Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BLES, Henri
BLES (Henri), DE BLES ou MET DE BLES, dit aussi Civetta en Italie, peintre de paysage et de sujets historiques à petites figures, naquit très-probablement à Bouvignes, selon ce que nous rapporte Van Mander. Si les registres de paroisse de cette ville ne renseignent rien sur le fait de cette naissance, il ne faut pas s’en étonner, les registres ne remontant pas au delà de 1554, année de la destruction de la ville par les Français. Du reste, on ne trouve pas une seule fois le nom de Bles dans les anciens documents de Bouvignes ; il ne renferme aucune racine wallone et n’était probablement pas un nom de famille.
Dans ces derniers temps ou s’est pris à douter si De Bles était bien né à Bouvignes ; un passage de Guicciardin a fait naître une controverse restée jusqu’à présent sans solution. Dans la première édition du livre de Guicciardin, imprimée en italien, à Anvers, en 1567, cet auteur cite parmi les peintres les plus fameux de son époque, Patenier de Bouvignes et Henri de Dinant. Il n’y a, en réalité, qu’un argument en faveur de l’opinion qui prétend que ce passage n’est pas le fait d’une erreur, mais cet argument est assez fort, il faut l’avouer. Si les registres de Bouvignes ne mentionnent aucun nom qui se rapproche de De Bles, par contre, celui de Patenier s’y rencontre fréquemment. Quoi qu’il en soit, et jusqu’à ce que l’avenir nous en apprenne davantage, il n’y a aucune raison péremptoire pour infirmer le récit de Van Mander et celui de la chronique de Croonendael. Beaucoup de vieux auteurs nous disent que De Bles était ainsi nommé à cause d’une mèche blanche (bles) qu’il avait au milieu du front. En Italie, De Bles n’est connu que sous le nom de Civetta, à cause de la chouette qu’il plaçait en monogramme sur ses tableaux. Nous ne demandons pas mieux que d’adopter l’interprétation du nom de Bles. Toutefois, nous devons faire observer que ce serait une preuve évidente d’un assez long séjour de Henri dans la partie flamande du pays, car pour le peuple du Namurois le mot Bles n’a aucune signification. Ce n’est qu’en Flandre que cette appellation peut avoir été donnée à l’artiste bouvignois, si toutefois les traditions répétées pour la première fois par Van Mander sont exactes. La chronique du comté de Namur, de Croonendael, le nomme Henri Bles, et lui-même, sur un de ses tableaux de Munich, signe : Henricus Blessius. Voici le passage de Croonendael auquel nous venons de faire allusion :
« D’icelle (Bouvignes) naquit Henricus Blesius, excellent painctre mesme au faict des paysages, encoires que Lampsonius, au catalogue de painctres renomez, veullant préférer ung Liégeois au Namurois, ne luy donne que l’éloge ensuivant :
Pictorem urbs dederat Dionatum Eburonia pictor
Quem proximis dixit poeta versibus.
Illum adeo artificem patriæ situs ipse, magistro
Aptissimus vix edocente fecerat.
Hanc laudem invidit vicinœ exile Bovinum,
Et rura doctum pingere Henricum dedit.
Sed quantum cedit Dionato exile Bovinum,
Joachime, tantum cedit Henricus tibi
Ces vers latins sont tirés de l’ouvrage de Lampsonius sur les peintres de la Basse-Allemagne. Le peintre et écrivain liégeois nous transmet en même temps le portrait de Henri De Bles, portrait qui est reproduit dans les Ann. de la Société arch. de Namur, t. VIII, p. 59. Il accompagne, dans cette dernière publication, un excellent article sur De Bles, dû à M. Alfred Bequet, de Namur. C’est dans cet article et dans son supplément, t. IX, p. 60, que nous avons puisé les principaux éléments de cette biographie.</ref>.
