Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BERTIN, Saint

◄  Tome 1 Tome 2 Tome 3  ►



*BERTIN (Saint), abbé de Sithiu, plus tard Saint-Bertin, en Flandre, mort l’an 709. Ce saint, dont le nom tudesque était Bertewin, naquit aux environs de Constance, en Suisse, vers le commencement du viie siècle, et entra, fort jeune encore, au monastère de Luxeuil, en Bourgogne, où saint Omer, son parent, l’avait précédé. Luxeuil comptait alors environ cinq cents religieux ; c’était une vaste pépinière de missionnaires qui, après s’y être formés aux sciences et à la vertu, se répandaient ensuite pour porter le flambeau de la foi et de la civilisation dans les régions les plus éloignées de l’Europe. C’est ainsi que saint Omer fut envoyé aux extrémités de la France, pour évangéliser l’ancien littus saxonicum. Il avait été créé évêque de Térouanne et saint Bertin, saint Mommolin et Ebertran, tous moines de Luxeuil, lui avaient été adjoints comme coopérateurs. Le littoral de la mer du Nord était alors bien différent de ce qu’il est aujourd’hui. La région des polders, actuellement si fertile, était à peine formée, et d’immenses tourbières, entrecoupées de lacs saumâtres, dont les moers constituaient encore, il y a quelques années, les derniers vestiges, s’étendaient depuis Calais jusqu’au Danemark. Le peuple de cette contrée, aussi sauvage que le pays même, était en grande partie livré à l’idolâtrie. Tel était le pays que saint Bertin et ses compagnons vinrent civiliser au viie siècle. Les missionnaires se bâtirent d’abord quelques cellules sur une petite colline près de la rivière d’Aa, mais cet endroit étant trop restreint, ils se construisirent un second couvent dans une île basse formée par la rivière. Cette île faisait partie du domaine donné à saint Omer par Adroald, puissant seigneur de cette contrée. Telle fut l’origine de la fameuse abbaye de Sithiu et de la ville de Saint-Omer. Saint Mommolin gouverna d’abord le nouveau monastère, mais ayant été appelé à remplacer saint Achaire, évêque de Noyon et de Tournai, saint Bertin lui succéda. C’est sous son administration que l’abbaye devint l’une des plus florissantes de la Neustrie. Saint Bertin mourut, selon les auteurs, à l’âge de cent douze ans et sa mort dut arriver, d’après les calculs du savant Silting, le 9 septembre 709.

Au moyen âge, l’abbaye de Saint-Bertin possédait de grands biens dans les Flandres ; Ostende et Poperinghe, entre autres, faisaient partie de son riche domaine et, sous les comtes de Flandre, l’abbé de Saint-Bertin était un des hauts dignitaires du pays. L’abbaye, après avoir eu des jours de gloire, puis aussi de longues années de deuil et de misères, subsista jusqu’à la révolution française, qui vint renverser ses monuments et ses antiques institutions. M. Guérard, de l’Institut de France, a publié, en 1840, dans la collection des documents inédits sur l’histoire de France, le cartulaire de Saint-Bertin, avec un excellent aperçu historique sur cette ancienne abbaye.

Eugène Coemans.

Act. SS. Sept., II, pp. 549-630. — Mabillon, Act. SS. O. S. B., t. III, pp. 93-150. — Ghesquière, Act. SS. Belgii, t. V, pp. 545-666. — Guérard, Cart. de l’abbaye de Saint-Bertin, in-4o. Paris, 1840.