Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOISSCHOT, Ferdinand DE

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BOISSCHOT (Ferdinand DE), comte d’Erps, chevalier de l’ordre militaire de Saint- Jacques, baron de Saventhem, seigneur de Nosseghem, Sterrebeke, Quarebbe, Fontaine-le-Château, ban d’Anthée, etc., chancelier de Brabant, né à Bruxelles, dans la dernière moitié du XVIe siècle, mort dans la même ville le 24 octobre 1649, fut un personnage remarquable et fournit une brillante carrière. Son père, Jean-Baptiste de Boisschot, conseiller au conseil privé, était tout dévoué à la politique de Philippe II; aussi s’attira-t-il la haine des patriotes et, lorsque éclata la révolte contre ce monarque, fut-il jeté en prison où il mourut. (Voir l’article suivant.) Sa veuve se retira à Cologne avec ses sept enfants. C’est dans cette ville que le jeune Ferdinand commença ses études qu’il termina à l’Université de Louvain. Le fils hérita du dévouement du père à la cause impopulaire du roi; les mémoires du temps renferment maintes allusions à ce dévouement qui lui a été amèrement reproché. Tout jeune encore, en 1592, Ferdinand de Boisschot fut appelé aux fonctions d’auditeur général qu’il remplit jusqu’en 1611, fontions extrêmement importantes et difficiles à une époque où le lien de la discipline était fort relâché, et où la mutinerie des troupes mal payées était fort fréquente. Boisschot s’acquitta de sa charge avec beaucoup de zèle, de fermeté et de prudence et pendant neuf ans il suivit constamment l’armée. Lorsque la trève avec les Provinces-Unies fut signée, il fut envoyé comme ambassadeur à Londres, à la cour de Jacques Ier; il y séjourna jusqu’à la fin de 1615. Son influence auprès du monarque anglais fut si grande qu’elle amena un revirement complet dans la politique suivie par l’Angleterre; l’ambassadeur parvint à empêcher l’intervention de Jacques Ier dans les démêlés que faisait naître la succession du duc de Clèves et dans lesquels l’Espagne intervenait pour écarter les prétendants protestants. Le départ de Boisschot de la cour de Jacques fut bientôt suivi d’une alliance entre ce monarque et l’Union évangélique. La guerre éclata, et Boisschot dut partir une seconde fois pour Londres. La négociation qu’il y conduisit et mena à bonne fin est fort curieuse; elle mérite d’être rapportée, car si elle met en relief l’esprit subtil du diplomate, elle fournit un exemple de plus des roueries diplomatiques. L’Autriche, grâce à l’appui de l’Espagne, avait réussi à reprendre la Bohème et la Hongrie et à enlever le Palatinat à l’Union évangélique; mais Tilly se trouvait arrêté dans ses succès par la ville de Frankenthal, bâtie autrefois par l’émigration belge. Ne pouvant la réduire par les armes, on eut recours à la diplomatie. De Boisschot fut une fois encore envoyé à Londres; il décida le roi d’Angleterre à négocier une trève et à mettre la ville en séquestre pour dix-huit mois entre les mains de l’infante Isabelle, à la condition que les troupes anglaises y rentreraient librement si la guerre continuait avec l’Autriche; il fut convenu que les troupes auraient pour y rentrer le libre passage sur le territoire de l’infante, mais De Boisschot ne parla pas du territoire d’autre pays et on ne songea pas à soulever cette question, de sorte que lors de la reprise de la guerre, les Anglais ne purent rentrer dans la ville, qui fut de cette manière définitivement conquise. Ce fut la dernière négociation de Boisschot qui, dans l’intervalle de ses deux missions en Angleterre, avait aussi été envoyé à Paris auprès de Henri IV.

En récompense de ses services, De Boisschot fut nommé successivement conseiller et maître aux requêtes du conseil privé, membre du conseil d’État, le 13 novembre 1623, et enfin chancelier du conseil de Brabant au mois d’octobre 1626, en remplacement de Peckius. La faveur du roi alla jusqu’à lui permettre de conserver sa place de conseiller au conseil privé, ses gages, entrée, rang et séance. Il ne faut pas oublier que des trois conseils établis en vertu des lois du pays, le conseil d’État ne participait plus en rien aux affaires du pays, le conseil privé et celui des finances ne s’occupaient que des questions secondaires et spéciales; deux juntes avaient toute l’autorité et seules administraient les affaires intérieures et extérieures. De Boisschot faisait partie de la seconde de ces juntes, appelée aussi le conseil adjoint et l’impopularité de ces institutions contraires aux coutumes du pays rejaillissait sur ceux qui en faisaient partie.

De Boisschot avait épousé, en 1607, une Espagnole, Anne-Marie de Camudio. Il mourut à Bruxelles, et fut enterré dans l’église de Notre-Dame des Victoires, au Sablon. Philippe III ne fut pas ingrat envers un sujet si dévoué : il le nomma, en 1615, chevalier de l’ordre militaire de Saint-Jacques; en 1621, les archiducs érigèrent sa terre de Saventhem en baronnie et enfin Philippe IV le nomma comte et lui donna la seigneurie d’Erps-Querbs.

Jules Delecourt.