Le portrait de De Bles, que Lampsonius met en tête de ces vers, représente un homme dans la force de l’âge, ayant une physionomie allongée, pleine de dignité et de noblesse ; une énergique méditation en est le trait dominant ; les cheveux sont courts, bouclés, et on croit apercevoir, au milieu d’un front droit et plus large qu’élevé, cette fameuse mèche, origine présumée du nom de l’artiste ; l’œil foncé, très-perçant, est surmonté d’épais sourcils bien arqués ; le nez est légèrement aquilin, une forte moustache cache une bouche sévère ; la barbe entière se partage en deux par le milieu ; la poitrine est large ; le corps annonce une haute et ferme stature ; enfin, une main nerveuse et belle serre un gant avec une certaine affectation d’énergie. Changez ce costume d’une austère bourgeoisie en une cuirasse, remplacez ce gant par une épée et l’harmonie sera parfaite, car cette figure, où domine une volonté un peu dure, semble plutôt celle d’un guerrier que d’un artiste. Mais, il n’y a pas à en douter : au-dessous nous lisons : Henrico Blesio Bovinati pictori, et dans une petite niche au fond, à droite du spectateur, nous apercevons la chouette traditionnelle. Si nous avons décrit cette intéressante image, c’est que rien ne nous semble mieux compléter l’histoire de nos vieux peintres que ces portraits qui les ressuscitent et nous identifient, en quelque sorte, avec leurs sentiments et leurs pensées les plus intimes, écrites sur leur visage ; c’est ainsi que la mâle et noble figure de De Bles fait naître une attraction à laquelle il est difficile de résister.
Il importerait assez peu au fond que le nom véritable de Henri De Bles fût perdu, si, en même temps, cela n’eût rendu stérile toute recherche sur la date de sa naissance. La plupart des écrivains qui ont parlé de lui, l’ont fait naître en 1480 et mourir en 1550 ; aucun document n’autorise cette assertion ; c’est vers cette époque qu’il vivait, voilà tout ce dont on est certain. C’est ainsi qu’on a affirmé aussi qu’il fut élève de Patenier ; Van Mander nous dit positivement qu’il se forma sans maître, mais qu’il peignit dans la manière de Patenier. Il est certain que De Blés ne séjourna pas longtemps dans sa province natale ; ce n’est pas là qu’il pouvait développer son talent ni arriver à la gloire ou à la fortune. Vécut-il en Flandre ? On ne peut l’affirmer, mais il y a lieu de le supposer. On a prétendu augurer d’un passage de Dürer dans sa relation sur son voyage dans les Pays-Bas, en 1520-1521, que De Blés tenait auberge à Malines, Dürer notant « qu’il a logé à Malines, à l’auberge de la Tête d’or, chez maître Henri le peintre. » C’est pousser un peu loin, nous semble-t-il, le système des inductions. La réputation de l’artiste bouvignois se répandit promptement ; ses tableaux furent partout recherchés. Van Mander nous en cite plusieurs qui se trouvaient, de son temps, en Hollande ; trois paysages et un Lotken (Loth et ses filles ?) chez l’amateur Wyntgis, en Zélande ; chez Martin Papenbroek, un beau paysage avec un colporteur endormi et dévalisé par des singes[1] ; à Amsterdam, chez le sieur Melchior Moutheron, les Disciples d’Emmaüs, avec des sujets de la Passion dans le fond du tableau ; enfin, chez l’empereur d’Autriche et en Italie se trouvaient également des ouvrages de De Bles. Cette nomenclature suffit pour faire voir que notre artiste, très-apprécié par ses contemporains, ne fut point au nombre de ces génies méconnus qui n’obtinrent justice qu’après leur mort. Mais nous tirons du fait encore une autre conséquence importante, c’est que De Blés dut vivre dans une contrée où l’art était en grand honneur et où les relations avec les pays étrangers permettaient aux artistes d’étendre rapidement leur réputation. Un tel centre ne peut être cherché dans le Namurois, déchiré par les guerres civiles, ruiné par les rapines et les pillages et très-peu enclin, à cette époque, à honorer les productions de l’art et de l’intelligence. De Bles fit le pèlerinage de l’Italie et il paraît qu’il y séjourna assez longtemps ; il se fixa dans l’État vénitien et y laissa de ses ouvrages. Lanzi, qui le compare au Bassan pour certaines de ses compositions, retrouve dans sa manière un peu de la crudité des anciens, vante son originalité, surtout dans ses scènes de fantasmagorie, enfin le fait naître en Bohême et mourir à Ferrare, deux erreurs copiées de Lomazzo. La