Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BERNAERD, Nicaise
BERNAERD (Nicaise), peintre d’animaux, de fleurs, de paysages, né à Anvers en 1608 mort en 1678. Il appartient à la belle et énergique école de Snyders à laquelle il emprunta la plupart de ses grandes qualités. Il ne resta pas très-longtemps dans son pays natal et se rendit en Italie ; nous ignorons si c’est là qu’on latinisa son prénom sous lequel il est presque exclusivement connu. En effet, les documents français le désignent ordinairement sous le nom de monsieur Nicasius, transformation qui a été cause d’erreurs graves en faisant croire à l’existence de deux personnages distincts, tandis que Nicaise Bernaerd et M. Nicasius désignent le même artiste. D’Italie, Bernaerd se rendit à Paris ; la France lui plut et il l’adopta pour son séjour définitif ; il dut y être fort apprécié, car voici comment Claude-François Desportes, fils du célèbre peintre d’animaux, parle de celui qui fut le maître de son père : « Ce peintre flamand, élève de Snyders, qu’il n’égalait pas en capacité pour les vastes entreprises, ayant travaillé pour Louis XIV, s’était acquis dans son genre une réputation qu’il méritait sans doute à plusieurs égards. Sans inventer ni dessiner d’un aussi grand goût que son maître, il avait fait paraître du génie dans ses compositions, de la correction dans son dessin, de la vie et du mouvement dans les animaux qu’il peignait avec art ; sa touche avait été moelleuse et facile, et son pinceau léger….. » Ajoutons à ce jugement d’un quasi contemporain, que Bernaerd montrait beaucoup de goût dans le paysage, que ses accessoires étaient largement touchés, qu’il avait appris de son maître, dit M. Charles Blanc, « les secrets de sa touche fière et sûre, l’art de caractériser, par le maniement de la brosse, les différentes espèces d’animaux, leurs robes de laine et de soie, leur poil ou leurs plumes, mais, par-dessus tout, le talent d’animer par le contraste des couleurs et la variété des mouvements, ces effrayants combats de bêtes féroces, ces rudes chasses où rugissent les lions, où bondissent les tigres, où le sanglier se débat sous une nuée de chiens haletants et décousus. » De tels éloges constatent le mérite de Bernaerd et font d’autant plus regretter qu’on ait si peu de renseignements sur notre compatriote. En effet, lorsque nous aurons rappelé qu’il travailla pour Louis XIV, qu’il forma le talent de Desportes, un des plus grands peintres d’animaux que la France ait eus, quand nous aurons consigné son entrée à l’Académie de Paris, en 1663, et que nous aurons fait remarquer que son morceau de réception fut un tableau d’histoire, la Chasteté de Joseph, il ne nous restera plusqu’à indiquer la date de sa mort, qui eut lieu en 1678. Quelques écrivains français, parlant de la vieillesse de Bernaerd, alors qu’on plaça chez lui le jeune Desportes, nous le montrent comme n’ayant plus d’autre labeur que celui de boire. Nous nous permettrons de ne pas accepter cette assertion dépourvue de preuves, car l’on sait combien elle a été injustement prodiguée aux artistes flamands. Le pauvre Nicasius, comme on l’appelait à Paris, était alors déjà vieux, infirme et vivait, dit le fils de Desportes, dans un état voisin de la misère. Cet écrivain attribue la triste position du peintre à son goût pour la boisson. C’est possible. Nous ferons cependant remarquer que si notre Flamand s’était dégradé, sa vie durant, par l’ivrognerie, il n’aurait pu être employé par Louis XIV ; il n’aurait surtout pas, lui étranger, été admis à l’Académie de France, alors qu’il était déjà âgé de cinquante-cinq ans ; enfin, quoique M. Desportes fils donne à entendre que son père ne s’instruisit guère chez Nicasius, il n’en est pas moins certain que François Desportes n’eut point d’autre maître et que ses œuvres trahissent, malgré les influences si diverses de l’esprit et du pays, les leçons du peintre flamand. M. Charles Blanc, dans son Histoire des peintres, est plus juste et rend hommage à l’influence que les leçons de Bernaerd exercèrent sur le talent de Desportes. Le musée du Louvre possède de l’artiste flamand deux tableaux, des Oiseaux et des Quadrupèdes. Au musée de Dijon, l’on voit de lui un panneau très-bien composé, espèce de dessus de porte représentant un combat de chiens et de chats.