Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BETTIGNY, Jean

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BETTIGNY (Jean), compositeur de musique, mort à Tournai vers 1619. Le nom de ce maître a souvent été altéré ; nous l’écrivons tel qu’il est orthographié dans un curieux ouvrage contemporain en deux volumes, contenant un grand nombre de morceaux de musique vocale, adaptés à des cantiques spirituels, réunis par le P. Antoine Lacauchie et intitulé : La pieuse alouette avec son tirelire. Le premier volume de ce recueil, imprimé à Valenciennes, chez J. Vervliet, en 1619 (et non en 1516, comme il est dit dans la Biographie universelle des musiciens, 2e édition), contient, aux pages 2-11, une composition à quatre voix, superius, tenor, contratenor et bassus, nommée « Le chant pieux et tirelire de l’alouette, mis en musique par M. Jean Bettigny, maître des primtiers de l’église cathédrale de Notre-Dame, à Tournay. » Notre compositeur vivait donc, lorsque les premières pages du volume furent mises sous presse ; mais il était déjà décédé quand, vers le mois d’avril 1619, on en termina l’impression : en effet, aux pages 390-409, se trouvent deux « Rondeaux en triolet, mis en musique à quatre parties par feu M. Jean Bettigny, jadis maître des primtiers de l’église cathédrale de Notre-Dame, à Tournay. » En outre, le volume suivant, imprimé en 1621, débute, à la page 2, par un quatrième morceau à quatre voix, intitulé « Le chant pieux, etc., mis en musique par M. J. J., maître des primtiers de l’église, etc., » d’où on pourrait supposer que le musicien qui se cache sous les initiales J. J. fut le successeur immédiat de Jean Bettigny, et que tous deux sont les auteurs respectifs de quelques chansons « dont l’air est propre, mêlées aux nombreux airs anciens », qui rendent ce recueil si précieux pour l’archéologie musicale. Cependant M. le vicaire-général Voisin, qui a compulsé avec soin les archives de la cathédrale de Tournai, pense que, depuis 1618 jusqu’en 1622, le maître des primtiers s’appelait Nicolas Laumonier, nom dont les initiales ne concordent pas avec celles du maître J. J.

D’après Cousin et les autres historiens de Tournai, l’emploi qu’occupait Jean Bettigny obligeait le titulaire, en vertu d’un règlement du chapitre, du 10 septembre 1604, à nourrir et à entretenir convenablement, dans une maison située près de la chapelle Saint-Pierre, « douze jeunes clercs portant tonsure et le surply avec une robbe de couleur perse, bleue, et le bonnet quarré noir. » Il devait les instruire ès-bonnes mœurs, aux chants et cérémonies de l’église, leur apprendre le catéchisme, la lecture, l’écriture, les premiers éléments de la grammaire, les conduire à l’église, les en ramener, etc. Ces fonctions différaient si peu de celles du maître de musique, qu’en 1676 le chapitre de la cathédrale jugea convenable de les y annexer et de confondre les deux institutions.

Chev. L. de Burbure.