Biographie générale de Didot fait de notre De Bles « un artiste français, né à Bovines ; » cependant, si l’on en excepte une tradition qui fait mourir De Bles à Liége, on ne sait plus rien de sa vie, et il n’est pas probable qu’on en sache jamais davantage. Est-ce la même tradition qui le fait naître en 1480 et décéder en 1550 ? Nous l’ignorons ; mais, dans tous les cas, ces dates ne s’appuient sur aucun fait authentique. Puisque nous ne pouvons malheureusement rien découvrir de positif sur la vie de De Bles, arrêtons-nous à son talent, à ses œuvres, et parmi celles-ci, étudions quelques instants les meilleures ou les plus connues. — De Bles est, après Patenier et avec lui, le créateur et le père du paysage dans nos contrées. Il est assez naturel que ces fils des pittoresques rivages de la Meuse se soient sentis inspirés par la belle nature qu’ils avaient sous les yeux, que leur âme, portée naturellement à la poésie, ait guidé leur main quand celle-ci a essayé de rendre ses impressions sur la toile. Mais combien ne fallait-il pas alors de génie pour en arriver au degré que De Bles sut atteindre ! Tout était à créer ou à modifier. Les lois de la perspective peu étudiées, la couleur fausse où le bleu domine, cette nature conventionnelle où la minutie du détail détruit toute la grandeur de l’ensemble ; il fallait, au milieu de ces éléments anti-poétiques, se frayer une route et atteindre un but qui satisfît aux exigences d’un génie enthousiaste de la nature.
De Bles y parvint presque toujours ; il étagea avec art ses différents plans, il adopta un coloris plus vrai, et, s’il resta un peu tributaire de la miniature appliquée au tableau, il eut assez d’habileté pour ne pas nuire à l’ampleur de la conception. Il faut, pour le juger impartialement, oublier nos progrès, nos procédés actuels, s’identifier à la rêverie du peintre, voir et peut-être se souvenir avec lui. Alors ce site aimé, cette rustique chaumière, ce ruisseau qui coule sur les cailloux blancs, tous ces accessoires qu’il aime à reproduire, se revêtent d’un charme profond ; alors on est mieux disposé à admirer ce talent créateur qui ne s’arrête pas toujours au paisible moulin alimenté par le ruisseau, mais qui nous décrit avec son pinceau les montagnes, les rochers, la grande rivière, les vieux châteaux dont les légendes ont sans doute bercé son enfance. On peut lui reprocher un feuillage parfois trop noir, des teintes grises ou bistrées un peu tristes, mais, par contre, il est visible qu’il avait l’intelligence des masses, point capital pour le paysagiste. De plus, ses compositions sont animées, nous dirions presque éclairées par des horizons lumineux du plus bel effet. Certes De Bles était né paysagiste, toutefois il ne le fut pas exclusivement ; après avoir orné ses paysages de petites scènes animées, incorrectement dessinées, mais spirituellement touchées, il aborda aussi la peinture d’histoire dans le genre de Jean de Mabuse ; comme lui, il fut raide et anguleux, et en voyant ces essais d’imitation, on se prend à regretter ses jolis tableaux des premiers temps ; nous disons des premiers temps parce que, bien évidemment, l’œuvre de De Bles se partage en trois genres, sinon en trois époques. Le paysage proprement dit où les petites scènes ne sont que l’accessoire : c’est là où il fut le meilleur, le plus original ; on y retrouve les sites de son pays natal et on voit qu’aucune influence étrangère n’a encore agi sur lui. Plus tard, la figure joue un rôle important, les sites changent d’aspect, le talent du peintre n’y gagne guère. Enfin la figure devient l’objet principal de la composition ; il réussit parfois à trouver des types attrayants, mais souvent il reste trivial, sans caractère, raide, anguleux, emprunté, et, loin de marquer un progrès dans sa carrière, cette étape fut un pas rétrograde. Il nous reste à parler d’un autre genre de tableaux, que De Bles exécuta avec beaucoup de talent, mais avec un dévergondage d’imagination inouï. Ce genre consiste dans la fantasmagorie, les diableries, telles que les scènes d’enfer, les tentations de saint Antoine, etc. Nous pensons que l’artiste en a exécuté de tout temps, car, même dans ses premiers paysages, on remarque des rochers d’une bizarrerie extrême, qui témoignent d’une imagination déréglée, et le panneau du Colporteur dévalisé par des singes, de Dresde, fait pressentir l’Enfer du Dante, de Venise.
