Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BERTHOUT, Gilles

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BERTHOUT (Gilles) recueillit, en 1304, la succession de l’avouerie, par suite du décès de son frère Jean, mort sans enfants. Malines venait de rentrer sous l’obéissance de Thibaut de Bar, évêque de Liége, et la cour de Rome avait condamné le duc de Brabant à restituer la seigneurie à l’Église de Liége, sous peine d’excommunication. Telle était la situation, quand Gilles ou Égide Berthout entra en possession de son héritage. Il avait perdu son principal appui, le duc de Brabant, et craignait que l’évêque refusât de reconnaître les droits que son devancier et ses ancêtres s’étaient appropriés dans la seigneurie. Sans em- brasser les intérêts de Thibaut de Bar, Gilles se soumit cependant à ce que l’évêque exigea de lui : de son côté, le prélat comprenait qu’il devait ménager son puissant avoué. Pendant les premières années du gouvernement de Gilles Berthout, aucun fait remarquable ne se présente et les documents qui portent son nom n’ont aucune importance historique. Toutefois, il ne négligea pas de s’occuper du bien-être et de l’embellissement de la commune : c’est à lui que l’on dut la construction d’un hôtel de ville. Par suite des changements survenus depuis quelques années dans la seigneurie, ainsi que des différentes dominations qui y avaient été exercées et des prétentions que chacun de ces possesseurs avaient tour à tour élevées, la régularité de l’administration était en souffrance. Aussi Thibaut de Bar et Gilles Berthout réglèrent-ils leurs droits respectifs. Cette fois, c’est l’évêque qui dicte la loi, et Gilles Berthout qui se reconnaît en tout vassal du prélat : il consent à tenir en fief de l’Église de Liége tout ce qu’il possède et possédera dans la seigneurie. Le titre de seigneur de Malines lui est enlevé, et Thibaut l’intitule simplement : Nobilem virum Ægidium dictum Berthout de Malinis.

Malgré sa soumission à l’Église de Liége, Berthout resta dans les meilleurs termes avec le duc Jean II. Ce prince espérait tôt ou tard, par l’influence de son allié, ressaisir son ancien pouvoir dans Malines. Les rapports d’intimité qui existaient entre ces seigneurs sont prouvés par un grand nombre de chartes, relatives au Brabant, où Gilles et son oncle Florent interviennent. Berthout s’appliqua à s’attacher les Malinois. Dans un acte solennel du jour de la Circoncision 1308, il promit aux habitants de la ville que lui et ses successeurs observeraient fidèlement les priviléges et immunités que Thibaut de Bar leur avait accordés. On comprend avec peine comment il ait voulu consentir à signer son acte de déchéance, lui qui allié du Brabant aurait pu compter sur son appui.

D’abord l’esprit des Malinois était en ce moment favorable à l’Église de Liége. Ensuite Berthout se jugeait peut-être trop faible pour embrasser le parti de la résistance ? Le dernier acte que nous possédons de lui est donné le jeudi après l’octave de la saint Martin, l’an 1309. Dans cette charte, il se qualifie simplement : Gilles Berthout, de Malines. Il mourut, sans postérité, le 22 octobre 1310, selon la mémoire qui en est conservée à Saint-Rombaut, où il repose à côté de son frère Jean. Il avait épousé Marie, fille du comte de Loos, qui convola en secondes noces avec Gérard de Diest. Sa succession échut à son oncle paternel, Florent Berthout, seigneur de Berlaer, fils de Gauthier, surnommé le Grand. C’est par ledit Gilles Berthout que finit la première lignée des seigneurs et avoués de Malines.

Emm. Neeffs.