Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BONT, Jean DE ou VAN

◄  Tome 1 Tome 2 Tome 3  ►



BONT (Jean DE ou VAN), BONTIUS, sire de Montjoie, docteur J.U., chanoine, conseiller ducal, chancelier de Philippe Saint-Pol et ambassadeur, naquit en 1381, probablement à Louvain et mourut à Bruxelles le 8 février 1453. Il est à supposer qu’il acheva ses études à l’Université de Paris, que les jeunes gens des Pays-Bas fréquentaient alors de préférence. Dès le mois de janvier 1414, il figure dans le conseil d’Antoine, duc de Brabant, où se traitaient toutes les affaires d’État et de justice, et qui accompagnait partout le prince. Le 10 janvier de cette année, il fut nommé ambassadeur au concile général de Constance. Avant de se rendre à son poste, le duc l’envoya, le 8 août, vers Sigismond, roi des Romains et de Hongrie, qui venait d’arriver à Coblence. Il porta la parole au nom de la députation. Nos députés n’arrivèrent au concile que le 17 février 1415 : Bont y harangua le pape Jean XXIII qui l’écouta avec le plus grand plaisir. Nos ambassadeurs y continuèrent avec Sigismond les négociations d’abord entamées à Coblence, tout en prenant part aux délibérations sur le schisme de l’Église, objet principal de l’assemblée.

A la mort du duc Antoine, arrivée en novembre 1415, Bont fut nomme secrétaire de la commission des XI, que les états de Brabant avaient créée pour administrer le pays pendant la minorité de Jean IV. Il reçut la mission de se rendre à Maestricht afin de faire une convention avec le prince-évêque de Liége au sujet des malfaiteurs qui infestaient les deux pays; elle fut conclue le 17 décembre 1415. Le 23 février de l’année suivante, Jean IV l’attacha à sa personne, avec les XI administrateurs prérappelés, en qualité de conseiller (Consiliarii continui commensalis). Pendant la même année 1416, les trois états de Brabant assemblés à Bruxelles chargèrent Bout de traiter, en leur nom, avec les ambassadeurs de Sigismond, la question de douaire de la veuve du duc Antoine et celle concernant les prisonniers luxembourgeois. Il fut au nombre des commissaires chargés de repousser les prétentions du duc de Bourgogne à la tutelle de Jean IV, dans la conférence tenue à cette fin à Termonde le 5 novembre 1416. Le 13 novembre de cette année, le duc de Brabant l’envoya vers Sigismond, qui se trouvait alors à Liége et qui refusait à Jean IV l’investiture du duché. Le roi des Romains le reçut avec ses collègues ; Jean Bont lui fit des propositions et les défendit fortement contre les observations de son adversaire.

Lorqu’au mois de mai 1417, Jean IV quitta Maestricht, après avoir prêté le serment, il y laissa son conseil dont faisait partie Jean Bont et dont son oncle maître Guillaume Bont était secrétaire; il avait pouvoir de décider juridiquement ou d’arranger à l’amiable les causes des parties. Le 3 août de la même année, il fut envoyé à Rome, chargé d’obtenir des dispenses du saint siége pour le mariage de Jean IV avec Jacqueline. Le 10 avril 1418, il assista aux fêtes de mariage de ce prince. Le lendemain, le duc, conseillé par Jean Bont, le seigneur Van Assche, maître Pierre de Beckere et les deux secrétaires (de Dynter et Guillaume de Bont), signa une charte qui aplanissait les difficultés survenues entre l’écoutète d’Anvers et le magistrat de cette ville. Le 27 avril 1420, Jean IV le comprit parmi ses neuf nouveaux conseillers avec Nicolas Colensonet (Coleuwe?), son chancelier, et Gruillaume Bont, son secrétaire. Ces nominations faillirent porter malheur aux titulaires : les états de Brabant étaient alors en lutte ouverte contre leur souverain; l’hostilité prit des proportions telles que le 15 août 1421, les nobles et la ville de Louvain, appuyés par d’autres villes, lancèrent un décret d’exil contre tous les nouveaux conseillers.