De Bles doit avoir énormément travaillé, car malgré les trois siècles et demi écoulés depuis sa mort, la nomenclature de ses œuvres existantes est des plus nombreuses. Nous citerons quelques-unes des principales. En Belgique, le Musée de Bruxelles a de lui une Tentation de saint Antoine, où nous ne pouvons admirer que certaines parties du paysage. Le Musée d’Anvers possède un Repos en Égypte dont M. Bequet conteste l’attribution. Or, cet écrivain a fait une étude approfondie de son compatriote ; il est permis de s’en rapporter à lui ; la chouette traditionnelle n’est pas une preuve péremptoire ; d’autres artistes que De Bles l’ont adoptée pour signature. Le Musée de Namur renferme une Pêche miraculeuse fort médiocre. Enfin, un particulier de Dinant possède une des meilleures productions de De Bles, un beau paysage de la première manière avec plusieurs scènes de la parabole du Bon Samaritain. Sauf le manque d’unité, ce panneau a toutes les belles qualités du maître ; en outre, il offre une particularité unique et des plus intéressantes : il est daté ; au-dessus du monogramme se trouve le millésime de 1511.
Parmi les grands musées de l’Europe qui ont des œuvres de l’artiste bouvignois, nous citerons Dresde, le Colporteur dépouillé par des singes ; c’est le tableau cité par Van Mander comme appartenant à un certain Martin Papenbroek.
Florence ; paysage : Travaux d’une minière, excellent tableau de la première manière ; on y retrouve assez facilement un site des bords de la Meuse, comme dans le Bon Samaritain.
Munich : Adoration des Rois ; elle appartient à la dernière manière ; mais c’est une œuvre des plus soignées. C’est la seule que l’auteur ait signée ; dans le coin du tableau, à gauche, on lit : Henricus Blessius F. ; la Salutation angélique, pendant du précédent.
Berlin : Repos en Égypte, Saint-Hubert, Adam et Ève.
Vienne : Fuite en Égypte, les Pèlerins d’Emmaus, Prédication de saint Jean, le Bon Samaritain.
Bâle : Sainte famille dans un paysage. « Ce tableau est la plus jolie production que nous ayions rencontrée dans tout l’œuvre de De Bles, » dit M. Bequet. Le même auteur ajoute un peu plus loin : « Le cadre qui entoure ce tableau mérite une mention spéciale. Il se compose d’un fronton supporté par deux riches colonnes qui reposent sur un large soubassement. Au centre du fronton, on a sculpté en demi-bosse le Père Éternel entouré d’anges ; la frise et le soubassement sont chargés d’ornements et de petites figures dorées qui se détachent sur un fond noir. C’est, nous a-t-on assuré, le cadre primitif du tableau. Sa richesse et son élégance nous prouvent l’estime dont jouissait cette peinture à l’époque où elle fut faite. Ajoutons que ce tableau provient de la collection Amerbach, fondée par le jurisconsulte bâlois Amerbach, ami d’Érasme et contemporain de Holbein et De Bles. Augmentée considérablement par son fils, cette collection fut achetée par la ville de Bâle, en 1661, après la mort du petit-fils de son fondateur. »
Venise : palais des doges, L’Enfer du Dante, grand panneau de deux mètres sur un mètre quatre-vingts centimètres environ. Cette scène baptisée ainsi, n’a aucune ressemblance avec la création immortelle du grand poëte. Il ne s’agit que des supplices variés à l’infini, infligés par d’horribles démons aux damnés. Tout ce que l’imagination la plus bizarre et en même temps la plus dévergondée peut produire, s’étale aux regards du spectateur presque ahuri en présence de ces deux cents figures hideuses ou torturées par la souffrance. C’est évidemment, dans son genre, une œuvre capitale, mais quel genre !… Même ville, musée Correr : Tentation de saint Antoine. Aussi bizarre et plus dévergondée encore que la première. — Même ville : Académie des beaux-arts, La Tour de Babel. — Même ville : galerie Manfrin[2] : Paysage. Prédication de saint Jean ; très-jolie toile de la première manière, mais avec plus de largeur.
