Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BEYS, Gilles ou Égide

◄  Tome 1 Tome 2 Tome 3  ►



BEYS (Gilles ou Égide), imprimeur, né vers le milieu du xvie siècle, dans une localité voisine de Bréda (ancien Brabant) nommée aujourd’hui Princenhage ; décédé à Paris, le 19 avril 1595. Marié, vers 1575, avec Madeleine Plantin, la troisième des filles du célèbre typographe d’Anvers, Gilles Beys fut placé par son beau-père à la tête de la succursale Plantinienne de Paris, tandis qu’un autre beau-fils, le savant helléniste Raphelengius, époux de Marguerite Plantin, dirigeait la librairie de Leyde et qu’un troisième de ses gendres, Jean Moerentorf ou Moretus, qui avait épousé sa fille Martine, était à la tête de la maison d’Anvers. On sait qu’en outre Plantin avait établi à Francfort un dépôt général de ses publications et, qu’assisté de ses savants correcteurs Arias Montanus, Juste-Lipse et Kilianus, il dirigeait souverainement, lui-même, le célèbre établissement typographique fondé par lui à Anvers, en 1555, Gilles Beys s’établit à Paris dans la rue Saint-Jacques, où il publiait déjà, en 1577, a l’enseigne du Lis Blanc, un petit livre in-12, intitulé : Flores et sententiæ scribendique formulæ Illustriores, etc., livret dont l’impression faite pour son compte par Denis Vallensis, prouve qu’en dehors de la direction du dépôt Plantinien, Beys avait conservé la liberté de faire à Paris des publications spéciales. Au témoignage de De Feller (Dictionnaire historique), Gilles Beys employa le premier les consonnes j et v, que Ramus avait distinguées, dans sa grammaire, de l’i et de l’u voyelles.

À la mort de Plantin, survenue le 1er juillet 1589, Beys se rendit à Anvers et s’y fit successivement recevoir dans la bourgeoisie (22 février 1591) et dans la corporation de Saint-Luc, dont les imprimeurs faisaient partie. Il n’y exerça pas longtemps sa profession, car on ne connaît que peu de livres sortis de ses presses. Parmi ceux-ci on cite : 1o  le livre de Genebrardus, Psalmi Davidis, Vulgatæ editionis, Antverpiæ, apud Ægidium Beysium, generum et cohæredem Christofori Plantini, 1591, petit in-8o ; et 2o  le livre de piété intitulé Petit pourmain devotieux, par damoiselle Barbe de Porquin, espouse au Sr de Rolly. Anvers, chez Gilles Beys, en la petite imprimerie de Plantin, 1592 ; in-12. Un exemplaire de ce rare petit livre fut vendu cent francs à la vente Verdussen, à Anvers, en 1858. Étant retourné bientôt à Paris, Beys y reprit et continua ses publications jusqu’à sa mort, survenue en 1595. Madeleine Plantin, sa veuve, se remaria, en octobre 1596, avec un libraire de Paris, nommé Adrien Perier, et mourut en cette ville, le 27 décembre 1599. Parmi les enfants de Gilles Beys, Christophe fut imprimeur à Paris et à Reims ; Madeleine épousa Jérémie Perier, libraire, frère d’Adrien Perier précité et, en 1607, qualifié de valet de chambre ordinaire du prince de Condé ; Marie épousa, en 1607, Olivier de Varennes, marchand libraire, rue Saint-Jacques, à l’enseigne de la Victoire, à Paris ; Marguerite se maria avec l’imprimeur Pierre Pontonnier, à Paris ; et enfin Égide Beys demeurait en 1614 à Leyde, en 1617 à Paris et en 1618 à Bordeaux, où il exerçait également l’état de libraire.

Le nom d’Adrien Beys nous paraît avoir été mis abusivement pour celui d’ Adrien Perier sur le titre d’un ouvrage intitulé : Histoire remarquable et véritable de ce qui s’est passé par chacun jour au siége de la ville d’Ostende de part et d’autre jusques à présent, etc., etc., à Paris, chez Adrien Beys, rue Sainct-Jacques, joignant la Rose Blanche, MDCIV, avec privilége du Roy ; petit in-8o de 132 pages, avec dédicace à Henry de Bourbon, prince de Condé, par Jérémie Perier. L’ouvrage si exact : Geslagt lyste der nakomelingen van den vermaerden Christoffel Plantyn, door J.-B. Vander Straelen, Antwerpen, 1858, in-4o, qui nous a fourni la plus grande partie des détails de cette biographie, ne compte pas d’Adrien parmi les fils de Gilles Beys.

Chev. L. de Burbure.