Le 30 juin 1425, Jean Bont fut envoyé auprès du pape Martin V pour traiter avec lui la question du mariage de son souverain avec Jacqueline, juridiquement secundum formam et dispositionem juris communis[1]. La cour de Rome accueillit ses raisons et valida le mariage. Philippe Saint-Pol, dès son avénement à la tête des affaires, voulant récompenser les longs et loyaux services que Jean de Bont avait rendus aux ducs Antoine et Jean IV, l’appela aux fonctions les plus élevées de l’État, celles de chancelier de Brabant[2]. C’était le ministre principal pour les affaires d’État et de justice et il aura, sans doute, beaucoup contribué à la composition de la joyeuse entrée de 1427. Pendant les premières années de ce nouveau règne. De Bont fut créé damoisel de Mortjoie et parvint à l’apogée de sa puissance. Cependant certains actes posés par le prince ayant rendu son ministre impopulaire, les bourgmestres, les échevins, les métiers et le large conseil de Bruxelles demandèrent solennellement, en juin 1429, l’exclusion de Jean Bont du conseil du duc, sous peine de ne plus envoyer des députés aux assemblées des États. Philippe, prince faible et sans prestige, céda à la pression du peuple. En effet, le 19 juillet 1429 , dans la réunion des états à Louvain, De Bont remit le grand et le petit sceau et fut relevé de son serment. Le lendemain il eut pour successeur Jean-Gislain Delesart (Joannes-Gislemus Sartinatus). Edmond de Dyuter, qui était alors secrétaire de Philippe, en rapportant le fait avec De Thymo, témoin également contemporain, ajoute que De Bont a toujours honorablement rempli ses fonctions, mais qu’il a été destitué certis causis et racionibus animum suum ad hoc moventibus. Depuis cet événement, De Bont disparut de la scène politique.

Par la position que De Bont occupait sous trois souverains et la considération dont il jouissait, il était facile pour lui d’accaparer divers bénéfices avec des revenus considérables, suivant l’usage de ce temps, comme dit Paquot; il devint donc chanoine et chantre de la basilique de Bruxelles, chanoine et archidiacre de Famene dans la cathédrale de Liége, chanoine et trésorier de la cathédrale de Cambrai. Il fut, en outre, un des principaux patrons de l’Université de Louvain, après avoir contribué par son zèle et son pouvoir à en provoquer l’établissement en 1425. Il est encore connu comme le bienfaiteur de l’hôpital des Douze-Apôtres à Bruxelles (ancien hospice pour les veillards pauvres) qu’avait fondé, en 1434, son oncle Guillaume de Bont. Il était l’oncle maternel de Guillaume Custodis. Son tombeau se trouve à l’église de Sainte-Gudule, à Bruxelles.

De la famille du chancelier De Bont étaient sans doute : 1° Jacques de Bont, docteur en médecine en 1446; et 2° Gerlac de Bont, de Louvain, maître ès arts, le 30 avril 1435, bâchelier ès loix à Pavie, puis bachelier à Louvain le 20 octobre 1443, et docteur J. U. dans le même établissement le 20 août 1444. Le 15 mai 1443, Gerlac devint chanoine de Saint-Pierre à Louvain et, en cette qualité, professeur extraordinaire dans la faculté de droit; mais il paraît que cette élection resta sans effet et qu’il ne fut nommé professeur ordinaire de droit civil qu’en 1445. Il jouissait des revenus de deux canonicats : l’un de Lierre et l’autre d’Anderlecht, jusqu’à sa mort arrivée le 5 mars 1477 (1478 a. s.).

Un Jean de Bont figura dans les événements politiques de 1577, comme partisan du prince d’Orange.

Britz.

Ed. de Dynter, Chroniq. passim. — Molanus, Hist. Lov., p. 532, 591 à 695 — Butkens, Trophées, t. II. p. 360. — Luijster van Brab. IIe deel, p. 93. — Théâtre sacré de Brab., t. I, p. 193. — Hoijnck van Papendrecht, Anal., t. VI, p. 201.


  1. L’acte dit de Bont : Venerabilis et egregius vir, consiliarius (De Dynter, III, 460, chapitre 217).
  2. (Philippe) instituit et ordonnavit spectabilem et egregium utriusque juris doctorem, magistrum Joannem Bont, qui duci Antonio et Johanni duci hactenus laudabiliter servivit in suum concellarium (De Dijnter, III, 484, chap. 228).