Milan, Académie des beaux-arts : Adoration des Mages, triptyque, attribution douteuse ; œuvre très-curieuse. On sait que Lanzi signale des compositions du Nouveau Testament exécutées par De Bles et se trouvant à Brescia ; depuis longtemps ces tableaux n’existent plus dans cette ville ; ce sont eux qui ont inspiré au biographe italien l’idée de comparer le peintre flamand au Bassan. On se demande, en voyant le triptyque de Milan, si ce ne serait pas là l’œuvre citée par Lanzi. Outre les œuvres que nous venons de mentionner, il s’en trouve encore à Nuremberg, Pommersfelden, Gratz et enfin dans un grand nombre de collections particulières en Angleterre et en Allemagne. Dans l’article que Van Mander consacre à Gilles et à François Mostaert, il dit que ce dernier apprit son art chez le difficile Henri met de Bles. C’est la seule mention que nous ayons d’un élève formé par notre artiste.
Avant de terminer cette notice, signalons encore, à propos de De Bles, un problème intéressant. L’artiste bouvignois a-t-il, oui ou non, gravé ? Le tableau de Dresde, le Colporteur dévalisé par des singes, est, dit-on, gravé par lui ; son portrait aussi ; mais rien ne vient corroborer une assertion qui n’est présentée que comme une simple supposition. De nos jours, M. Guichardot, surtout, a indiqué, sans la moindre hésitation, dans le catalogue des gravures de M. le chevalier Camberlyn, vendues en 1865 à Paris, un Saint Augustin rencontrant un enfant au bord de la mer (morceau en hauteur, dit le catalogue, non décrit, extrêmement rare ; très-belle épreuve). Le catalogue désigne Henri De Bles comme graveur au burin. C’est là, à toute évidence, une erreur. Le Saint Augustin cité est un travail italien d’une grande pureté de trait et d’une noblesse de dessin à laquelle De Bles n’a jamais eu le droit de prétendre. Ce qui a égaré les rédacteurs du catalogue, c’est le monogramme de la chouette placé sur cette gravure ; mais, nous l’avons déjà dit, plusieurs artistes italiens ont employé ce monogramme ou celui d’un oiseau pouvant ressembler à une chouette. D’ailleurs, il faut le répéter, le Saint Augustin de la collection Camberlyn est d’un travail serré, correct, expressif, et le paysage n’y a aucune importance ; or, c’est le contraire qui a lieu, le plus souvent, dans la manifestation du talent de notre artiste : le paysage d’abord, les personnages ensuite, sans compter qu’il est bien rare que ceux-ci soient irréprochables comme dessin.
L’erreur commise par quelques biographes au sujet de De Bles, considéré comme graveur, menaçait cependant de se fortifier, faute de réfutation, par l’affirmation hasardée du catalogue de la collection Camberlyn. Jusqu’à la production de preuves concluantes, nous sommes autorisé à dire que Henri De Bles n’a jamais gravé et qu’il faut rayer de la liste de ses œuvres la gravure de son tableau de Dresde, ainsi que celles de son portrait et du Saint Augustin de la collection Camberlyn[3].
M. Rudolf Weigel, un des iconographes les plus experts de notre époque, a émis, dans un document particulier, une opinion exactement semblable à celle que nous professons.