariage avec Adrienne van Nieulande, trois fils, dont le cadet, Philippe Borluut, fut conseiller, garde-joyaulx et roi d’armes de l’archiduc Albert.

Kervyn de Volkaersbeke.

Hist. gén. et hérald. de qq. fam. de Flandre.


  1. Dans un article intitulé : Joyeuse entrée de l’empereurr Maximilien Ier à Gand, en 1508 (Description d’un livre perdu), publié dans le Messager des sciences historiques, année 1830, on trouve des détails sur les fêtes qui furent célébrées, à cet époque, dans la capitale de la Flandre et spécialement sur le fameux tournoi où le seigneur de Schoonberghe fit ses premières armes.